Vous souvenez-vous du Harlem shake ? Cette chanson qui avait inondé les réseaux sociaux dans des vidéos où d’illustres inconnus se mettaient à danser soudainement frénétiquement. Le bitcoin semble en proie aux mêmes tourments avec l’attente insupportable d’une décision de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés américains. Hier soir, le compte de l’institution sur le réseau social X a été piraté et a annoncé l’autorisation de commercialisation de tous les ETF bitcoin spot. Une douzaine de sociétés de gestion ont déposé un dossier dans ce sens, mais encore à l’étude, dont le premier gérant d’actifs au monde, BlackRock.
La fausse nouvelle a créé une chandelle verte, jusqu’à 47.897 dollars, puis rouge, en descendant à 44.903 dollars, avec le démenti de Gary Gensler, président de la SEC, quelques minutes après la publication de ce post. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça secoue, et ce n’est peut-être qu’un avant-goût de ce qu’il va se passer aujourd’hui, quel que soit le verdict de l’autorité. Tout le monde s’attend néanmoins à ce qu’elle se résigne à donner son aval aux dossiers, alors qu’elle s’y était toujours opposé jusqu’à présent, et même à ce que les premières cotations commencent dès demain.
On pense déjà à demain
Jan Van Eck, de la société de gestion candidate du même nom, a répondu simplement « oui », hier, à la question de savoir s’il croyait que les ETF allaient commencer à être échangés jeudi, sur CNBC. « Nous sommes préparés à une officialisation mercredi et une cotation jeudi […] Je suis à peu près sûr, à 95%, qu’on commencera les échanges jeudi », confiait hier à Bloomberg Steve McClurg, de Valkyrie, gestionnaire également candidat à un ETF bitcoin spot. Dans une autre interview, au magazine Fortune, il estimait qu’une réponse de la SEC pourrait arriver après la clôture aujourd’hui.
La justice américaine a tranché à la fin de l’été 2023 que l’institution n’avait pas eu de raison valable pour s’opposer à la mise sur le marché d’un ETF bitcoin spot, c’est-à-dire directement investi dans la cryptomonnaie, alors que l’autorité avait autorisé des fonds sur les contrats « futures ». La barrière va-t-elle finir par tomber aujourd’hui ? Si tel était le cas, les capitaux des particuliers américains et des fonds de pension pourraient affluer plus facilement vers l’actif numérique, par l’entremise de ces fameux ETF. Grayscale propose déjà un support de ce type, mais sur le marché de gré à gré, qui capitalise 27 milliards de dollars. La banque Standard Chartered s’attend à voir arriver 50 à 100 milliards de dollars sur l’ensemble des ETF bitcoin spot d’ici la fin 2024.
Rémy Demichelis