EDF: quand les politiques parlent, les actionnaires trinquent Par Etienne Henri De NewTech Insider Europe & Zéro Carbone Millionnaire [L’inflation est à la manœuvre. Le prix de l’électricité flambe. Et, pour le gouvernement français, il est hors de question que le budget des ménages y passe. Des mesures d’urgence ont donc été prises. Place au "bouclier tarifaire". Pour le reste, EDF sera mise à contribution. Une fois de plus, l’Etat français montre qu’il est un bien piètre actionnaire…]
En ce moment, l’actualité illustre plutôt bien le caractère à la fois urgent et inéluctable de la bascule vers les énergies renouvelables. Le gouvernement français vient de dévoiler son plan pour éviter une hausse brutale du coût de l’électricité facturée aux ménages. Vous n’êtes pas sans savoir que le prix spot du kilowattheure (kWh), payé à un instant t par les énergéticiens sur les marchés, s’envole depuis l’été dernier. Cette hausse fulgurante a d’ailleurs causé la faillite de nombreuses entreprises au Royaume-Uni... En France, 70 % des consommateurs sont encore abonnés aux tarifs règlementés d’électricité (TRV). Or, la formule de calcul des TRV a été fixée en 2010 par la loi portant la nouvelle organisation du marché de l’électricité. Elle indique que ceux-ci sont calculés par une méthode dite "par empilement des coûts" des différents éléments de la filière. Selon les estimations de Bruno Le Maire, les TRV auraient dû augmenter de 35 % si la formule de calcul des TRV était appliquée en l’état. Ce bond historique, dû au contexte d’inflation généralisée, dépasse largement la hausse de 12 % précédemment anticipée par le gouvernement. Pour éviter un tel choc inflationniste, inacceptable pour le budget des ménages, le gouvernement a annoncé mettre en place un "bouclier tarifaire" pour plafonner la hausse à 4 %. A quelques mois des élections présidentielles, la mesure – éminemment politique – ne surprendra personne. Les montants en jeu, en revanche, permettent de prendre conscience du poids colossal de l’énergie dans notre société. La première mesure d’urgence du gouvernement a été de réduire la principale taxe sur l’électricité, la Taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE). Elle a été quasiment supprimée, passant de 22,5 €/MWh à 0,5 €/MWh, soit une réduction de -97,8 %. Pour autant, elle ne permettra de couvrir que 15 points de hausse des prix sur les 35 anticipés. Et, en plus, elle coûtera 8 Mds€ par an à l’Etat... EDF sacrifiée sur l’autel de l’inflation
Pour le reste, c’est l’énergéticien national, EDF, qui sera mis à contribution. Le gouvernement l’a sommé d’augmenter de 20 TWh le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents. Il passera ainsi de 100 TWh à 120 TWh, et baissera mécaniquement les coûts d’approvisionnement en électricité des distributeurs. Le coût de la mesure est estimé entre 7,7 Mds€ et 8,4 Mds€, qui seront à la charge exclusive d’EDF. Une fois de plus, l’Etat français montre qu’il est un bien piètre actionnaire et qu’il n’hésite pas à se servir de ses fleurons industriels à des fins politiques. Le lendemain de l’annonce, le titre EDF s’effondrait de -25 % à l’ouverture, perdant en une nuit un quart de sa capitalisation boursière !
Violent gap baissier sur EDF. Quand les politiques parlent, les actionnaires trinquent (infographie : Investing.com)
Malgré ces mesures volontaristes, la question du prix de l’électricité est loin d’être réglée.
L’Europe prend conscience du besoin en nucléaire
Il ne suffit pas de distribuer des milliards d’euros pour que l’électricité reste, d’un claquement de doigt ministériel, abondante et peu chère. Le problème n’est pas que monétaire, il est avant tout physique, et plus que jamais nous avons besoin de la filière nucléaire… Je vous explique en détail pourquoi ici…
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