BuzzFeed News : la fin d'un mirage ? La semaine dernière, BuzzFeed annonçait la fermeture de BuzzFeed News, « le plus célèbre et imaginatif des nouveaux médias », pour reprendre la formule de Philippe Escande, l'éditorialiste économique du Monde. « L'Internet des années 2010 prend fin. BuzzFeed News était plus qu'un site web : il a défini une époque », renchérissait The Atlantic. Née en 2011, avec l'émergence des réseaux sociaux, la division consacrée à l'information disparaît donc, faute de modèle économique tenable. Autopsie d'une chute. Une identité floue « Nous réduisons nos effectifs d'environ 15% aujourd'hui... et nous entamons le processus de fermeture de BuzzFeed News », déclarait ce jeudi 20 avril Jonah Peretti, à la tête du groupe – composé également du HuffPost, de Complex Networks et Tasty. « J'ai été trop lent à admettre que les grandes plateformes Internet ne fourniraient pas la distribution et les finances nécessaires pour soutenir un journalisme de qualité gratuit et conçu pour les réseaux sociaux », admettait-il admis. Pour le NiemanLab, « le public semblait toujours avoir du mal à distinguer BuzzFeed News, lauréat d'un prix Pulitzer, de BuzzFeed vidéos de chats », En effet, le site proposait un mariage étonnant entre contenus divertissants, grands pourvoyeurs de clickbait, et une section d'information de haut niveau (qui s'est réduite peu à peu) animée par des journalistes d'expérience. BuzzFeed News avait ainsi remporté le prix Pulitzer en 2021 pour une enquête de Megha Rajagopalan sur les camps de rééducation des Ouïgours en Chine. Une dépendance trop forte aux réseaux sociaux« Cette jeune entreprise excentrique (...) était devenue la proie de l'économie pénalisante de l'édition numérique », constate le New York Times. En 2017, BuzzFeed recevait plus de 50% de son trafic des plateformes – ce qui l'exposait à des chutes de trafic à chaque changement des algorithmes. Pour Hillary Frey, rédactrice en chef de Slate, cette disparition résulte bien d'une dépendance trop forte à l'égard des plateformes technologiques : « Les vieux trucs de trafic ne fonctionnent plus – ce qui fonctionne, c'est l'excellence du travail et le fait de servir un public qui vous aime tellement qu'il est prêt à payer pour vous, observe-t-elle. En fait, cela a toujours été le cas pour le journalisme. Avec le recul, les années 2010 n'ont été qu'un détour, pas la nouvelle voie à suivre. » Ceux qui s'en sortent le font par un travail sur leur page d'accueil et la curation, et non par la distribution sur Facebook ou Twitter. « BuzzFeed News est mort, mais à qui la faute ? À Facebook & co qui ont entraîné dans le mur toute l'industrie journalistique depuis une décennie avec leurs mirages d'audience facile », abonde l'expert des médias Maxime Loisel.Jonah Peretti assure avoir retenu la leçon puisque, désormais, ses efforts en matière d'information se concentreront sur le HuffPost, « une marque qui est rentable et dont l'audience est très engagée et fidèle, moins dépendante des plateformes sociales ». | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Les annonceurs sont de plus en plus nombreux à s'intéresser aux rubriques verticales sur le climat et la durabilité, d'après Digiday. Time, Vox, le Financial Times et d'autres éditeurs qui ont élargi leur couverture du climat au cours des deux dernières années ont constaté une augmentation de leurs recettes publicitaires. Environ 20% des recettes publicitaires de Time sont générées par la couverture et les activités de l'éditeur en matière de développement durable. De son côté, le Financial Times a fait état d'une augmentation de 9% des recettes publicitaires de sa verticale sur le climat par rapport à 2021. Le Washington Post déclare de son côté que sa couverture du climat a donné lieu à d'importants partenariats publicitaires. Pourquoi c'est un pavé ? Après une (longue) phase de prise de conscience de la nécessaire prise en compte des crises écologiques, il semble que les entreprises passent désormais à l'action et décident de le faire savoir. Côté médias, les efforts finissent par payer. Les éditeurs qui ont renforcé leurs équipes chargées de la couverture du changement climatique et du développement durable commencent à voir leur stratégie récompensée. | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | La « Wes Anderson Trend » envahit les réseaux sociaux : chacun fait de sa vie une réplique des films du célèbre cinéaste du Grand Budapest Hotel et de The French Dispatch. C'est ce que nous apprend un article du New York Times, qui révèle que cette tendance a pris d'assaut les réseaux sociaux, où de nombreux utilisateurs partagent leur vision personnelle de l'esthétique singulière de ce réalisateur culte. Les décors minutieusement conçus, les costumes originaux, les musiques soigneusement sélectionnées et les mouvements de caméra fluides sont autant d'éléments qui contribuent à recréer l'univers de Wes Anderson, et qui ont rapidement séduit une communauté de fans. Cette tendance a été partagée dans plus de 11,4 millions de vidéos. Les marques s'y sont également mises : la maison d'édition Albin Michel, la compagnie aérienne AirBaltic, le château de Versailles, ou encore la chaîne britannique BBC Sport. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Comment Mark Zuckerberg a-t-il été érigé en « roi » ? Comment la machine Facebook s'est-elle progressivement enrayée ? Un documentaire sur France 5 revient sur l'ascension fulgurante du génie de la tech issu de Harvard, les dérives de Facebook – l'affaire Cambridge Analytica et la prolifération de fake news, la responsabilité de Zuckerberg et sa capacité à maîtriser un réseau social démesuré. Le documentaire s'intéresse également à sa nouvelle ambition, le métavers, et cherche à comprendre sa vision pour l'avenir. Un portrait très documenté, et enrichi par des anecdotes de son biographe, d'experts des Gafa et de journalistes spécialistes des réseaux sociaux. On y apprend que le fondateur de Facebook est notamment un fan de l'empereur romain Auguste (sa coupe de cheveux serait même inspirée de ce modèle). Mark Zuckerberg, l'empereur de Facebook à voir sur France.tv, un documentaire réalisé par Julien Le Bot et Laurent Follea. |
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