D’une invasion à l’autre
«
Plus ou moins à sec. » Cet aveu d'impuissance face à la situation en Ukraine, Alfons Mais, le chef de l'armée allemande, aurait pu le faire dans les colonnes de n'importe quel quotidien ou au micro de n'importe quelle matinale ce jeudi 24 février . C'est à LinkedIn qu'il en a réservé la primeur. Dans un post à l'efficacité redoutable, il se désole de constater que, face au retour de la guerre en Europe, les options militaires que l'Allemagne sera en mesure d'offrir à l'OTAN sont
« extrêmement limitées ». Le millier de commentaires qu'il a suscité en 24 heures en témoigne : le débat est ouvert...
LinkedIn est en train de devenir une arène politique Journalistes, politiques, tous se pressent sur LinkedIn pour partager points de vue et informations, et le nombre de publications en rapport avec le conflit explose. Les hashtags se multiplient : #Ukraine, #ukraineconflict, #peace ou encore #StandWithUkraine, celui avec lequel Raphaël Glucksmann a choisi de
partager son indignation. Très actif sur la plateforme, sur ce sujet et sur beaucoup d'autres, le député européen est aux avant-postes de la transformation progressive de LinkedIn en arène politique. Mais s'il est 1er au classement que Favikon consacre justement au sujet –
les personnalités politiques les plus influentes sur le média social –, il est loin d'être le seul à y déployer ses arguments. Et la campagne présidentielle française n'est pas pour inverser la tendance.
Faux-amis Alors, naturellement, chaque candidat y va de son soutien. Avec la crainte que le débat s'emballe :
« Il y a une guerre, et comme dans chaque guerre, il y a de la désinformation, de la symbolique, des mensonges, des manipulations. Cela va être un enfer de désinformation les prochaines semaines. » Cette mise en garde postée le 25 février est signée Thomas Wagner, fondateur du média Bon Pote, et fait écho à un article du
Monde publié une semaine plus tôt :
« Sur LinkedIn, la désinformation en toute tranquillité. » Le quotidien y relevait que
« les rumeurs y restent plus longtemps et profitent de la réputation de sérieux du réseau pour apparaître légitimes ». Principale fautive, l'absence de modération pour endiguer le flux de fausses informations :
« Les modérateurs sont rarement français et ne comprennent pas toujours bien. C'est une grosse catastrophe », constatait Sylvain Tillon.
« No politics », please Alors la politique a-t-elle sa place sur LinkedIn ? En tout cas,
elle épuisait déjà 55 % des utilisateurs américains du réseau social professionnel, interrogés en août 2020 par le Pew Research Center. Et le message semble avoir été reçu. Depuis quelques semaines, une nouvelle fonctionnalité déployée aux États-Unis permet
de masquer les contenus politiques pour qu'ils n'apparaissent plus dans le fil d'actualité. En attendant la suite ?