| Paris, lundi 20 janvier 2020 • Bruno Bertez : Dissimuler, convaincre, manipuler... spolier Les élites ont un programme très simple : faire en sorte que rien ne change, et que les classes moyennes le restent. Et pour cela, elles ont des méthodes efficaces... • Bill Bonner : Le gouvernement US a tout intérêt à faire couler sa propre monnaie La Fed est à la manœuvre sur le marché des repos, mais le système est à bout de souffle – désormais, ne reste plus qu’une seule solution... • Nicolas Perrin : La disparition du cash a des inconvénients... n’en déplaise aux autorités La société sans cash est une solution que les autorités lorgnent avec convoitise – mais prudence : cette "solution" pourrait se retourner contre elles.
| LES NOTES DE BRUNO BERTEZ
| Dissimuler, convaincre, manipuler... spolier
| Les élites, la classe du pouvoir, ne veulent pas montrer, éduquer. Ils veulent dissimuler, convaincre, manipuler. Leur parole, mille fois répétée, traverse le prisme d’un programme bien défini – voilà ce pour quoi le public et les médias vivent, vibrionnent, comme je le dis souvent, dans la bouteille, comme des mouches. Prenons un exemple : il existe une sorte de cheville ouvrière ou de pierre angulaire de l’échafaudage intellectuel destiné à vous arnaquer, vous la classe moyenne non ultra-riche. Je parle des taux d’intérêt nuls ou négatifs.
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Les élites veulent vous faire croire que c’est naturellement que les taux sont nuls ou négatifs ; elles ont inventé un mythe du taux naturel r* qui serait nul ou négatif parce que la croissance à venir dans les prochaines années serait durablement faible. Suivez-moi bien. Donc... On pose que la croissance va être nulle ou réduite... donc il y a peu d’occasions d’investissement... donc il y a un excès d’épargne... donc la rémunération de l’épargne doit être nulle ou négative... et le tour est joué. Bien entendu, ce qui est ainsi posé – par l’économiste et ex-secrétaire au Trésor US Lawrence Summers, notamment – est une idiotie tautologique : on pose que la croissance va être durablement faible pour en tirer la conclusion que les taux doivent être nuls ! Cela permet de mener des politiques monétaires non-traditionnelles pour... réduire les taux, faire des QE et arroser de crédit gratuit. On dit que le taux naturel est nul... pour mettre les taux artificiellement à zéro. Grace à cette tautologie / construction parallèle, on peut annuler la rémunération de l’épargne des classes moyennes et faire en sorte de détruire leurs économies ; on rend gratuit le coût d’accès à cette manne ! Au profit de qui ? Au profit des emprunteurs, c’est-à-dire les gouvernements, les spéculateurs boursiers, les banques et les déjà riches. En clair, on empêche le petit peuple de capitaliser, de tirer profit de sa prévoyance, d’accumuler – pour que les autres, les gros, les proches des pouvoirs, eux, puissent soit continuer à s’endetter soit continuer à capitaliser... et bien vivre ! Y aura-t-il une opération vérité ? Il n’y pas plus de taux naturel que de beurre en branche, surtout dans un système de monnaie de crédit où ce dernier est donné, bradé, illimité. Les crédits créent les dépôts : on ne prête pas à partir de ressources disponibles, on avance en marchant, on crée les ressources pour prêter... en prêtant. Il n’y a aucune fatalité de croissance lente ou ralentie, comme les élites le prétendent. S’il faut se résoudre à une croissance faible et donc à une inflation faible, c’est parce que le système, les gouvernements, les banquiers, les ultra-riches sont surendettés : il y a un boulet dans le système, ils ont besoin de taux faibles pour rester solvables. Un point c’est tout. Si on laissait la croissance prendre de la vitesse, la tension réapparaîtrait sur les ressources, sur le partage des ressources. Les prix accélèreraient, l’inflation aussi, les taux également. La pyramide de dettes s’effondrerait, et avec elle la pyramide des produits dérivés ! La cause ou plutôt la raison des taux bas, nuls et négatifs est inscrite dans les bilans : c’est le surendettement. Si les taux montaient le coût des dettes ferait s’écrouler tout l’édifice. Cela ruinerait le capitalisme fictif, le capitalisme financiarisé. Les taux sont bas parce que s’ils étaient élevés ou normaux, les bilans n’y résisteraient pas. La cause des taux bas, en dernière analyse, c’est... le surendettement incorporé dans les bilans. Les taux sont bas parce qu’il faut préserver l’ordre social : les riches doivent rester riches, les dominants doivent dominer, les classes moyennes ne doivent jamais devenir supérieures. La croissance est faible parce que le système a un boulet qui l’empêche d’avancer : le stock de dettes. Faites comme je le soutiens : luttez contre le surendettement, restaurez la santé des bilans, nettoyez les dettes, augmentez les fonds propres – et vous ferez disparaître le besoin objectif de taux nuls ou négatifs. Restructurez les bilans, euthanasiez les dettes excessives, non-remboursables, celles qui entretiennent les zombies. Faites une opération vérité, sortez des fictions comptables, et vous verrez les taux redevenir normaux, comme ils l’étaient avant dans l’Histoire. Mais pour cela, il faut transférer, il faut faire le contraire de ce que font les élites et leurs gouvernements : il faut restructurer les dettes, ruiner certains détenteurs de capital fictif et forcer le monde capitaliste à remettre des fonds propres dans le système au lieu d’en retirer par les rachats d’actions, le private equity et les dividendes. En prime, un petit graphique juste pour l’image ! [NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
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| LES NOTES DE BILL BONNER
| Le gouvernement US a tout intérêt à faire couler sa propre monnaie
| "La Fed injecte 82 Mds$ sur les marchés financiers", titrait le Wall Street Journal mercredi dernier, en référence aux actions de la Réserve fédérale de mardi. La Fed avait déjà ajouté 60 Mds$ la veille. La "folie repo" dure depuis quatre mois. Il est temps de se poser quelques questions... De la théorie au désespoir Qui est le plus gros débiteur au monde ? Qui a déjà prévu d’emprunter 20 000 Mds$ supplémentaires sur les 20 prochaines années ? Qui a fait le plus gros pari contre la devise US et les obligations d’Etat américaines ? Qui a alors le plus intérêt à voir le dollar US... et les obligations US... chuter ? Qui pourrait gagner jusqu’à 23 000 Mds$ si le billet vert suivait les traces du bolivar vénézuélien demain ? Et qui est en position d’y arriver ? Ces questions ont toutes la même réponse : le gouvernement américain. Personne n’a autant à gagner de l’inflation et d’une chute du dollar et des obligations US en dollar. En août dernier, cet intérêt était encore essentiellement théorique. Depuis septembre, il est réel. Bientôt, il sera désespéré. Des crevettes pour Noël Oui, cher lecteur, si vous laissez les dindes décider, vous aurez de la soupe aux crevettes pour Noël. Ces dindes-là, en tout cas, vont fichtrement s’assurer que le dollar chute. La dette américaine ne peut pas être remboursée. Donald Trump avait promis de l’éponger en huit ans. A la place, il l’augmente de près de 100 Mds$ par mois. De tels déficits ne peuvent pas être couverts par les impôts ou par l’emprunt honnête. Ne reste plus que l’impression de (fausse) monnaie par la Fed ; c’est le seul moyen de sortir du piège de la dette. La semaine dernière, "les investisseurs attendaient les chiffres pour y trouver plus d’indices sur la politique de la Fed", disaient les médias. Ils perdent leur temps. Le programme est déjà décidé... la stratégie est déjà déterminée... le destin de la Fed – et le nôtre – est scellé. C’est "l’inflation ou la mort". Il n’y a pas d’autre moyen. S’il y a jamais eu des doutes sur la question, ils ont été éliminés le 17 septembre 2019. C’est à ce moment-là que la liquidité s’est asséchée sur les marchés des repos – un important segment des marchés du prêt. Le taux pour emprunter au jour le jour s’est envolé à 10%, et la Fed est arrivée à la rescousse. Depuis, elle injecte des milliards de dollars sur le marché des repos. A bas l’empire La guerre et l’inflation ont toujours été des moyens fiables de faire s’effondrer un empire. Nous doutons qu’ils échouent cette fois-ci. Les Etats-Unis sont en guerre depuis près de 20 ans... et les choses ne donnent pas signe de ralentir (le lecteur se souviendra que nous avons appelé cela la première erreur désastreuse du XXIème siècle pour les Etats-Unis). De son côté, la Fed injecte de l’inflation depuis des décennies (la deuxième erreur américaine), mais elle fait désormais tourner la planche à billets plus rapidement que jamais. Ces deux éléments suivront des chemins prévisibles... comme un mauvais mariage... de prometteur à tolérable, puis de tolérable à insupportable. |
LES NOTES DE NICOLAS PERRIN
| La disparition du cash a des inconvénients... n’en déplaise aux autorités
| La monnaie électronique est évidemment très pratique. Il faudrait se lever de bonne heure pour nier les avantages d’innovations telles que la carte bancaire ou Apple Pay... Mais comme le dit Bruno Bertez : "La question n’est pas de s’opposer à la progression des cartes et autres moyens de paiement, elle est de laisser les gens choisir ce qui leur convient, sans volonté de les brimer pour des raisons de surveillance ou de prédation de l’Etat." "La disparition du cash, c’est à terme la disparition de la liberté" Le problème, comme nous l’avons vu il y a quelques jours, c’est que "la disparition du cash, c’est à terme la disparition de la liberté. La disparition du cash rend possible l’arbitraire et la prédation. Elle est contraire au droit de propriété", comme l’écrit Emmanuel Malmendier sur le site Contrepoints. Le 28 octobre, ce comptable-fiscaliste rappelait ceci : "Insidieusement, de nombreuses mesures législatives ou réglementaires tendent à exclure le cash de nos vies, à le rendre hors-la-loi. De telles dispositions ont récemment été prises : renforcement des restrictions sur les paiements en espèces, limitation des retraits et dépôts d’espèces, contraintes sur les systèmes de paiements acceptés par les commerçants, mesures tendant à rendre obligatoires les paiements par carte de débit ou de crédit, etc." Et Emmanuel Malmendier de rappeler quelques écueils de la société sans cash en matière de libertés : "L’instauration d’une société sans cash nous soumet au monopole du lobby bancaire. Lorsque nous déposons de l’argent dans une banque, il ne nous appartient plus : nous devenons créanciers de notre banque qui nous doit notre argent. En cas de crise financière et bancaire, notre seule défense en tant que citoyen ordinaire consiste à retirer notre argent. Dans une société sans cash, cela deviendra impossible. L’instauration d’une telle société institue un droit de regard de l’Etat sur tous les actes d’achat et de vente que nous effectuons, heures et lieux compris, ce que les dispositions permettent. Elle rend possible la mise au ban de la société d’un individu de façon instantanée, sans aucune procédure légale ; avec seulement l’intervention d’un ‘fonctionnaire habilité’ ou même à la suite d’une erreur technique, nos comptes peuvent être bloqués et nous ne pouvons plus effectuer aucun achat d’une autre façon. [...][NDLR : Je renvoie le lecteur à mes précédents articles sur la techno-dictature chinoise.] Elle autorise une taxation arbitraire de nos dépôts bancaires liquides en cas de nouvelle crise, comme l’a vivement recommandé madame Lagarde, présidente du Fonds monétaire international." Ajoutez à cela que la disparition du cash constitue une condition nécessaire à la spoliation continue des épargnants via l’application des taux négatifs, et la liste commence à être longuette, vous ne trouvez pas ? La Suède, patient zéro de la société sans cash En Suède, le montant d’espèces en circulation s’effondre depuis 2010. Avant que la Corée du Sud ne lui ravisse son titre, la Suède était la société la plus cashless du monde. Concrètement, cela prend la forme de pancartes "Nous n’acceptons pas les espèces" sur la plupart des devantures de boutiques, et des distributeurs de billets qui se font de plus en plus rares. Et pour cause : "Pendant des années, le gouvernement et la Riksbank ont réclamé une société sans cash. On compte plus de 1 000 articles publiés sur le site internet de la Riksbank sur le thème de la société sans cash", comme le relève Don Quijones sur ZeroHedge. Un complet retournement de situation quand on sait que la Banque de Suède a été la première banque centrale à introduire du papier monnaie dans les années 1660, 30 ans avant la Banque d’Angleterre. Comme l’explique Bruno Bertez : "La Suède est en avance sur tout, c’est le pays qui à chaque fois va dans le sens des excès maximum : impôts, social-démocratie, immigration, liberté sexuelle, idéologie du genre, etc. Ses erreurs et ses retours en arrière sont donc intéressants." Les autorités publiques suédoises se demandent si elles ne seraient pas allées un peu vite en besogne... Le premier pas en arrière des autorités publiques suédoises date de 2018. Au mois de février, le président de la Banque de Suède s’est ému du fait que le système de paiement national devenait progressivement le monopole du secteur bancaire privé. Stefan Ingves en en effet a appelé à "une nouvelle législation garantissant le contrôle public du système de paiement, affirmant que pouvoir effectuer et recevoir des paiements est un ‘bien collectif’ au même titre que la défense, les tribunaux ou les statistiques publiques", comme le rapporte le journal britannique The Guardian. "La plupart des citoyens se sentiraient mal à l'aise à l’idée de confier ces fonctions sociales à des entreprises privées", a-t-il ajouté. 26 février 2018 : "Débat : les alternatives privées dans la compétition pour la Couronne suédoise" Ce n’est pas tout – le président de la Riksbank a également souligné l’exposition du système de paiements national à une attaque informatique, déclarant : "Il devrait être évident que l'état de préparation de la Suède serait affaibli si, en cas de crise grave ou de guerre, nous n'avions pas décidé à l'avance comment les ménages et les entreprises paieraient pour le carburant, les fournitures et autres nécessités." Il faut croire que les arguments ayant trait à la sécurité nationale n’ont pas effleuré les économistes et conseillers du FMI... Huit mois plus tard, la Riksbank a confirmé sa position en devenant la première banque centrale à œuvrer dans le sens de la préservation des espèces en tant que moyen de paiement. Dans un document publié le 17 octobre, "elle propose d'obliger toutes les banques et institutions financières à offrir des services de paiement en espèces", comme le rapporte encore Don Quijones, de ZeroHedge. En 2019, les autorités suédoises ont continué de se retourner contre la société sans cash. Comme le rapportait le Times le 5 mai, une agence gouvernementale suédoise (la Swedish Civil Contingencies Agency) a conseillé à chaque foyer de stocker des "petites coupures" pour faire face aux cas d’urgence comme "les interruptions de courant électrique, le terrorisme, les cyberattaques d’un Etat voyou ou la guerre". 5 mai 2019 : La Suède, pays pionnier de la société sans cash, met en garde : conservez vos billets de banque Alors que la politique de taux négatifs semble devoir ne jamais s’arrêter, l’enthousiasme suscité par l’utopie de la société sans cash commence à s’estomper chez les autorités publiques suédoises. Voilà un dilemme à la hauteur des duos gouvernements/banques centrales de nos Etats surendettés ! [NDLR : N’attendez pas plus longtemps pour mettre votre argent à l’abri des manipulations étatiques et bancaires – des solutions efficaces existent bel et bien, comme vous le verrez par ici... à condition de faire preuve de lucidité.]
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