Est-ce que vous aussi, vous êtes dans les starting-blocks pour demain ? Depuis plus de deux ans qu’on attendait cette nouvelle ! Lundi 16 mai 2022, avec la fin du masque obligatoire dans les transports, partout en Europe, c’est la mort des mesures anti-Covid « visibles » qu’on nous annonce. Dans les trains, les métros, les taxis, les avions, de nouveau, on verra les narines, les dents, le menton des gens. Youpi, non ? Sauf qu’en fait, c’est plus compliqué que ça.
À la rédaction, j’ai déjà remarqué que depuis que les masques ne sont plus obligatoires dans les bureaux, c’est limite si on n’en voit pas davantage. Dans le métro à Paris, les rares passagers qui avançaient le visage nu vendredi, à trois jours de la fin de l’obligation, étaient regardés sévèrement. Un de mes copains, immense râleur devant l’éternel, m’a surprise, en s’époumonant contre cette liberté retrouvée. Le même, quand le passe sanitaire a été mis en place, hurlait « Foutez nous la paix, l’âge médian des morts est de 84 ans !». Hier soir, il m’a expliqué doctement « Ca redémarre partout en Asie, ils sont malades de lever le port du masque !».
Je vois ça et je m’interroge : qu’est-ce que raconte notre propension collective à râler, tout le temps et partout ? Est-ce seulement une défiance contre les institutions, l’Europe, Macron, le gouvernement, les médecins qui nous regardent de haut, que sais-je ? Est-ce juste un truc de gaulois réfractaires à tout sauf à la rigolade (Je ne me souviens pas que la fin du passe sanitaire obligatoire dans les bistrots ait soulevé autant de réserves). Est-ce un attachement à ces masques qu’on a attendus pendant des mois, comme autant de grigris avec lesquels on a pris l’habitude de vivre, les narines bien au chaud ? Pour ma part, je sais que ça va me prendre des semaines, à retrouver des masques froissés dans tous mes sacs, à me sentir à poil quand je vais rentrer dans le métro en sentant un courant d’air sur mes joues, et surtout à me dire qu’après les kilos du confinement, c’était quand même pas mal, de s’emballer le double menton, ni vu ni connu. J’ai été vaccinée un million de fois, j’ai eu le Covid cent fois, donc je n’ai pas peur de cette maladie. Ce qui m’embête le plus aujourd’hui, c’est cette idée que la fin du masque, pour moi, ça signifie surtout la fin des frites. |