Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin
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Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin que l'info
Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin que l’info, 18 juin 2024
L'EDITO
Des centrales nucléaires pour l’armée
par Sébastien Julian
Rédacteur en chef adjoint Climat et transitions
Pendant que la France se demande si elle construira 6 ou 14 EPR dans le futur, les militaires, eux, lorgnent de plus en plus sur des petits réacteurs nucléaires pour alimenter leurs bases. Dans les couloirs d’Eurosatory, le salon international consacré à la défense et à la sécurité, nombre de généraux, de soldats, d’équipementiers ou d'analystes évoquent le sujet. D'autant que les Etats-Unis ont décidé de franchir le pas. 

“Le département de la Défense américain pousse le sujet depuis plusieurs années déjà et un premier petit réacteur situé dans une base de l’US Air Force devrait bientôt être mis en service”, glisse Ryan Duncan, directeur des relations avec les gouvernements chez Last Energy, une start-up qui propose justement des mini centrales clé en main. Outre-Atlantique, la réglementation oblige les bases américaines à plus de résilience. Si un incident coupe leur système principal d’alimentation en énergie, elles doivent quand même être capables de fonctionner pendant 14 jours, grâce à des groupes électrogènes. 

Cela pose quelques difficultés : dans les zones très éloignées comme l’île de Guam en plein Pacifique, il n’est pas facile de livrer les tonnes de carburant nécessaires. D’où le recours envisagé au nucléaire. “Cette technologie est éprouvée. Elle est capable de produire beaucoup d’énergie. Par ailleurs, toute la chaîne d’approvisionnement existe. Il n’y a pas besoin d’attendre plusieurs années pour la construire”, justifie Ryan Duncan. 

Last Energy mise donc sur un petit réacteur de 20 mégawatts à eau pressurisée. Un système classique dont on a réduit la taille pour mieux répondre aux besoins d’une base militaire. Cette installation ne coûte “que” 100 millions de dollars l’unité. Et il suffit de quatre mois pour la monter, après 20 mois de préfabrication en usine. C’est là toute l’innovation de la start-up américaine : le caractère modulaire ne s’applique pas uniquement au réacteur mais à toute la centrale. Celle-ci est constituée d’une quarantaine de blocs qui font tous la taille d’un conteneur standard. Il est donc très facile d’expédier l’ensemble dans n’importe quelle partie du monde. 

“Même si notre centrale est à moitié enterrée et que son réacteur est protégé par 500 tonnes de fonte, ce qui protège l’installation des crash d’avions et des missiles, elle n’est pas prévue pour être située dans une zone de guerre”, précise Ryan Duncan. Cela ne veut pas dire que ce scénario ne se produira pas. D’autres sociétés imaginent déjà des micro réacteurs d’une puissance d’1 GW, que l’on peut livrer en camion et monter - ou démonter - en quelques jours à peine. Il s’agit là encore, d’une solution modulaire. Un premier démonstrateur devrait être testé d’ici à la fin de l’année prochaine sur le sol américain. “Une chose est sûre : que les clients proviennent de l’armée ou du secteur civil, on pourra, d’ici une dizaine d’années, construire des petites centrales et des réacteurs nucléaires à la chaîne grâce à des giga-factories”, prédit Ryan Duncan. Last Energy table même sur 10 000 ventes à terme. Comme si l’ère des gros réacteurs était définitivement révolue.
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