La crypto-sphère est en effervescence. BlackRock, Fidelity, Invesco, etc., sont sur les rangs pour commercialiser un ETF bitcoin. Nombreux sont donc ceux qui, se rappelant la trajectoire de l’or physique après l’introduction des premiers ETF or, anticipent une envolée du prix de « l’or numérique ». D’autant que le « halving », qui a coïncidé avec une forte appréciation du prix lors des précédents cycles, est en ligne de mire. Faut-il pour autant se précipiter ? Certainement pas.
En revanche, il est urgent pour tous les investisseurs – maintenant que le cadre règlementaire est plus clair, que les prestataires sur actifs numériques se sont institutionnalisés et que le bitcoin devient accessible au grand public – de formaliser une thèse de (non-)investissement. Pourquoi et comment doivent-ils (ou pas) s’exposer à cet actif d’un nouveau genre ?
Un investisseur peut avoir intérêt à introduire un nouvel actif risqué dans son portefeuille pour deux raisons : dynamiser sa performance et/ou diversifier ses risques. Dans les deux cas, cela nécessite d’identifier les déterminants de sa performance de long-terme. Pour quelles raisons les primes de risque associées à ces facteurs sont-elles susceptibles de persister dans le futur ? Car rappelons-le, si la performance passée du bitcoin est impressionnante, c’est d’abord et avant tout son potentiel futur qui importe. Par ailleurs, ces primes de risque sont-elles différentes de celles que l’on trouve dans les classes d’actifs traditionnels ? Peuvent-elles conserver leur pouvoir diversifiant, en particulier si l’actif fait l’objet d’une adoption massive ? Force est de constater que le manque d’historique et l’absence de compréhension fine des ressorts de la performance du bitcoin rendent difficile, du moins pour le moment, son intégration dans un portefeuille en tant que complément (nouvelle classe d’actif).
Néanmoins, il est possible de le considérer comme un supplément (électron libre) et de contrôler le risque relatif (la fameuse « tracking error ») qu’il génère par rapport à l’allocation stratégique définie avant son introduction. Le bitcoin pourrait ainsi représenter jusqu’à 10% d’une allocation optimale pour les investisseurs les moins averses au risque, sachant que 1% d’exposition au bitcoin génère en moyenne entre 1% et 1,5% de risque relatif. Une belle perspective pour cet actif né il y a tout juste 15 ans.
Mathieu Vaissié, PhD, CAIA, Ginjer AM