Le climat d’«UBS bashing» que j’évoquais ici même la semaine passée ne s’est pas dissipé, bien au contraire. Mardi, le Conseil national a presque intégralement suivi le Conseil des Etats et choisi d’avancer vers un durcissement de la réglementation des banques systémiques. Parmi les mesures évoquées figure notamment un renforcement des fonds propres, ce que défend aussi le Conseil fédéral. Le débat sur la question hautement sensible du plafonnement de la rémunération des dirigeants de ces banques à 5 millions de francs par année, une motion déposée par un parlementaire UDC, étonnamment déjà acceptée par la Chambre des cantons, sera abordé ultérieurement. Rappelons que, cette semaine encore, la banque dirigée par Sergio Ermotti a annoncé que son CEO avait relativement moins gagné en 2024 qu’en 2023. Peut-être qu’un des objectifs que le Tessinois n’a pas atteints est précisément de ramener Berne à la raison en évitant une «lex UBS» radicale, car c’est de cela qu’il s’agit. Nous l’avons déjà écrit, UBS doit être surveillée efficacement afin de prévenir un scénario à la Credit Suisse. Tout est cependant question de proportion. Il en va aussi du financement de l’économie tout entière, et même de la place de la Suisse sur la scène internationale si, d’aventure, la banque se trouvait bridée de manière excessive. Afin d’éclairer la discussion, mes deux collègues Christian Affolter et Pascal Schmuck ont essayé de mesurer la valeur que l’établissement aux trois clés produit pour le pays. Réponse? Des centaines de milliards de francs. Auxquels il faut ajouter le rayonnement international de la place financière, premier centre mondial de la gestion de fortune transfrontalière, qui perdrait beaucoup sans la présence d’UBS, leader de ce marché. Un rayonnement qui profite également des réseaux du président de l’établissement, l’Irlandais Colm Kelleher, dont nous avons fait le portrait. La pression sur UBS vient aussi du régulateur. Le directeur de la Finma, Stefan Walter, a rappelé cette semaine qu’il est indispensable de relever les exigences de fonds propres. Des propos appuyés jeudi par le numéro deux de la Banque nationale suisse (BNS), Antoine Martin. Que penser alors du discours de Sergio Ermotti, qui prévient que la compétitivité de la banque en souffrira, et par ricochet la place financière et le financement de l’économie? Avant de réguler davantage, un réel débat sera nécessaire, demande notre correspondant à Berne, Jonas Follonier. L’actualité de la semaine a aussi été marquée par une multitude de décisions de politique monétaire, du Japon aux Etats-Unis, en passant par l’Angleterre et bien sûr aussi la Suisse. Toutes les banques centrales ont opté pour le statu quo, à l’exception de la BNS. Son président, Martin Schlegel, a annoncé une cinquième baisse d’affilée de son taux directeur. La BNS se trouve dans une situation enviable, comme l’explique Pascal Schmuck. Contrairement à ses homologues dans bien d’autres économies développées, elle a rapidement dompté l’inflation. Sa décision réjouira ceux qui renouvelleront bientôt leur crédit hypothécaire ou qui souhaitent en contracter un. En revanche, elle pèsera sur la rentabilité des banques de gestion de fortune, à l’image des résultats en demi-teinte publiés ces derniers jours par Edmond de Rothschild et Syz. Avant de terminer, quelques mots sur un autre type de pression, démographique cette fois. L’UDC souhaite limiter la population résidente en Suisse à 10 millions d’habitants. Hier, par la voix de Beat Jans, le Conseil fédéral n’a proposé aucune autre réponse que le rejet simple de cette dangereuse initiative. C’est irresponsable, critique Jonas Follonier. Nous n’avons pas fini d’en parler. Enfin, je signale deux scoops que vous trouverez en lien ci-dessous: – L’enquête de Nathalie Praz sur les finances à la dérive de l’Hôpital fribourgeois – L’interview par Sophie Marenne du CEO de l’impressionnante biotech zurichoise Araris, qui n’emploie que 16 personnes mais a été valorisée à un milliard de francs à l’occasion de son rachat par un groupe japonais. |