Neuf mois de bras de fer, 197 séances de négociation, 150 autres de consultation. Et au final… les objectifs ont été «atteints»! C’est pourtant avec des têtes d’enterrement que les conseillers fédéraux Cassis, Parmelin et Jans sont venus vendredi présenter les nouveaux accords entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Mon collègue Christian Affolter pointe avec raison ce manque d’enthousiasme, qui risque de faire échouer ces textes sensés stabiliser et développer les échanges avec notre premier partenaire commercial. Hier matin dans nos colonnes, le professeur d’économie Aymo Brunetti rappelait qu’«il est crucial de maintenir un accès privilégié au marché européen». Pourtant, le gouvernement n’a guère évoqué l’ambition qui a guidé sa démarche ou sa vision d’avenir pour le pays, préférant se concentrer sur les points techniques. Or en la matière, l’UE est la championne du monde! Elle réglemente à tout va, quand le reste de la planète innove et se développe. Pour paraphraser Friedrich Hayek, ces accords conclus entre Berne et Bruxelles nous entraînent-ils sur une nouvelle route de la servitude? Je réserve encore ma réponse car le sujet est d’importance. L’Agefi s’efforcera de prendre la mesure du potentiel des bilatérales III en les analysant en détail, car il me paraît tout de même exagéré de conclure, comme le fait déjà l’UDC, qu’il s’agit d’une soumission. L’autre grand sujet de la semaine, c’est évidemment le rapport de la commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la débâcle de Credit Suisse. Hier matin, le groupe d’élus présidé par Isabelle Chassot a publié un grand nombre de détails intéressants, notamment chronologiques, sur cette affaire. Certes, les quelque 570 pages ne contiennent pas de révélations explosives, mais elles permettent de répondre à la plupart des 15 questions importantes que nous nous posions. Le gendarme des banques, la Finma, a sa part de responsabilité. La Banque nationale suisse (BNS) n’est pas non plus exempte de reproche. Enfin, le Conseil fédéral apparaît comme incapable de gérer une telle crise, note Jonas Follonier dans son commentaire. Le collège gouvernemental ne semble pas avoir été en mesure de débattre en profondeur des réponses à apporter aux difficultés existentielles d’une banque systémique, par manque d’information, voire d’intérêt. Résultat, alors que d’autres solutions aux problèmes de Credit Suisses auraient pu être trouvées, la Suisse ne compte désormais plus qu’une seule banque globale, UBS. Or c’est sur ce point que la CEP apporte des éléments pour le moins surprenants. La commission émet 20 recommandations qui visent à prévenir une nouvelle crise de ce type. Plutôt que de permettre à la banque aux trois clés de servir l’économie suisse, très ouverte sur le monde comme on le sait, les parlementaires proposent de la corseter. Ils souhaitent par exemple que la majorité des membres de son conseil d’administration réside en Suisse pendant au moins 10 ans. En quoi est-ce réellement une garantie de bonne gestion ou de responsabilité à l’égard des contribuables? C’est la compétence, non la nationalité ou le lieu de résidence, qui devrait primer. Rappelons d’ailleurs que la plupart des derniers présidents de Credit Suisse détenaient le passeport rouge à croix blanche. Ces deux grands dossiers ne sauraient éclipser le reste de l’actualité de la semaine. Et sûrement pas la décision inédite prise mardi par le Parlement d’accorder un soutien financier aux entreprises sidérurgiques . Un dangereux précédent, comme je l’écris dans mon éditorial. Mes propos ont trouvé un écho dans cette même interview du très écouté professeur Aymo Brunetti: «En subventionnant une branche en déclin, on empêche le processus important de restructuration économique.» Terminons cette dernière infolettre de l’année par un sujet qui préoccupe, à juste titre, l’ensemble de la population: le montant des primes d’assurance maladie. Cette année, le peuple a refusé de les limiter à 10% du revenu. Je ne vais pas revenir sur cette votation, mais sur les conséquences d’un tel dispositif. Il est possible de les observer dans le canton de Vaud, qui applique un tel plafond. Ma collègue Nathalie Praz raconte le poids croissant de cette limite sur les finances cantonales. Un point fait particulièrement débat: les subsides accordés aux personnes qui ont volontairement limité leur revenu en décidant, par exemple, de travailler à temps partiel. Peuvent-elles demander à la collectivité de financer leur choix de vie? Voilà une question intéressante. N’hésitez pas à m’envoyer votre réponse. En attendant, je vous remercie pour votre fidélité et vous souhaite d’excellentes fêtes ainsi qu’une bonne année 2025. |