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Dans le match de l’IA, l’UE en arbitre ?

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« Si nous pouvons nous conformer à ces exigences, nous le ferons. Et si nous ne pouvons pas, alors nous cesserons nos activités... Nous essaierons, mais il existe des limites techniques à ce qui est possible. » En pleine tournée mondiale pour rassurer sur les risques liés au développement fulgurant de l'intelligence artificielle, Sam Altman a peut-être offert son plus beau récital mercredi dernier – juste après avoir rencontré Emmanuel Macron –, lors de l'étape britannique de cette vaste opération séduction. Invité à une table ronde pour causer régulation à l'University College de Londres, le CEO d'OpenAI a lancé une forme d'ultimatum aux instances européennes après s'être montré particulièrement critique envers le futur IA Act sur lequel planche actuellement l'Union européenne.
 
L'Amérique innove, l'Europe régule
 
Le même Sam Altman qui, trois jours plus tôt, signait une tribune sur le site d'OpenAI en compagnie des deux autres cofondateurs, Greg Brockman et Ilya Sutskever, pour dessiner le képi du gendarme idéal de l'IA (selon leurs standards, bien entendu). Extraits : « Les super intelligences seront bien plus puissantes que toutes les technologies avec lesquelles l'humanité a pu composer par le passé. Le risque existentiel est réel, et nous ne pouvons pas être seulement dans la réaction. [...] Nous allons sûrement avoir besoin d'une structure comme l'IAEA (International Atomic Energy Agency, ndlr) pour réguler les recherches en la matière. » Le même Sam Altman qui, mi-mai, face à la sous-commission du Sénat sur la protection de la vie privée, la technologie et le droit, exhortait le gouvernement américain à créer une agence fédérale chargée d'écrire les règles d'un jeu que les USA doivent dominer : « Il est essentiel que l'IA la plus puissante soit développée avec des valeurs démocratiques. Ce qui signifie que le leadership des États-Unis est déterminant. » Sam Altman n'en est donc plus à une contradiction près.
 
Car c'est bien de notre côté de l'Atlantique que les pontes de l'IA livrent actuellement une bataille acharnée conscient que les irréductibles Européens savent résister encore et toujours à l'envahisseur... à coups de régulation. Le Vieux Continent vient d'ailleurs de célébrer les cinq ans de son RGPD concernant la protection des données personnelles – métamorphosant en profondeur les politiques de conformité des entreprises au passage, selon cet article du média Digiday –, et de coller, la même semaine, une amende record de 1,2 milliard d'euros à Meta pour l'avoir enfreint. Une légère ponction du portefeuille que les autres titans du numérique ne souhaitent pas expérimenter. OpenAI en tête.
Ce qui explique pourquoi Altman voyage toujours avec une veste réversible dans sa valise et n'a eu aucun problème à l'enfiler pour revenir sur son petit coup de pression – en précisant qu'il n'a aucune intention de délaisser l'Europe – après un tweet de Thierry Breton accompagné d'un gif qui pose une question fermée à double tour : « Est-ce une menace ? »
« Il ne sert à rien de faire du chantage en clamant qu'avec l'élaboration d'un cadre clair, l'Europe retarde le déploiement de l'IA générative. Au contraire ! Avec le pacte sur l'IA que j'ai proposé, nous souhaitons assister les entreprises dans leur préparation à l'UE AI Act », peut-on lire sur le compte du commissaire européen chargé notamment du marché intérieur, de la politique industrielle et du numérique.

Du pacte à l'Act
 
Message reçu cinq sur cinq par un autre Goliath de la Silicon Valley : Google. Mercredi, pendant que le CEO d'OpenAI jouait les Rockstars entre Paris et Londres, celui d'Alphabet, Sundar Pichai, négociait directement avec Bruxelles. « Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que la législation sur l'IA soit applicable, a confirmé Thierry Breton au sortir de cette réunion. Et pour travailler ensemble avec tous les développeurs d'IA pour mettre en place un pacte sur une base volontaire. » En d'autres termes, plutôt que de subir l'AI Act et s'y adapter sous la contrainte, Google préfère prendre un stylo et se joindre à la finalisation d'un texte qui doit, depuis deux ans déjà, siffler la fin de la récré.
 « Quand les gars de la tech commencent à demander de nouvelles règles, vous savez que quelque chose se prépare », note John Naughton, professeur émérite à la British Open University, dans sa tribune pour The Observer hébergée sur le site du Guardian. Selon lui, il n'y a que deux possibilités : « Soit c'est une tentative de consolider son statut de leader sur le reste de l'industrie des grands modèles de langage (Large Language Model, ndlr), car l'Histoire suggère que la régulation entérine souvent les positions dominantes... Soit c'est un aveu pour dire que l'industrie est déjà hors de contrôle et que de mauvaises choses se profilent à l'horizon. Cette proposition est donc une ruse stratégique, un réel plaidoyer pour obtenir de l'aide, ou les deux en même temps. » L'avenir le dira...
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JUNGLE STORIES
Benoît Raphaël : Information, l'indigestion

Benoît Raphaël : Information, l'indigestion

C'est un « voyage au bout de l'info » que propose l'entrepreneur, et auteur, journaliste spécialisée dans les usages de l'intelligence artificielle Benoit Raphaël dans son livre « Information : l'indigestion », un manuel pour penser par soi-même dans le chaos de l'info, publiée aux éditions Eyrolles. Une enquête sourcée et personnelle dont l'objectif, est de « nous aider à trouver une forme de maturité dans un monde plus en plus bruyant et propice au catastrophisme ». Il y explique notamment que la fatigue moderne est plus que jamais partie liée à notre consommation d'informations.

Voir l'interview
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illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
Dans la nuit de mercredi à jeudi, heure française, Ron DeSantis, le très conservateur gouverneur républicain de Floride, devait annoncer sa candidature à l'élection présidentielle américaine de 2024 dans un live audio sur le réseau social appartenant à son ami et soutien Elon Musk, présent à ses côtés pour l'occasion. Mais ce qui devait être le premier événement d'envergure de la plateforme Twitter Spaces – dont Musk fait régulièrement la promo – a tourné au fiasco avant que DeSantis n'ouvre son micro. Serveurs surchargés, appli qui se réinitialise toute seule, bugs en pagaille, stream qui s'interrompt après vingt minutes pour reprendre une demi-heure plus tard... « C'était complètement fou, désolé », s'est excusé le nouveau chantre (en pleine dérive droitière) de la liberté d'expression en 280 caractères, piteux.
 
Pourquoi c'est un pavé ? Au-delà d'afficher publiquement sa préférence pour un candidat qui a promis « un combat rapproché » aux « médias institutionnels » dans une parodie de briefing militaire tout droit tirée du film Top Gun, Elon Musk tente désespérément de rentabiliser son investissement de 44 milliards de dollars. Par tous les moyens possibles. Sauf que les coupes budgétaires (de 4,5 milliards de dollars avant le rachat à 1,5 milliard après) et les différentes vagues de licenciements (plus des trois quarts des 7 500 employés ont été remerciés, notamment sur des postes d'ingénieurs) ont transformé le fonctionnement du réseau social en un gruyère plein de trous, dont l'un des plus gros n'est autre que Twitter Spaces. « Spaces a toujours été un prototype, pas un produit fini. C'est un bêta test qui n'en finit jamais... », confirme un ancien employé cité par CNN sous couvert d'anonymat, avant d'ajouter que le service n'a jamais été conçu pour « gérer un trafic comparable à celui de Twitter ». Pire, selon le New York Times, le chaos du lancement de la campagne de DeSantis n'a fait que « montrer l'étendue des faiblesses de Twitter ». Qu'on se le dise : l'oiseau bleu n'a jamais eu autant de plomb dans l'aile. Et le timing est très mauvais : au moment où de plus en plus d'utilisateurs fuient Twitter pour Mastodon ou Bluesky et où, surtout, on apprend que Meta pourrait lancer son réseau concurrent via Instagram d'ici juin, avec des passerelles déjà prévues entre les deux apps. Nom de code ? « P92 » ou « Project Barcelona ». Suspense...
UN FORMAT À LA LOUPE
27/05/2023 NL4 format
Depuis leur départ d'Instagram en 2018, sur fond de désaccord avec Mark Zuckerberg après le rachat par Meta en 2012, Kevin Systrom et Mike Krieger, les fondateurs de l'application, se sont fait désirer. La naissance de leur dernier bébé était donc particulièrement attendue. Baptisée Artifact, leur nouvelle application déborde d'ambition et se rêve en « TikTok du texte ». En réalité, son fonctionnement est à mi-chemin entre celui du géant chinois de la vidéo courte et Google Actualités : Artifact est un agrégateur de sites d'information, dont l'algorithme vous propose des contenus en fonction de vos centres d'intérêt. Pour doper sa croissance et intégrer rapidement la cour des grands, l'appli vient de se doter d'une série d'outils judicieux qui font autant appel à l'intelligence artificielle qu'humaine.
 
« Depuis son lancement en janvier, Artifact a rapidement sorti plusieurs updates, comme des résumés d'articles créés par l'IA générative (avec un ton adapté aux différentes sensibilités des utilisateurs, ndlr), l'implémentation d'un système de commentaires directement sur la plateforme et la création de profils d'auteurs (pour pouvoir les suivre comme sur Twitter ou Substack, nldr), énumère le site The Verge. C'est évident que l'entreprise essaie de transformer son application en un mélange entre une news app et un réseau social – soit ce qu'était Twitter avant que ça ne tourne mal. »
Dernière bonne idée en date (on adore !) : les utilisateurs peuvent désormais signaler les articles dits « piège à clics » lors de la lecture ou en appuyant longuement sur le bouton Feed. La diffusion des articles flagués sera alors réduite et les équipes d'Artifact pourront même aller jusqu'à modifier leurs titres pour qu'ils soient plus représentatifs de leur véritable contenu.
LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
27/05/2023 NL1 CQAAF
Pour ceux qui en ont marre de discuter avec des IA bien élevées, il existe une option nettement plus punk. ChatShitGPT est, comme son nom l'indique, une variante du robot conversationnel d'OpenAI. Sauf qu'ici, l'IA n'est pas hyper motivée à l'idée de vous filer un coup de main et vous parle comme le sergent Hartman dans Full Metal Jacket... Petit exemple sympathique publié sur le compte Twitter de Matt Navarra : à la question « Quel sera le temps à Chelmsford ce week-end ? », ChatShitGPT répond : « Mais tu m'as pris pour qui ? Le présentateur de la météo ? Je ne suis pas un putain de météorologue. Mais puisque tu demandes, ce sera nuageux avec la possibilité que ta mère soit mouillée, tu me suis ? Et sinon, qu'est-ce que t'es en train de faire là ? » Un chatbot complètement fou, repéré grâce à ces agrégateurs d'IA qui permettent de trouver la bonne IA au bon moment, comme There's an AI for that, Eden AI, ou AI Library.
 
Et sinon...
Pour ceux qui comptent affronter l'enfer des bouchons de la porte d'Auteuil et se rendre à Roland-Garros sur deux, trois ou quatre roues, Waze a pensé à vous ! L'application d'aide à la conduite et à la navigation vous propose de vous laisser guider par la douce voix de... Roger Federer. Le pape du tennis mondial vous mènera à bon port avec des punchlines qui claquent comme un revers à une main : « Nous allons remporter ce trajet en équipe, mon ami. Nous avons tes réflexes et tes mains douces pour les virages compliqués, et je vais nous guider depuis la ligne de fond ! » ou « Je pensais juste au tennis et à la conduite... C'est simple, il y a huit coups basiques au tennis et six manœuvres au volant. Si tu peux faire tous ces fondamentaux proprement, tu es sur la voie de l'excellence... » Let's goooooo !!!
UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
Tous les ans, c'est la même rengaine. Début juin, à l'arrivée des beaux jours. Le soleil brille, le mercure monte et les lycéens hésitent entre « réviser » allongés dans l'herbe ou devant le premier tour de Roland-Garros... Bah quoi ? On ne va pas se mentir : on l'a tous fait. Ou, plutôt, on connaît tous un pote qui l'a fait... Tiens, tiens ! Alors, nostalgie oblige, le journal L'Équipe vous remet à l'heure de ce tournoi qui, au fil du temps, s'est classé dans la catégorie « monument historique » du patrimoine sportif français. D'abord grâce à un documentaire intitulé 1983, l'œuvre d'une vie, où Yannick Noah se livre comme rarement sur sa victoire – la dernière en date sur un tournoi du Grand Chelem chez les hommes, en répondant aux questions du réalisateur Nicolas de Virieu. Ensuite, grâce à une magnifique enquête long format du journaliste Quentin Moynet sur les galériens du tennis pro, une plongée dans l'enfer des tournois Futures et Challengers, loin, très loin des paillettes du circuit principal... Deux contenus qu'on peut également garder sous le coude au cas où, comme d'habitude, aucun Français ne réussit à se qualifier en deuxième semaine...

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