Ce mercredi sort dans les salles obscures le film de Justine Triet, récemment auréolé de la Palme d’or à Cannes. Les critiques, dont Hugues Dayez, n’ont que des louanges pour le long-métrage, qui dissèque subtilement les rouages d’un couple en crise. Une autre chute, toute aussi vertigineuse, fait toujours l’objet d’une vive dissection de la part de la presse. Celle d’Evguéni Prigojine, le turbulent patron de Wagner, dont l’avion s’est écrasé la semaine dernière. L’homme -qui, rappelons-le, pouvait aisément être qualifié de boucher – a été enterré hier à Saint-Pétersbourg. Sans grande couverture dans les médias russes. En toute, toute discrétion. Une circonspection bien différente de celle qui a suivi « l’accident », et de la confirmation de l’autopsie par le Comité d’enquête russe ce dimanche. La crainte, selon certains, d’entendre des voix de partisans de Wagner s’émouvoir ?

Bref. C’est fait. Poutine, qui avait salué un homme « talentueux » mais « qui a commis des erreurs » ( !) a sans doute fait passer un message, loin d’être subliminal, à ses opposants. Les Prigojine, Outkine (le numéro 2 de Wagner, qui se trouvait aussi dans l’avion), mais aussi Sourovikine (général dirigeant l’offensive en Ukraine, qualifié par de nombreux observateur comme excellent tacticien, mais réputé proche de Wagner et démis de ses fonctions… le jour même du crash) ou encore le célèbre blogueur d’extrême-droite Igor Guirkine (en détention provisoire)… les esprits retors sont conviés à se tenir bien à carreau. Après ce qui a été perçu par beaucoup comme une humiliation lors de l’insurrection des Wagner, le président russe a serré les dents et resserre ses rangs. Notons aussi que depuis vendredi, les paramilitaires doivent prêter un serment de « loyauté » à la Russie. La mort de Prigojine durcit donc encore le Kremlin. Un Vladimir Poutine encore un peu plus emmuré dans sa tour d’ivoire, à présent sans son ambitieux ancien ami cuistot, et plus sourd encore aux voix dissonantes ? Encore un épisode de plus dans l’anatomie d’une chute ?      

Kevin Dero