Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 9 avril 2025. | |
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L'EDITO | Droits de douane : la méthode Trump sème la confusion | | par Tatiana Serova Journaliste au service économie @TatianaSerova1 Un tableau exhaustif, une avalanche de chiffres et même une formule mathématique… La stratégie tarifaire de Donald Trump aurait presque l'air d'avoir été réfléchie sérieusement. Mais l'illusion s’est vite dissipée. Daniel Bunn, président de la Tax Foundation, est tombé des nues en découvrant la méthode de calcul. "Les droits de douane étant censés être réciproques, je m'attendais à ce que les taux appliqués à chaque pays soient fondés sur les barrières que ces pays appliquent aux États-Unis, confie l'expert. Lorsque j'ai vu ces chiffres, j'ai essayé de leur trouver un sens... mais très vite, on a commencé à comprendre qu'ils s'appuyaient juste sur la balance commerciale". Pour répondre aux interrogations, le bureau du commerce de la Maison-Blanche n'a pas tardé à publier la formule utilisée : une division de la balance commerciale par les importations. "C'est plus un calcul de coin de table qu'une réelle méthodologie", se désole Vincent Vicard, directeur adjoint du CEPII. Une autre décision défie la logique : les pays qui n’ont pas d'excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis… sont quand même frappés d'un taux à 10 %. D'autres, qui n'ont pas de barrières douanières significatives face aux Etats-Unis, se retrouvent affligés de lourdes taxes. "Politiquement, c’est ingénieux, mais mathématiquement, c’est faux, commente Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM. La formule est mise au service de l’objectif de Trump, celui de réduire les déficits commerciaux". La géographie n'est pas non plus le fort de l'administration Trump. La Maison-Blanche a rétropédalé sur les taux appliqués à Saint-Pierre-et-Miquelon et à la Réunion. Ces territoires ont été initialement visés par des taxes à 50 % et 37 %, ramenées ensuite à 10 %, bien que la France - au sein de l'Union européenne - soit soumise à un taux de 20 %. Le même sort a été réservé à l'île Norfolk, appartenant à l’Australie. Sur le terrain juridique, enfin, le président américain assume une lecture très personnelle des lois en vigueur. "Donald Trump a une interprétation abusive des prérogatives commerciales que lui a confiées le Congrès, explique Raphaël Gallardo, chef économiste à Carmignac. Il justifie la plupart de ses mesures tarifaires par une urgence économique — un argument juridiquement contestable devant la Cour suprême. Selon lui, l'urgence réside dans les déficits bilatéraux des Etats-Unis, or ces déficits existent depuis un demi-siècle". Tout concourt à brouiller les repères. Tandis que la fébrilité a gagné les places boursières, les plus avertis choisissent de tirer profit de la confusion ambiante. Le nombre de transactions sur l’indice de volatilité (VIX) des marchés financiers américains a explosé ces derniers jours. Une façon de miser sur l'incertitude. L'époque n'est plus à un paradoxe près. | |
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