Cette semaine, j’ai rencontré une habitante de notre ville qui, avec un regard paisible et résignée, m’a dit : "Chez moi, je ne chauffe quasiment pas. J’ai froid, mais je me couvre". Et j’ai pensé : "Seigneur, c’est pour elle que tu es venu, pour lui donner cette chaleur du cœur qui lui donne la force de sourire".
Hier soir, alors qu’il faisait bien nuit, je passais devant ce centre commercial tout neuf, insolent de ces illuminations de Noël, ces grands écrans que ne pouvaient voir que quelques automobilistes pressés. Et je pensais : "Seigneur, c’est ce monde-là, avec ses incohérences, que tu me demandes d’aimer, mais c’est toi la vrai Lumière qui illumine le fond des cœurs".
Ce matin, je suis passée dans des rues dont les maisons ont été vidées de leurs habitants : il faut démolir pour développer un urbanisme moderne, et tenter de modifier la population (trop pauvre) du quartier. Où sont-ils tous partis ? Et j’ai pensé, Seigneur, aux auberges qui t’ont fermé leurs portes, le soir de ta naissance.
Lorsque tu es venu, Seigneur, l’envahisseur romain dominait ton pays. Les juifs, tes frères, vivaient sous l’oppression : Seigneur, c’est dans ce monde-là que tu as choisi de naître. Pas le monde lisse et net de nos nostalgies, mais bien dans ce monde cabossé, que tu aimes à la folie, auquel tu donnes ta joie.
Que Noël soit pour nous, l’appel à aimer à la folie ce monde où nous sommes, et à y semer la joie, la vraie !