Il l’avait promis, il l’a fait. Lundi, Donald Trump a décidé d’imposer des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium que les Etats-Unis importeront à partir du 12 mars. Immédiatement, l’Union européenne (UE) et la Chine ont protesté et promis des mesures de rétorsion. La guerre commerciale bat son plein. Et la Suisse dans tout cela? Le cas de l’acier est particulièrement intéressant. La décision du président américain a été l’occasion de s’interroger sur le même droit de douane qu’il avait décrété… en 2018, lors de son premier mandat. Sous l’administration Biden, l’UE était parvenue à le faire annuler. Mais à Berne, le Conseil fédéral n’a abouti à rien, comme l’a déploré Rahul Sahgal, le directeur de la Chambre de commerce Suisse–Etats-Unis. Résultat, ce tarif douanier est toujours en vigueur, malgré une première victoire de la Confédération auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre d’une procédure désormais au point mort. La bonne nouvelle est que l’annonce de lundi ne change pas grand-chose pour les Swiss Steel et autres Stahl Gerlafingen. La mauvaise est que cette situation démontre la faiblesse des petits pays face aux superpuissances. Pire, comme le relève avec perspicacité mon collègue Christian Affolter, la Suisse se retrouve entre le marteau (américain) et l’enclume (européenne). En effet, en 2019, à la suite des premières mesures prises par Washington, Bruxelles avait fixé des quotas d’importation d’acier qui s’appliquaient aussi aux produits «Swiss made». Or, ces mesures sont non seulement toujours en vigueur, mais elles ont été prolongées l’an dernier jusqu’en 2026. Alors, que faire? «If you can’t beat them, join them», dit l’adage. Rassurez-vous, je ne lance pas un appel à adhérer à l’UE (ni à rejoindre les Etats-Unis). En revanche, le Conseil fédéral aurait tout intérêt à suivre Bruxelles dans un autre dossier, celui de la réglementation de la durabilité. Le 26 février, Ursula von der Leyen détaillera le projet Omnibus, un drôle de mot pour ce plan qui promet d’aller à l’essentiel. Pressée par Mario Draghi et par Donald Trump, la Commission prévoit de simplifier les règles de durabilité, qui portent les doux noms de CSRD ou CS3D. Ces directives visent des buts justifiés, comme la préservation de l’environnement, mais au prix d’une lourdeur administrative qui pèse sur la compétitivité de l’UE. La Suisse n’a pas encore décidé comment elle tiendra compte de ces règles européennes. Une série d’acteurs, pas seulement financiers, appelle le Conseil fédéral à éviter un «Swiss finish» qui pénaliserait l’économie helvétique, révèle mon collègue Pascal Schmuck. D’autres, à l’instar de la fondation Ethos, demandent toutefois à ne pas exempter les sociétés cotées de tout effort. Nous verrons ce que proposeront les sept Sages. Cette semaine, nous attendions les résultats 2024 de Nestlé. Le géant de l’alimentation traverse une mauvaise passe. Il a brusquement changé de CEO l’été passé, en nommant Laurent Freixe à la place de Mark Schneider. La mission du Français: relancer la machine «coûte que coûte», écrit Sophie Marenne dans son éditorial. Il est vrai que les ventes reculent et que l’on attend d’autres moteurs de croissance que les capsules de café estampillées Starbucks, les barres KitKat ou les croquettes Friskies. L’inflation de ces dernières années a fait mal au porte-monnaie des consommateurs et aux recettes d’un groupe qui n’est plus la première capitalisation européenne, ni même helvétique. Pour sa première présentation des chiffres, Laurent Freixe a plutôt convaincu. En outre, il n’a pas annoncé de mauvaise nouvelle, ce qui en soi n’est déjà pas si mal au regard des derniers exercices ou des controverses dans lesquelles Nestlé a été impliqué récemment. La copie est donc «prometteuse», poursuit ma collègue. Les investisseurs aussi ont applaudi. Jeudi, le cours de l’action a bondi d’environ 6%, une hausse d’une ampleur inhabituelle pour ce titre dont la valeur a chuté de 30% au cours des trois dernières années. Dans la banque, les affaires vont plutôt bien. Pictet impressionne par la progression de son bénéfice (+15%), une des plus fortes hausses du secteur jusqu’à présent, même si son résultat d’exploitation est resté stable. Ses avoirs sous gestion ou en dépôts ont atteint un nouveau record à 724 milliards de francs. Lombard Odier, sa rivale de la Corraterie (qui déménagera bientôt à Bellevue), a elle aussi annoncé des actifs totaux en progression, à 327 milliards. Cependant, son bénéfice net a reculé de près de 20%, pénalisé par la baisse des taux d’intérêt et des charges liées au déménagement dans le nouveau siège. Le plus surprenant est toutefois venu de la Banque cantonale vaudoise (BCV). Non pas le recul de son bénéfice, qui reste le deuxième meilleur de son histoire, ni la hausse de son dividende qu’apprécieront ses actionnaires, canton en tête. Non, la surprise tient à une exigence supplémentaire et soudaine de la Banque nationale (BNS) qui a forcé l'établissement cantonal à étoffer ses fonds propres de 700 millions, limitant sa capacité à accorder des crédits, notamment aux entreprises. La BNS n’a pas encore fourni d’explication. Affaire à suivre. |