Créativité éditoriale : le brainstorming des médias
C'est un échange d'idées foisonnantes sur la créativité éditoriale que proposait Samsa du 1er au 12 mars, lors des Rencontres de l'innovation éditoriale. À leurs tables (virtuelles) ont défilé, à parts égales, hommes et femmes des médias, habitués des prises de parole – Olivier Laffargue, chef de service Snapchat du Monde, Aurore Malval, journaliste à Nice-Matin, Nicolas Becquet, responsable du développement et de la transformation numérique à L'Echo ou encore Marie-Amélie Putallaz, responsable Social Media au Figaro.
Les 3 points qui ont retenu l'attention de Story Jungle.
Est-ce que reprendre les bonnes idées, c'est innover ? C'est à cette question (presque philosophique) qu'ont répondu Aurore Malval (Nice-Matin), Marie-Catherine Beuth (l'Opinion), Nicolas Becquet (L'Echo), et Elise Colette (Public Sénat). Inventer en partant de rien est une mission impossible. L'inspiration, chez les médias, se puise souvent chez les confrères... du New-York Times. Marie-Catherine Beuth expliquait ainsi avoir repris l'idée du
calendrier spatial imaginé par le NYT, qui indiquait entre autres tous les événements spatiaux à venir et des liens vers des articles spécialisés – pour en faire un calendrier électoral, « avec des moyens du bord rustiques », pour l'Opinion. L'innovation est le fait de réfléchir à « une façon de consommer des contenus de manière plus facile et intuitive ». Selon elle, le préjugé selon lequel l'innovation serait forcément d'ordre technologique est tenace.
Pour Nicolas Becquet, qui pointe l'effet de halo du NYT et qui avoue plutôt s'inspirer de ses collègues français (Contexte, Nice-Matin, Centre France, « plus proches en termes de moyens et de philosophie »), l'innovation est surtout « une capacité à se questionner, à prendre des risques pour fonctionner autrement. Le fait de copier de manière bête et méchante un format est voué à l'échec ». Cela va sans dire...
Manier les outils d'analyse avec précaution Google Analytics, Chartbeat... des outils d'analyse qui font souvent la pluie et le beau temps dans les rédactions. Mais ils doivent être utilisés avec un regard critique et non définitif. « Si vous produisez un bon papier, que vous le mettez sur la home et qu'il ne marche pas, ce n'est pas une sanction, un couperet. Il faut se demander s'il est bien titré, bien illustré, bien exposé, si le chapo est clair. Les outils d'analyse doivent aider l'éditeur, le concepteur de projet, le journaliste à se poser les bonnes questions. Il y a toujours un côté guillotine qui persiste », met en garde Jean Abbiateci, fondateur de Bulletin.
La pandémie a incité à la créativité Des exemples originaux et peu coûteux ont été développés par les médias, indique Éric Scherer, directeur de la Prospective à France Télévisions. À l'image d'un appel à témoignages, créé à l'aide d'outils internes de recueils de contribution, du New-York Times («
Share your story and photos from the coronavirus front lines around the world »), qui a recueilli 850 réponses ou de
cette série de reportages filmés avec un smartphone par la Frontberichten, association publique hollandaise. Eric Scherer a également vanté la simplicité, l'humilité, les vraies conversations qu'apporte Twitch. « Pas question d'y faire de la télé, sinon c'est le four assuré » (
certainement un conseil à faire passer à BFMTV).
Une plateforme en plein boom qui peut compter sur une modération du chat plus perfectionné que sur d'autres outils de streaming, avec des modérateurs dédiés, et une limite de temps entre chaque message pour éviter le spam.
En tout cas, selon Digiday,
l'impact durable de la pandémie sur le secteur des médias « pourrait être plus faible que vous ne le pensez » : « Même si les recettes publicitaires ont chuté au deuxième trimestre, elles ont rebondi à la fin de l'année. À tel point que de multiples dirigeants de médias ont déclaré que les recettes publicitaires de leurs entreprises au quatrième trimestre de 2020 ont fini par être plus élevées qu'en 2019. »