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Du Media Freedom Act au JDD : la presse française en ébulition

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« Aucun journaliste ne devrait être espionné en raison de son activité ; aucun média public ne devrait devenir un organe de propagande. » Ces mots, prononcés le 16 septembre 2022, sont ceux de Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne, lors de la présentation de l'European Media Freedom Act (EMFA). Un projet de règlement européen pour la liberté des médias sur lequel les États membres se sont (enfin) accordés la semaine dernière. Seules la Hongrie et la Pologne, pays régulièrement épinglés pour la porosité entre pouvoir et médias, ont voté contre ce texte qui vise à renforcer l'indépendance éditoriale des rédactions et lutter contre la concentration des médias en exigeant plus de transparence sur leur propriétaire et sur la provenance des revenus publicitaires. Un règlement qui insiste également sur le respect du secret des sources par les gouvernements, grâce à la création d'une autorité européenne de régulation des médias et le déploiement de « solides garde-fous pour empêcher l'utilisation de logiciels espions contre les médias, les journalistes et leurs familles », dixit Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, en septembre dernier.
 
La menace spyware
 
Plusieurs associations de journalistes avaient d'ailleurs salué cette annonce. Quelques mois plus tard, au lendemain de l'accord trouvé entre les États, elles avaient radicalement changé de ton. « Si nous soutenons de nombreuses mesures portées par le Media Freedom Act, il demeure un point noir : son article 4, consacré à la protection des journalistes et de leurs sources, détaille Renate Schroeder, membre de la Fédération européenne des journalistes, dans les colonnes du Monde. Le projet de la Commission n'était pas parfait mais, après les dernières négociations, il a été encore plus dégradé. C'est extrêmement préoccupant. » En cause, la dernière version du texte, qui apporte une légère modification sur un point très précis : celui relatif à l'usage de spywares par les gouvernements. Dans la version initiale, la Commission avait prévu une exemption pour sécurité nationale en précisant qu'elle se ferait « au cas par cas ». Sauf que le compromis agréé la semaine dernière élargit les possibilités d'exception en ajoutant à ce fameux article 4 un alinéa qui stipule que « le présent article est sans préjudice de la responsabilité des États membres en matière de sauvegarde de la sécurité nationale ».
 
Le souci du détail
 
En d'autres termes, le Media Freedom Act « légalisera l'utilisation de logiciels espions contre les journalistes », synthétisent une soixantaine d'ONG de défense de la liberté de la presse dans une lettre adressée aux ambassadeurs chargés de la négociation inter-États. Et l'article du journal Le Monde insiste sur un détail qui a toute son importance ici, dans l'hexagone : « Selon Investigate Europe, Netzpolitik et Follow the Money, la France a été à la manœuvre pour ajouter cet alinéa avec le soutien notamment des Pays-Bas, de la République tchèque, du Luxembourg ou de la Grèce, où le logiciel espion Pegasus a été largement utilisé, notamment contre la presse. Interrogée, la représentation française auprès de l'Union européenne n'a pas souhaité faire de commentaire. »

C'est dans ce contexte tendu qu'intervient l'affaire JDD : la nomination de Geoffroy Lejeune, l'ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, à la tête du Journal du dimanche. Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, a beau clamé être à l'origine de cette nomination, « avant tout un choix économiques », tous les regards se tournent vers Vincent Bolloré dont le groupe Vivendi finalise actuellement le rachat de Lagardère. La nomination a entraîné un mouvement de grève des journalistes - reconduit pour au moins 24 h - qui craignent une « CNEWSisation » de l'hebdo.
 
Balayer devant sa porte
 
« Le système Bolloré se met en place : c'est une méthode brutale pour asseoir l'emprise de l'actionnaire, un refus des règles élémentaires du journalisme et le mépris de l'histoire d'un journal », avait même tweeté Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), au lendemain de l'annonce. Trois jours plus tard, c'est la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui l'imitait : « Mon rituel du dimanche, c'était de me réveiller avec le JDD. Aujourd'hui il ne paraît pas. Je comprends les inquiétudes de sa rédaction. En droit, le JDD peut devenir ce qu'il veut, tant qu'il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines, comment ne pas s'alarmer ? »

Et Christophe Deloire de conclure dans une tribune publiée sur le site du Monde : « La défense de l'indépendance éditoriale vis-à-vis de tous les pouvoirs est un combat majeur, à l'heure où l'avenir du journalisme se joue dans un contexte de capture oligarchique, de règne des réseaux sociaux et de développement de l'intelligence artificielle. Un combat mené à Bruxelles, avec le projet de législation européenne sur la liberté des médias (European Media Freedom Act), mais qui doit aussi l'être dans les médias eux-mêmes, notamment ceux qui tombent sous la coupe d'un propriétaire pas comme les autres. »
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illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
Terminées les longues pauses TikTok ou Instagram dans le dos des parents... Désormais, c'est vérification de l'âge pour tout le monde et accord parental obligatoire pour les moins de quinze ans ! L'Assemblée nationale avait déjà dit oui la veille et, jeudi, le Sénat a, lui aussi, validé le texte visant à imposer à ces firmes des contrôles semblables à ceux en vigueur pour les sites de paris en ligne. « Sa date d'entrée en vigueur sera fixée par décret, dans la foulée d'un avis que devra rendre la Commission européenne sur sa conformité avec le droit de l'UE, rapporte Le Figaro. Les réseaux sociaux auront ensuite un an pour se plier à leurs obligations pour les nouvelles inscriptions. »
 
Pourquoi c'est un pavé ?

Concrètement, comme stipulé dans le texte, les plateformes devront vérifier l'âge de tous leurs utilisateurs et obtenir « l'autorisation de l'un des titulaires de l'autorité parentale » pour les moins de 15 ans en mettant en place « des solutions techniques conformes à un référentiel que doit élaborer l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) ». Sous peine d'amendes pouvant aller jusqu'à 1% du chiffre d'affaires mondial. Si les réseaux sociaux sont officiellement interdits aux moins de 13 ans, selon les chiffres de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) cités par Le Figaro, la première inscription interviendrait vers huit ans et demi et la majorité des 10-14 ans y est déjà particulièrement active. Jean-Noël Barrot, ministre chargé de la Transition numérique, a salué « une mesure qui fera date », martelant que la vérification de l'âge est « la mère des batailles » et assurant au passage « [veiller] à ce que ce texte puisse s'appliquer dans les meilleurs délais ». Un pas supplémentaire vers plus de protection des mineurs contre les cyber risques, qui s'inscrit dans une série de combats menée par la majorité présidentielle. Comme le texte sur le droit à l'image des enfants sur les réseaux sociaux récemment adopté par le Parlement, ou celui sur leur surexposition aux écrans validé par l'Assemblée.

Sans oublier le projet de loi visant à « sécuriser et réguler l'espace numérique » que l'exécutif défendra devant le Sénat début juillet et qui inclut une série de mesures pour rendre effective l'obligation pour les sites pornographiques de vérifier que leurs utilisateurs sont majeurs.
UN FORMAT À LA LOUPE
01/07/2023 - NL4 FORMAT
5700 spectateurs entassés au Zénith de Paris un lundi soir. 3 heures d'émission. 1,1 million de vues cumulées en live. 160 000 viewers uniques en moyenne, avec un pic à 187 871 enregistré vers 22 h. Et, surtout, 33% de part d'audience sur le Twitch français. Comme annoncé dans notre édition du samedi 3 juin, le final de la saison 2 de Zen a cassé tous les compteurs de la plateforme. Dernière émission de la saison, mais première en public pour le talk-show animé par Maxime Biaggi et Grimkujow. Dans l'une des plus grandes salles de France, qui plus est. Avec Squeezie comme invité phare, Bigflo et Oli en concert, des burgers distribués aux spectateurs, un happening avec Doigby – créateur concurrent du duo – qui descend du toit en rappel pour tenter d'annuler le spectacle, la soirée a alterné entre la superproduction et le bricolage un peu foutraque. « Comme cette parodie des Men in Black, rapporte Le Parisien, qui a couvert l'événement. La construction de l'émission version XXL est parfois plus hasardeuse, notamment dans la deuxième partie plus fourre-tout où les auteurs ont intégré des références à leurs happenings. » Mais c'est aussi la recette de leur succès : alterner entre des séquences très écrites et des délires plus improvisés, dans un style à mi-chemin entre les grands late shows américains et La Grosse Émission diffusée sur la chaîne Comédie ! au début des années 2000. « Depuis le tout début, on s'est dit que le meilleur moyen de conclure une saison, ce serait de la faire en public, appuie Maxime Biaggi. Le Zénith est un climax, c'est comme une kermesse à la fin de l'école. Il fallait trouver un juste milieu entre l'ADN de Zen et la nécessaire adaptation à la scène. » Mission accomplie, tout en gardant le meilleur pour la fin... Dans une vidéo projetée sur les écrans du Zénith, un vieux grimoire apparaît. Sur la couverture, on peut lire en majuscules : « Zen saison 3 : saison finale ». Cap vers de nouveaux records, donc.
LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
01/07/2023 - NL5 CQAAF
Son nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, vous l'avez sûrement déjà vu en scrollant sur l'écran de votre smartphone... Humoriste, comédien et créateur de contenus qui pèse aujourd'hui plus de deux millions de followers sur les réseaux sociaux, Mr.Nouar a véritablement explosé après une série de vidéos sur le métro parisien postées sur TikTok. Des pastilles très courtes – environ une minute –, où on le voit réagir sans dire un mot (tout en grimaces, façon Khaby Lame) à des situations loufoques capturées par les smartphones des usagers du métropolitain. C'est donc tout naturellement que l'agence Havas Paris l'a contacté afin d'incarner sa dernière campagne de com' pour la RATP. Grimé en arbitre de foot, Mr.Nouar fait respecter les règles et distribue les cartons aux contrevenants dans ce spot intitulé Arbitre de lignes. Une opération de sensibilisation drôle et maligne qui, malgré un manque de spontanéité sur certaines scènes vraisemblablement jouées par des comédiens, a au moins le mérite de mettre en lumière ces comportements apparemment anodins mais qui, mis bout à bout, peuvent causer des accidents graves.
UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
Alerte rose ! Le raz de marée Barbie déferle sur la planète ! Les premières vaguelettes montrant Margot Robbie et Ryan Gosling en Barbie et Ken avaient déjà fait le tour de la toile pendant le tournage. Cette semaine, on peut assurer sans trop se tromper que la machine a promo du film de Greta Gerwig est définitivement lancée. Entre la villa de Malibu peinte en rose et disponible sur Airbnb, l'hôtel Four Seasons de Beverly Hills entièrement transformé pour le Barbie Press Tour et la ribambelle d'activations compilées par le média La Réclame, difficile de passer à côté. D'ailleurs, alors que le film ne sort que le 19 juillet, on compte déjà une belle petite polémique causée par la version française de l'affiche, où une allusion sexuelle bien de chez nous – « Barbie, elle peut tout faire. Lui, c'est juste Ken. » – a obligé le magazine The Hollywood Reporter à donner des cours de verlan à ses lecteurs anglophones : « Le verlan, une forme d'argot popularisée dans les années 80, consiste à inverser l'ordre des syllabes pour former de nouveaux mots. Dans ce cas précis, le mot "forniquer", ou plutôt son diminutif "niquer", devient "queni" ou "keni", transformé en "ken" au fil du temps. » Même Barbie Girl, le titre culte du groupe Aqua, a été (horriblement) dépoussiéré pour l'occasion. Avec Nicki Minaj et Ice Spice au micro, le hit s'appelle désormais Barbie World, mais le refrain reste le même : « I'm a Barbie girl, in a Barbie world. Life in plastic, it's fantastic ! » Et c'est parti pour un long week-end avec cette chanson dans la tête... Ah, ah, ah, yeah !

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