C’est le feuilleton bancaire du moment dans l’Union européenne (UE). L’italienne Unicredit parviendra-t-elle à prendre le contrôle de l’allemande Commerzbank? Officiellement, Berlin favorise la concurrence, le marché unique et la consolidation du secteur bancaire afin de créer des champions capables (un jour) de rivaliser avec les géants américains. Voilà pour la théorie, appuyée aussi par la Banque centrale européenne. On l’a bien compris, Berlin a du mal à mettre en pratique ces beaux principes. Le gouvernement d’Olaf Scholz fait tout pour s’opposer au rachat de la deuxième banque du pays. Il en irait du financement du fameux Mittelstand, ce cœur de l’industrie allemande. Comme si Andra Orcel, – cet ex-cadre d’UBS qui rêvait d’en prendre la direction avant de prendre la tête d’Unicredit – voulait détruire l’établissement qu’il est prêt à acheter pour des milliards d’euros... Une opération par ailleurs parfaitement légale et qui permet aux contribuables allemands de tirer enfin un bénéfice du sauvetage de la faillite de Commerzbank en 2008. Hélas, la fragile coalition au pouvoir préfère jouer la carte de la préférence nationale – car c’est bien de cela qu’il s’agit. Vu de Suisse, ce bras de fer révèle deux choses. D’une part, l’incapacité des pays membres de l’UE de raisonner en Européens à même de construire l’économie de demain. D’autre part, ce grand marché déjà surréglementé, auquel Berne tente d’améliorer l’accès dans des négociations difficiles avec Bruxelles, perdra en attractivité si le protectionnisme étatique vient en perturber le bon fonctionnement. Si l’UE risque donc d’attendre encore longtemps son véritable champion bancaire, on sait qu’en Suisse, cette consolidation est déjà une réalité. La fin de Credit Suisse, dans une débâcle historique, restera au passif de Thomas Jordan. Le Biennois quittera la Banque nationale (BNS) lundi soir après 12 ans à sa tête et toute une carrière dévouée à l’institut d’émission. Si sa maîtrise de l’inflation mérite amplement d’être saluée il en va tout autrement de sa gestion des problèmes de l’ex-numéro deux bancaire helvétique. Un épisode en particulier me semble critiquable. Le 15 mars 2023 (quatre jours seulement avant l’annonce du rachat par UBS) un communiqué envoyé peu après 20h par la BNS (et la Finma) après une journée de panique boursière a lancé deux messages contradictoires: Credit Suisse va bien, mais peut emprunter immédiatement 50 milliards de francs auprès de la banque centrale. Il a manqué une conférence de presse de poids pour clarifier cette communication, dont l’imprécision a alimenté la ruée bancaire dont était victime la banque aux deux voiles au lieu de l’endiguer. Le 6 septembre 2011, lors de l’instauration du taux plancher entre le franc et l’euro, Philipp Hildebrand, fin connaisseur des marchés financiers et qui présidait alors la BNS, avait trouvé les mots pour rendre crédible sa décision audacieuse. Peut-être que la Commission d’enquête parlementaire éclaircira les circonstances qui ont contribué à la chute de Credit Suisse. Deux autres sujets avant de vous laisser profiter du week-end. Vous passerez sans doute un peu de temps à recalculer votre budget pour tenir compte de la nouvelle flambée des primes d’assurance maladie en 2025. Le système de santé continue de sombrer, incapable de se réformer. Des solutions existent pourtant, nous en avons présentées à plusieurs reprises. Mais pour l’heure, tous les acteurs de la santé semblent bien trop occupés à rejeter la faute les uns sur les autres. En attendant, les patients ont aussi un rôle à jouer, comme l’explique avec conviction Nathalie Praz. Enfin, Guy Parmelin a accordé un grand entretien à L’Agefi. Le conseiller fédéral en charge de l’économie, de la formation et de la recherche considère les initiatives privées «vitales» en matière d’innovation car l’Etat ne peut pas tout. L’UDC vaudois salue notamment le Genolier Innovation Hub. Inauguré vendredi, ce centre de recherche, de formation et de congrès initié et présidé par Antoine Hubert (également propriétaire de L’Agefi) contribue à «maintenir la compétitivité» de la Suisse, estime Guy Parmelin. Pour vous faire votre opinion, je vous recommande la lecture du hors-série Agefi Immo consacré à ce lieu pas comme les autres. Le directeur du Biopôle situé à Epalinges, Nasri Nahas, y explique comment son parc scientifique et technologique dédié aux sciences de la vie travaillera avec ce nouveau hub. |