Assidue,
Abonné,
La semaine dernière, je tentais d'expliquer que ce qui cloche, selon moi, avec le numérique, c'est qu'il obéit bêtement à nos ordres. Appuyer sur une touche donnera toujours le même résultat. De la télécommande au smartphone en passant par l'ordinateur, le presse-bouton est une promesse dangereuse de satisfaction immédiate et sans effort. Or tout ce qu'il y a de bon dans la vie, concluais-je dans une tirade lyrique qui m'a valu le Nobel de la newsletter, suppose au contraire une résistance, un commerce, une négociation : marcher, aimer, créer, discuter... C'est l'échange qui nous change.
Une des conséquences de cette vie assistée par ordinateur, outre qu'on devient paresseux et un peu concon, c'est qu'on est élevé dans l'illusion de la toute-puissance. Entouré de machines fiables et obéissantes, on se croit vite le roi du monde. Communiquer, acheter, manger, se divertir ? Clic, clic et re-clic. Ce qu'on n'obtient pas d'une pression du doigt ne mérite plus qu'on se bouge le cul. Allons bon. Ce vieux machin est-il en train de nous vanter les vertus de l'effort et de la patience ? Eh bien, oui, pourquoi pas, mais surtout : les conséquences sont hélas déjà connues. Tensions, impatiences, violences, on voit ce que provoquent nos difficultés grandissantes à gérer la frustration, la contradiction, la différence. Car tout nous obéit désormais sauf l'essentiel, la nature, l'autre et le temps. Et nous alors, hypocrites producteurs de plaisirs digitaux ? Croyez-moi, l'intention de départ était de créer des podcasts enregistrés à la main sur de vieux papyrus, distribués sur des chemins de maquis par des animaux capricieux, et seulement disponibles aux nuits de pleine lune. Quelque chose a foiré à la fab', et voilà, tout est à vous gratos oklm. Tu veux des émotions, des contradictions, des réflexions et autres écoutes ?