Dans 20 ans, nous tenterons d'expliquer à nos enfants comment on s'embrassait, comment on se tenait par la main où on se frôlait sans crainte.
Nous tenterons de leur dire comment en quelques mois, la propagande de la peur a fait germer en nous le soin de nous tenir à l'écart, comment nous sommes peu à peu rentré·e·s au dedans de nous-mêmes.

Il y avait pourtant celles et ceux qui bravaient le danger ; qui étaient là, ensemble, présent·e·s pour sentir les émotions dans les regards et les corps qu'aucun écran ou casque de réalité ne saurait jamais incarner.
Des artistes, un spectacle, du public. Comment leur transmettrons-nous ce qui se cache dans l'épaisseur de ces mots ?
Il nous en faudra du talent d'orateur·trice. Et eux·elles, de l'imagination.

Ces dernières semaines, être public est devenu un acte courageux et marginal.
Celui de lutter dans des espaces de plus en plus contraints pour nouer des liens dans la présence, 
S'arracher au confort protecteur du divertissement à la demande,
Quitter le cocon connecté qui nous rend accessible à tout sauf l'inconnu, la rencontre fortuite avec lui, avec elle, l'insolite que l'algorithme ne saura sélectionner pour moi dans la grande vitrine numérique.

Être public, ce n'est plus seulement s'éprouver ensemble face à une œuvre.
C'est refuser de se glisser dans la société de l'isolement et de la procuration. 
Les résistants face à cette désintégration sociale : c'est vous tous·tes. 
Grâce à vos actes, vos présences quotidiennes et votre volonté d'aller au devant, nous pourrons raconter d'autres histoires à nos enfants.
Dans 20 ans, nous leur dirons comment, face au système paralysé par la protection ultime de ses privilégiés, nous aurons réussi à infiltrer, ramifier, regrouper et construit les alternatives joyeuses de nos futurs communs.

Cela a déjà commencé.

Pour la rentrée, accueillons le dehors !

Nous sommes très heureux de vous retrouver, plus décidé·e·s que jamais, et vous souhaitons une très belle saison 2020-21.