Je pensais que la votation sur l’extension des autoroutes passerait comme une lettre à la poste, tant nous aimons notre voiture et détestons les bouchons. Or voilà que les derniers sondages publiés cette semaine annoncent un scrutin très serré. Bien sûr, la gauche est contre, et la droite est pour. Les deux camps ont pourtant raison, mais les premiers à long terme, et les seconds tout de suite, comme je l’explique dans un éditorial. Un refus reviendrait à actionner un frein au développement. La Suisse décroissante? Après la pénurie de logements, faute de construction, la sclérose de la mobilité nous guette, faute de route. Et les professionnels du transport routier (qui acheminent l’essentiel de notre ravitaillement, ne l’oublions pas) s’en désolent, comme mon collègue Jérôme Ducret l’a très bien raconté. Un autre poids lourd de l’économie doit aussi se garder de ne pas rouler du bon côté. Je veux parler du secteur bancaire. Cette semaine, le Conseil fédéral a approuvé la nouvelle feuille de route (sic!) de l’Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma). Valable pour les années 2025 à 2028, elle fixe de nouvelles priorités bien différentes de celles de la période précédente. L’importance de la finance durable? A la poubelle. La compétitivité et l’innovation? On s’en passera. A la place, la Finma doit se concentrer sur la stabilité de la place, a relevé avec perspicacité notre correspondant à Zurich Pascal Schmuck. Jusqu’à présent, je n’étais pas vraiment sûr que la Finma serrait la vis sur les banques. J’en ai maintenant la preuve. Ce qui m’a toutefois surpris, c’est que le Conseil fédéral approuve un document d’une importance stratégique aussi cruciale alors que la commission d’enquête parlementaire sur la chute Credit Suisse devrait rendre ses conclusions d’ici la fin de l’année. Cette feuille de route sans autoroute, alors que la disparition de l’ex-numéro deux bancaire continue de peser sur le financement de l’économie, méritera alors sans doute d’être revue. Complètement? Impossible de faire le bilan de la semaine sans évoquer Elon Musk. Le formidable – et très clivant – entrepreneur prendra la codirection d’un ministère de l’«efficacité gouvernementale», que créera Donald Trump à son retour à la Maison-Blanche en 2025. Le fondateur de Tesla promet des coupes budgétaires gigantesques, amputant les dépenses du gouvernement fédéral de 2000 milliards de dollars, sur un total de quelque 7000 milliards. L’administration américaine est souvent critiquée pour sa lourdeur, qui se lit dans le recul des Etats-Unis au classement de l’IMD de la compétitivité des pays, relégués au 34e rang de l’efficacité gouvernementale, là où la Suisse occupe le 1er. Nous verrons si Elon Musk parviendra à réinventer le travail des fonctionnaires comme il l’a fait avec celui des constructeurs automobiles. Une question importante devra cependant être tranchée. Pourra-t-il conserver toutes ses entreprises? A l’instar de sa société SpaceX, avec qui la Nasa a passé des contrats pour plus 2 milliards de dollars. Un beau conflit d’intérêts en perspective. Deux dernières remarques avant de vous laisser. Que fera la Suisse face à une nouvelle administration Trump très pro-crypto, bitcoin en tête? Sophie Marenne propose quelques idées afin que la place financière helvétique conserve l’avance acquise ces dernières années (lorsque la Finma regardait aussi vers le futur). Enfin, relevons le retour en Bourse pas comme les autres de Sunrise. Un retour qui n’a toutefois pas (encore) enthousiasmé les foules. |