La semaine crypto Investir Mercredi 11 octobre 2023
 
 
 
 
La Conviction de la rédaction
 
Bitcoin n'est pas privilégié par les terroristes, mais pas d’angélisme
 

Les cryptomonnaies servent-elles à financer le terrorisme ? Après la récente attaque du Hamas en Israël, la question revient sur le devant de la scène. Selon les chiffres provisoires du cabinet d’analyse Chainalysis, les transactions illicites sur les blockchains représentaient 0,24% des échanges en 2022. Parmi celles-ci, le financement du terrorisme était tout à fait marginal.

Cependant, le même rapport l’année précédente notait que la quasi-totalité de ces échanges impliquaient le Hamas (Brigades Al-Qassam). « Avec le déclenchement de la guerre, l’organisation terroriste du Hamas a initié une campagne de collecte sur les réseaux sociaux, invitant le public à des dépôts en cryptomonnaies sur ses comptes, selon une déclaration de la police israélienne rapportée par Reuters, mardi. L’unité cyber de la police et le ministère de la Défense ont immédiatement agi pour localiser et geler ces comptes, avec l’assistance de la plateforme d’échanges Binance. »

Il n’est pas précisé combien de comptes sont concernés. En mai, Israël avait déjà annoncé avoir saisi 190 comptes appartenant au Hamas ou à Daesh sur Binance depuis 2021. L’organisation terroriste implantée sur le territoire palestinien avait même annoncé abandonner la collecte de fonds en cryptomonnaies à peu près au même moment, citant des « préoccupations pour la sécurité des donateurs ».

Un anonymat fragile

Lorsque les échanges ont lieu sur une plateforme centralisée, telle que Binance, ils sont facilement traçables et l’identité des donateurs comme des bénéficiaires peut être retrouvée. Quand ils ont lieu directement sur la blockchain, sans intermédiaire, c’est potentiellement le cas aussi, particulièrement avec Bitcoin. Car la technologie repose sur un livre de compte ouvert et consultable par n’importe qui. Si les noms ne sont pas connus, l’historique des échanges l’est. Il est ainsi possible de retrouver l’identité d’une personne en croisant les informations, ou alors d’interdire aux plateformes centralisées d’accepter ses jetons. On ne peut donc pas dire que les cryptomonnaies ne servent pas au financement du terrorisme, mais c'est loin d'être un moyen d'échapper aux autorités.

Tracfin note pourtant que « le recours aux cryptoactifs constitue un nouveau vecteur de financement du terrorisme djihadiste ». Par ailleurs, les NFT et d’autres cryptomonnaies que le bitcoin garantissent un anonymat plus grand et peuvent tout à fait échapper au radar des analystes ou des autorités. Notons, cependant, que l’exemple donné par Tracfin (zone turco-syrienne) montre que la trace des acteurs a pu être retrouvée malgré tout et que des intermédiaires demeurent nécessaires. 

Si l’on parle de financement du terrorisme par cryptomonnaies, il ne faut pas nier le phénomène, mais il semble essentiellement circonscrit au Hamas et reste moins anonyme qu’une valise de billets verts (mais plus rapide). Bitcoin n’est pas vraiment à blâmer, cependant il vaut peut-être la peine de se préoccuper d'autres actifs numériques.

Rémy Demichelis

 
 
 
 
 
 
Le graph de la semaine
 
Halving en vue

La remontée du cours du bitcoin au-delà des 27.000 $ laisse espérer que se dessine déjà le marché haussier tant attendu avec le halving (division régulière par deux de la récompense attribuée aux mineurs pour la mise à disposition de leur puissance de calcul). Le prochain événement de ce type est prévu pour le 17 avril 2024, et les précédents ont été annonciateurs d’une ascension. Mais le propre du bitcoin n’est-il pas d’être imprévisible ?

 
 
 
 
 
 
 
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