Depuis quelques années, la masculinité émerge peu à peu du cocon de l’impensé. Celle qui avait d’abord été qualifiée d’“hégémonique” puis de “toxique” se voit désormais affublée de "flower”, “soft”, “fem” voire carrément “réinventée”. Finis, les codes ultra virils à tour de bras (musclés), l’incapacité générale à exprimer ses sentiments, et la solidarité masculine bien installée en mode boys clubs ?
Bien qu’on préfère la prendre avec des pincettes, la promesse d’un homme nouveau s'est installée bien confortablement dans la culture pop. Ce faisant, elle a ouvert la voie aux hommes plus à l’écoute d'eux-mêmes et des autres, en sécession revendiquée avec l’ordre viriliste immémorial. Mais elle a aussi inquiété les plus réfractaires, qui la jugent émasculante et se mettent d’ores et déjà en ordre de bataille contre la “fragilité” ambiante. Et entre ces deux postures, un spectre silencieux qui recouvre probablement la majeure partie du masculin.