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La lettre politique de L’Express, 27 juin 2024
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Ce "ni-ni" qui embarrasse la Macronie
par Mattias Corrasco
Journaliste politique
Une tribune peut parfois en cacher une autre, à écouter ses signataires. Prenez le texte publié le 25 juin dernier dans les colonnes du Monde. On pensait le message clair : des cadres socialistes, écologistes et communistes, ainsi que quelques figures de l’aile gauche macroniste appelaient collectivement à "éviter les triangulaires au second tour", en retirant le candidat le moins bien placé au profit du "candidat des forces démocratiques restant face au Rassemblement national (...) qu’elles appartiennent au Nouveau Front populaire, à la majorité sortante ou à la droite républicaine". Mais permettez à ce proche d’Agnès Pannier-Runacher, ministre qui a également apposé son cachet au texte, d’ajouter une nuance : "C’est hors LFI, bien sûr." "HEIN ? !", s’étrangle Sandrine Rousseau, signataire. "C’est un scandale total, si c’est ça.” Le premier interlocuteur tempère : "C’est surtout un message envoyé à la gauche raisonnable."
Anticiper le second tour avant le premier : voilà quelques jours qu’une partie de la classe politique cherche la parade face à la probable arrivée en masse de nouveaux députés d’extrême droite. Un risque accentué par l’hypothétique multiplication de triangulaires, au soir du 30 juin prochain. Le bloc central d’Emmanuel Macron, en bon troisième à lire les études d’opinion, derrière le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, pourrait logiquement être enjoint par les gauches de retirer son candidat à leur profit. Emmanuel Macron n’a encore rien tranché. Après avoir dénoncé les programmes des "deux extrêmes", le RN et la France insoumise, suspects, ose-t-il même, de mener la France à la "guerre civile", le locataire de l’Élysée cherche lui aussi la parade. "Il ne faut pas s’enfermer et étudier les choses au cas par cas. Au soir du premier tour, on dira ‘ni RN, ni LFI’, prédit un stratège du chef de l’État. Si on a un socialiste modéré, il faudra prendre la décision de se retirer lorsque l’on n’a aucune chance de gagner."
Mais en Macronie, voilà un camaïeu de positions, concernant les marches à suivre en cas de second tour infructueux et autres triangulaires défavorables. Ici, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, qui jure "voter blanc" lors d’un duel entre le RN et l’alliance des gauches - mais qui nuance en assurant pouvoir voter "pour un socialiste modéré". Là Jean-Yves Le Drian qui affirme un jour "ne jamais voter pour un candidat LFI" et le lendemain offre son soutien à un candidat du Nouveau Front populaire, et pas des moindres : son ancien ami, le président François Hollande. Ou encore, Stéphane Travert, député de l’aile gauche, sortant de la Manche, qui n’aurait "aucun problème" à voter ou à se retirer au profit de sa concurrente communiste, et qui pourrait faire de même s’il s’agissait d’un écologiste ou d’un socialiste. 
Bien seul, l’ancien ministre des Transports Clément Beaune, "prêt à voter pour un candidat LFI face au RN", quitte à se désister en cas de risque de victoire de l’extrême droite. Et bien mal à l’aise, ces députés macronistes directement concernés par cette éventualité. "Les Insoumis ne sont pas racistes et fachos, avec un projet de préférence nationale. Ils n’en demeurent pas moins un parti dangereux. Mais c’est vraiment un cas de conscience, c’est très dur", soupire Belkhir Belhaddad, depuis la 1e circonscription de Moselle.
Les stratèges du Parti socialiste ont sorti la calculette pour mieux faire pression sur la Macronie dès dimanche soir : dans leurs projections, la maison rose anticipe une centaine de duels entre le Nouveau Front populaire et le RN, dont 60 % concerneraient des candidats socialistes. Alors Pierre Jouvet, eurodéputé fraîchement élu, l’annonce : "Dimanche, on va les acculer : on va se retirer partout, y compris dans des duels RN-LR (pas ciottistes, NDLR)." Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis insiste : "Si les macronistes ne se retirent pas, ils auront la défaite et le déshonneur." 
Mais que vaudra, dimanche au soir, la parole démonétisée d’un président de la République, lâché au fil des jours par ses troupes ? Le temps pressera : le dépôt des candidatures pour le second tour est fixé à 18h le lendemain lundi 1er juillet. Un macroniste bien implanté résume : "Les consignes sur le territoire où j’habite et suis élu, c’est moi qui les donne."
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