Chères lectrices, chers lecteurs, « La liberté, enfin, va redevenir la règle et l’interdiction constituera l’exception ». Par ces mots, le premier ministre a annoncé l’entrée de la France dans la phase 2 du déconfinement à partir du 2 juin. Ce redémarrage du pays ira de pair avec une attention accrue portée sur un éventuel rebond de l’épidémie, c’est-à-dire une seconde vague. Les tests sont une clé du dispositif de surveillance mis en place. De fait, les tests sérologiques, ceux qui détectent les anticorps produits après une infection par le SARS-CoV-2, permettent de cartographier l’étendue réelle de l’épidémie. Mais jusqu’où sont-ils fiables ? Et qu’est-ce qu’un test fiable ? Y en a-t-il assez pour toute la population ? Comment composer avec les « faux positifs », parfois nombreux, qui se croyant protégés pourraient relâcher leurs efforts ?Des éléments de réponse peuvent être apportés par une nouvelle méthode de dépistage : les tests de groupe. L’idée consiste à rassembler les échantillons de plusieurs individus en quelques groupes, puis à tester ces derniers plutôt que chaque personne prise isolément. Le secret de cette méthode, qui réduit grandement les besoins en kits de tests, réside dans un peu de mathématiques… De mathématiques, il en est aussi question, et cette fois beaucoup, dans les travaux de Robert Penner, de l’IHÉS. Il s’est intéressé aux zones des protéines virales sur lesquelles s’appuient un changement de configuration de ces protéines au moment de l’infection d’une cellule. Au terme de nombreux calculs fondés sur des notions géométriques développées par Gauss au XIXe siècle, il a repéré plusieurs points sensibles sur l’une des protéines sur SARS-CoV-2. Il reste à vérifier qu’ils sont intéressants pour la conception de nouveaux médicaments, mais ce pont entre mathématiques pures et biologie est remarquable. Avant d’arriver sur le marché, ces possibles nouvelles molécules devront en passer par toute une batterie de tests, et probablement des essais sur le macaque rhésus, un animal que l’on sait désormais être un modèle pertinent pour le Covid-19. Sur ces singes, des candidats vaccins ont d’ailleurs obtenus des résultats prometteurs. Seront-ils confirmés sur un autre primate, l’être humain ? Bonne lecture, prenez soin de vous. Loïc Mangin, rédacteur en chef adjoint |