Emmanuel Macron a fini par trouver un premier ministre. A Michel Barnier maintenant de gouverner sans majorité parlementaire pour soutenir son action. Beaucoup a déjà été écrit sur les talents de négociateurs de l’ancien commissaire européen (cf l’épineux dossier du Brexit) et sur sa longue carrière expérience politique en France. Il en aura bien besoin pour éviter d’être renversé par les motions de censure qui ne manqueront pas de s’abattre sur lui. Si la nomination à Matignon du Savoyard de 73 ans a convaincu le Rassemblement national (faiseur de roi à l’Assemblée nationale), c’est que le parti d’extrême droite pourrait s’entendre avec lui. Non seulement sur le sujet de l’immigration, mais sur le rôle de l’Etat. En bon gaulliste, Michel Barnier défend un étatisme certain et critique à l’envi l’ultralibéralisme (essentiellement imaginaire) de l’Union européenne. Pour les Français, le prix à payer d’une stabilité politique toute relative sera donc élevé, car les politiques du repli n’enrichissent personne. A l’inverse, la Suisse continuera de rester une terre d’accueil pour les entrepreneurs en mal de liberté. De la stabilité, il en faudrait aussi chez Logitech. Le champion suisse de la tech a en effet passé une mauvaise semaine. Lors de l’assemblée générale annuelle, Daniel Borel, cofondateur et toujours actionnaire, a tenté de renverser la présidente. Mais cela n’a pas suffi à faire tomber Wendy Becker. A vrai dire, sa réélection ne faisait guère de doute. Les investisseurs institutionnels, qui pèsent lourd dans l’actionnariat de Logitech, ne semblaient pas prêts à voter contre l’Américaine. D’autant que les chiffres sont plutôt bons. Cependant, l’entrepreneur pose de bonnes questions, par exemple sur les conflits d’intérêt qui auxquels s’expose Wendy Becker en cumulant la présidence de Logitech avec la vice-présidence du concurrent Sony. Sa réélection avec non pas 96% des voix comme l’an passé, mais seulement 86%, soit le plus mauvais résultat des 42 ans d’existence du groupe, montre que Daniel Borel n’est pas le seul à avoir des doutes. Il est donc grand temps que la confiance revienne, et avec elle un peu de sérénité. La présidente a annoncé son retrait dans une année, le processus pour la remplacer sera donc crucial. Sans transition, quelques lignes sur Flowbank, la néobanque mise en faillite sur décision de la Finma en juin. Vous vous en souvenez peut-être, l’établissement genevois avait attaqué «L’Agefi» en octobre dernier pour censurer plusieurs articles qui faisaient état de ses difficultés. La justice genevoise avait, contre toute attente, accepté de priver le public d’informations importantes pendant huit longs mois. Aujourd’hui, les clients n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, comme le rapporte Sophie Marenne qui a pu retourner dans les bureaux désertés de Pont-Rouge. Elle y a rencontré le liquidateur et les équipes en charge de la fastidieuse procédure de faillite. Ils lui ont malgré tout transmis un message d’espoir. Et avant de se quitter, trois dernières recommandations de lecture. Je vous invite tout d’abord à découvrir L’Epée 1839. La vie de cette étonnante manufacture jurassienne d’horloges (fondée il y a donc 185 années par Auguste L’Epée) a changé – pour son bien – depuis son rachat par le géant du luxe LVMH. Stéphanie Giroud a eu la chance de rencontrer son CEO Arnaud Nicolas, dans les coulisses du salon Geneva Watch Days. Ensuite, une bonne nouvelle qui pourrait en devenir une mauvaise. L’inflation décélère… mais attention aux effets secondaires d’une hausse des prix trop faible. Enfin, le groupe d’experts chargé par le Conseil fédéral de rétablir l’équilibre des finances de la Confédération a proposé 60 idées d’économies hétéroclites, qui font hélas écho au manque de clarté et de vision du gouvernement. |