« Anxieux, rebelle, moralisateur », ce sont trois mots que m’attribue en commentaires bienveillants l’un de mes lecteurs assidus…
Je reviendrai peut-être sur les deux premiers qualificatifs, je voudrais m’arrêter un instant sur le troisième, à la lumière de mon interprétation du livre « Le capitalisme est-il moral ? » d’André Comte-Sponville.
Voici une illustration concrète de l’article qui suit, et vient la question de la place du moralisateur. Supposons que j’invente un nouveau procédé génial d’intelligence artificielle (en ce moment, c’est la mode). Je peux me poser des questions selon quatre ordre…
❓ Question d’ordre 1 : est-ce que cela va rapporter de l’argent à mon entreprise ?
Selon ma compréhension du modèle d’André Comte-Sponville, cette question émane de l’ordre economico-techno-scientifique.
❓ Question d’ordre 2 : comment cette innovation entre-t-elle dans le cadre de la loi ?
Cette question-là vient de l’ordre juridico-politique.
❓ Question d’ordre 3 : est-ce bien ou mal de déployer cette innovation ?
Nous sommes ici dans l’ordre moral, qui relève aussi du devoir.
❓ Question d’ordre 4 : cet outil génial nourrit-t-il l’amour entre les humains ?
Toujours selon Comte-Sponville, la question émerge de l’ordre éthique.
« Ecoutons la voix de la morale » avait lancé mon prof de français et d’histoire en classe de cinquième. A l’époque, cela m’avait vexé. Imaginez le regard des copains. Plus tard, un grand frère philosophe m’a également souligné, ce que je prenais pour un travers, que j’avais une tendance à « moraliser ».
Mon lecteur bienveillant m’a plutôt encouragé à assumer. Il a ajouté que mes publications semblaient mettre en exergue que « j’ai une réponse à tout ». Cette impression est bien sur fausse, puisque je suis, comme le fou du roi, observateur et questionneur du réel mais je ne gouverne pas. Le fou du roi est utile, je pense, car il empêche le roi d’aller trop loin dans le « je me prends au sérieux ».