Le bitcoin est à nouveau sous le feu des projecteurs cette semaine, après la publication de deux enquêtes sur les conséquences environnementales du minage (validation des transactions par « preuve de travail »). L’organisation EWG, d’abord, montre que la production électrique pour le minage engendre la pollution de l’air et de l’eau aux Etats-Unis, à cause du charbon brûlé pour alimenter les centrales. Ensuite, le New York Times publie pour la première fois une étude très détaillée sur la part des énergies fossiles utilisées par les mineurs. Elle varie de 72% à 99% selon leur localisation. Des chiffres accablants, mais aussi âprement débattus par les principaux intéressés. Le fait est que le protocole Bitcoin consomme de l’électricité. Beaucoup d’électricité. Personne ne remet cela en cause. Son utilité pour développer les énergies renouvelables, à production intermittente, est battue en brèche par le New York Times, selon qui ces ressources seraient de toute façon utilisées dans le réseau. Il serait toutefois malhonnête de penser qu’on ne peut pas tirer profit des installations électriques en surproduction avec le bitcoin, ou encore l’utiliser pour rentabiliser leur construction. Planifier le minage Tout l’enjeu est de ne pas remplacer la demande des populations par celle des cryptomonnaies. Sans quoi, des augmentations tarifaires seront inévitables… voire un accaparement des ressources par l’industrie du bitcoin. Les mineurs peuvent débrancher en un clin d’œil leurs machines. C’est un atout pour équilibrer l’offre et la demande, mais leur activité est également susceptible de la déséquilibrer au détriment des populations et de l’environnement. Malgré son caractère libertarien, Bitcoin a besoin d’une planification de son économie, de son minage précisément. Le risque, sinon, serait qu’il soit banni et remplacé par d’autres actifs numériques moins énergivores, comme l’ether (ETH), mais peu utile au financement des centrales électriques. Aujourd’hui, d’ailleurs, a lieu une mise à jour du réseau Ethereum. Cette étape (dite mise à jour Shanghai) parachève une transition entamée en septembre (The Merge) de la « preuve de travail », pour laquelle les validateurs sont en compétition, à la « preuve d’enjeu », pour laquelle le droit de validation est conditionné à la mise sous séquestre d’une somme (32 ETH). Un procédé qui rend l’ether 38.000 fois moins énergivore que le bitcoin. Mais peut-être qu’on peut choisir le meilleur des deux mondes. Rémy Demichelis |