Chères lectrices, chers lecteurs, On ne le sait que trop, le nouveau coronavirus infecte les poumons et l’ensemble des voies respiratoires. Mais il ne se cantonne pas à ces organes. En effet, de par sa cible – le récepteur ACE2 présent à la surface de nombreux types cellulaires –, le SARS-CoV-2 s’attaque à bien d’autres organes comme les vaisseaux sanguins, le foie, les reins... Ainsi, il vise également le système nerveux central, et la perte de l’odorat repérée chez une part importante des malades en est la preuve. Ce récepteur est une des clés pour comprendre la possible protection, encore à vérifier, que confèrerait le tabac contre le Covid-19. De fait, sur la base de nombreuses observations en milieu hospitalier, les chercheurs s’interrogent sur un possible effet bénéfique de la nicotine contre le Covid-19. Par exemple, et c’est une hypothèse, la nicotine inhiberait l’expression du gène ACE2 limitant ainsi la quantité de « portes d’entrée » pour le virus. Autre idée à explorer, le récepteur nAChR contrôle la production de cytokines par certains globules blancs : en s’y fixant, la nicotine réfrènerait l’« orage de cytokines ». Neurologues et biologistes moléculaires ont fort à faire pour y voir plus clair. Les épidémiologistes sont aux prises avec un autre problème : quelle est la véritable ampleur de la pandémie ? Et quelle mortalité y est-elle réellement associée ? Pour répondre, des campagnes de tests d’anticorps sont nécessaires, et lorsqu’elles sont menées, elles réservent des surprises. Ainsi en est-il de celle conduite dans un comté californien. Elle a mis en évidence une prévalence de l’infection au coronavirus bien supérieure à ce que les chiffres officiels ne le laissent entendre. Les résultats plaident également pour un virus moins mortel que ne le suggèrent les estimations fondées sur le nombre de cas et de décès dans le monde. Peut-on s’y fier ? Tout dépend de la fiabilité des tests utilisés. Ces résultats nourrissent les débats des experts qui, réunis en conseil, prodiguent des recommandations aux décideurs politiques, par exemple pour esquisser les contours du futur déconfinement. Jusqu’où spécialistes et politiques doivent-ils être alliés pour inspirer confiance à la population. Moins qu’on le l’imagine : une démarcation nette semble en fait essentielle. Qu’en pensez-vous ? Bonne lecture. Prenez soin de vous. Loïc Mangin, rédacteur en chef adjoint |
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