Changpeng Zhao, le patron de la plus grande plateforme d’échanges de cryptos au monde, Binance, a accepté de démissionner et de plaider coupable dans une affaire qui l’oppose aux autorités américaines, rapportait le Wall Street Journal, hier soir.
Dans la journée, nous avions déjà appris que l’entreprise était prête à verser 4,3 milliards de dollars pour régler plusieurs plaintes. Seulement, le sort de son patron, « CZ » tel qu’on le surnomme, restait incertain. Il a comparu devant une cour fédérale le jour même et a décidé de reconnaître la violation des lois américaines sur le blanchiment d’argent qui lui était reprochée. Binance a aussi choisi de plaider coupable durant l’audience.« Binance, à la poursuite du profit, s’est détourné de ses obligations légales, a déclaré Janet Yellen, secrétaire au Trésor de l’administration Biden. Ses manquements volontaires ont permis à l’argent d’affluer vers des groupes terroristes, des cybercriminels et des pédophiles via sa plateforme. » Elle porte l’accusation avec la Commodity Future Trading Commission (CFTC), qui enquêtait sur l’entreprise et avait rendu public sa plainte en mars.
Mea culpa
« J’ai commis des erreurs et je dois prendre mes responsabilités, a reconnu CZ sur le réseau social X. C’est ce qu’il y a de mieux pour notre communauté. » Et personne ne lui dira le contraire, car son entreprise semblait menacée de ne plus pouvoir mener aucune activité, directement ou indirectement, aux Etats-Unis. Déjà, son stablecoin en dollars, le BUSD, ne peut plus être émis, et ne l’est plus, en raison d’une demande des autorités américaines.
Le PDG n’aura donc plus de rôle exécutif dans la société et ne pourra jamais y retrouver des responsabilités, mais il conservera la majorité des parts. Il devra quand même s’acquitter d’une amende de 50 millions de dollars à titre personnel.
Binance reste poursuivi par la Securities and Exchange Commission (SEC) pour d’autres griefs, mais le plus dur est sans doute passé. La SEC et la CFTC se disputent la régulation du secteur des cryptomonnaies aux Etats-Unis et cette dernière pourrait en sortir vainqueur. Cela remettrait en cause les fondements juridiques des plaintes de la SEC, très virulente contre l’industrie et peut-être pas disposée à trouver un compromis, alors que Binance se serait entre-temps racheté une virginité. CZ accepte de porter le chapeau et sauve certainement ainsi son entreprise. Elle va néanmoins devoir quitter les Etats-Unis, mais pas sa filiale Binance.US. La société garde donc un pied dans le pays et va maintenant pouvoir s’y développer plus sereinement.
Rémy Demichelis