Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 16 octobre 2024 | |
|
|
L'EDITO | Opella, un géant (presque) américain | | par Béatrice Mathieu Grand reporter @beatricemathieu Il aura suffi d’un weekend pour que l’affaire Sanofi et la possible cession de plus de 50% du capital d’Opella, la branche grand public du géant français, au fonds d’investissement CD&R, se métamorphose en bourbier politique pour le gouvernement Barnier. Depuis la fin de semaine dernière, parlementaires et chefs de partis de tous bords se relaient pour dénoncer une vente qui menacerait directement notre sécurité nationale. « Une honte » et « encore un symbole de notre perte de souveraineté », a déclaré Fabien Roussel (PCF). « La vente à la découpe de la France se poursuit », a lancé Jordan Bardella (RN). Le spectre de la vente d’Alstom à l’Américain General Electric ou celle des aciéries de Floranges à ArcelorMittal flotte sur la petite boîte jaune. Comme un nouveau traumatisme national, symbole d’une désindustrialisation sans fin du pays. Derrière cette affaire politique, économique et financière, apparaît une réalité crue : le centre de gravité de Sanofi et de sa branche grand public (qui compte plusieurs dizaines de médicaments) n’est plus, depuis longtemps, en France. Certes, le Doliprane reste le médicament le plus vendu dans l’hexagone et il représente plus de 80% du chiffre d’affaires d’Opella en France. Des investissements de près de 20 millions d’euros ont été réalisés cette année sur le site de Lisieux pour en faire « l’usine de fabrication de Doliprane la plus compétitive au monde », soutient la direction de l’entreprise. Curieuse affirmation puisque les petites boîtes jaunes ne sont fabriquées qu’en France et uniquement pour le marché tricolore. L’hexagone représente aujourd’hui à peine 8% des ventes totales d’Opella dans le monde. Une (grosse) goutte d’eau... De fait, les Etats-Unis sont de loin le premier marché de l’entreprise, avec près de 25% de son chiffre d’affaires total. La filiale de Sanofi en a fait un axe essentiel de son développement en rachetant l’an passé pour près d’un milliard d’euros, Qunol un des leaders américains des vitamines et des compléments alimentaires. Ironie de l’histoire, l’usine de Compiègne – l’une des deux usines d’Opella en France – a même été approuvée par la FDA – la Food and Drug Administration, l’agence américaine chargée de l’autorisation de commercialisation des médicaments. Un sésame obligatoire pour espérer vendre un produit aux Etats-Unis. De fait, le site de Compiègne exporte déjà près de 70% de sa production dans près de 150 pays et notamment outre-Atlantique. « On peut craindre qu’une grande partie des investissements de la future entité se fassent hors de France et notamment aux Etats-Unis », constate un proche du dossier. De là à manquer de Doliprane un jour ? "Cela n'aurait aucun sens économique et industriel de se séparer des deux sites français", promet la direction d'Opella. Chez Upsa, l’autre fabricant tricolore de paracétamol avec le Dafalgan et l'Efferalgan, on regarde tous ces débats avec étonnement. "A aucun moment, il n’est dit que d’autres acteurs existent en France. Or, nous sommes le premier producteur de médicaments à base de paracétamol avec une capacité de 450 millions de boites par an", explique Laure Lechertier, directrice de l’accès au marché d’Upsa. Une production en grande partie exportée. En cas de pénurie, Upsa pourrait réorienter ses ventes vers le marché français. Le laboratoire l’a déjà fait par le passé lorsque Sanofi a fait défaut sur le doliprane pédiatrique. UPSA avait alors réorienté sa propre production de paracétamol pédiatrique vers l’hexagone. Pas sûr que cette promesse suffise à faire retomber les inquiétudes. Ni taire la polémique. | |
| | |
|
|
| Les articles ne pas rater |
|
|
| |
| Télécharger l’application L’Express sur votre mobile | | |
| |
| | | Vous êtes inscrit(e) à la newsletter 13h Éco, si vous ne souhaitez plus la recevoir, cliquez sur ce lien. Conformément à la législation en vigueur vous bénéficiez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des informations qui vous concernent. Pour l'exercer, consultez notre Politique de protection des données personnelles. Cet e-mail contient des scripts destinés à l'analyse statistique sauf opposition de votre part, cliquez sur ce lien | |
|
|
|