Facebook, c'est pas beau de mentir ! | | « Facebook va plus mal qu'on ne le pensait », d'après le New York Times. Après la panne majeure de Facebook et ses applications sœurs pendant près de six heures ce 4 octobre dernier, le réseau social a passé une semaine mouvementée. Suivant une stratégie médiatique « millimétrée », Frances Haugen, surnommée la « lanceuse d'alerte de Facebook », a attaqué la société sur tous les fronts. Cette ancienne employée a quitté le réseau social en mai 2021 en emportant des milliers de documents de forums internet, pour certains rendus publics. Alors qu'elle témoigne sur les pratiques de son ex-employeur devant la commission sénatoriale américaine, Frances Haugen a également déposé plainte auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission). L'objet du litige ? Pendant des années, Facebook aurait dissimulé le nombre réel de ses utilisateurs à ses actionnaires. On fait le point. Des déclarations faussées
« Pendant des années, Facebook a induit en erreur les investisseurs et les annonceurs au sujet de (sa) base d'utilisateurs en déclin dans des segments démographiques importants »(comprendre les adolescents et les jeunes adultes, ndlr), a expliqué Frances Haugen. La plainte précise que le réseau a multiplié les « déclarations inexactes et des omissions importantes dans des déclarations aux investisseurs et aux investisseurs potentiels », aussi bien auprès de la SEC, du Congrès que des médias. La société a ainsi tronqué ses chiffres en comptabilisant les utilisateurs disposant de plusieurs comptes (un seul utilisateur pouvant avoir plusieurs comptes Facebook « actifs »). Selon la plainte, « la mauvaise gestion des comptes en double par Facebook constitue une fraude de grande ampleur à l'encontre de ses annonceurs et des fausses déclarations aux investisseurs ». En présentant de manière inexacte le nombre d'utilisateurs, le réseau social a donc systématiquement « surfacturé les annonceurs ». La plainte précise que Facebook dispose d'algorithmes sophistiqués pour évaluer l'existence de comptes dupliqués : la société est donc « bien consciente que le fait de ne pas inclure les comptes dupliqués fausse ses modèles publicitaires ». « Facebook, c'est pour les vieux »
Selon un rapport interne de la firme, le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens de Facebook chez les adolescents et les jeunes adultes est en baisse depuis 2012-2013. Seuls les utilisateurs de 25 ans et plus augmentent leur utilisation de Facebook. Des projections internes estiment que la baisse de l'engagement des adolescents pourrait entraîner un déclin global de 45 % des utilisateurs américains au cours des deux prochaines années. D'après d'autres sources internes, les jeunes adultes souhaitent un « contenu édifiant et motivant, mais considèrent le contenu de Facebook comme négatif, faux et ennuyeux ». « Facebook, c'est pour les vieux », a ainsi statué un garçon de 11 ans aux chercheurs de l'entreprise. Un point de non-retour ?
Ces découvertes progressives sont annonciatrices d'un « déclin, lent, inexorable, que reconnaîtra quiconque qui a déjà vu de près une entreprise agonisante », selon le New York Times. Même son de cloche chez The Economist : « Facebook est proche d'un point de non-retour en termes de réputation. » La firme basculerait vers le côté obscur de la force et « risque de rejoindre les rangs des intouchables, à l'instar des fabricants de tabac ». De ce fait, la société risque de perdre de son pouvoir d'attractivité auprès de son personnel jeune et libéral. « Qui veut d'un metavers créé par Facebook ? Peut-être autant de personnes que celles qui voudraient que leurs soins de santé soient assurés par Philip Morris. » Ouch. | | | JUNGLE STORIES | Journalistes : profession désenchantée
Épuisés par un métier « passion », les journalistes sont de plus en plus nombreux à quitter la profession. C'est le constat dressé par le sociologue Jean-Marie Charon et la chercheuse à l'université Le Havre-Normandie, Adénora Pigeolat, dans leur essai tout juste paru, Hier, journalistes. Ils ont quitté la profession, aux éditions Entremises : le nombre de cartes de presse délivrées a reculé de 10 % ces dix dernières années – un rythme de recul qui double même en 2020. Hausse de la précarité, dégradation des conditions de travail, perte de sens, nature délétère des relations entre collègues ou avec la hiérarchie, transformation des médias qui « rendrait insupportables » les conditions d'exercice du métier, corps et santé qui flanchent... Story Jungle a échangé avec Jean-Marie Charon sur les raisons de ce désenchantement. | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | C'est un joli pavé que jetait en septembre dernier Bertille Toledano, présidente de BETC et coprésidente de l'AACC (associations des agences conseils en communication), dans la mare des rencontres de l'UDECAM : « La filière communication est dans une situation de paupérisation avec 0,3% de croissance quand l'indice des prix est de 0,5%... La croissance n'est pas aussi forte dans nos métiers qu'elle l'est ailleurs. ». Pourquoi c'est un pavé ? « On ne recrutera pas des gens forts et bons si on a rien pour les payer », poursuivait-elle, voyant les potentiels recrus des agences filer vers les GAFA ou encore des start-ups ! Chez Story Jungle on saisit le pavé au bon : on a proposé à Bertille Toledano d'en discuter en live sur LinkedIn mercredi 13 octobre à 11H30 ! | UN FORMAT À LA LOUPE | | LinkedIn lance en pilote les lives payants. « LinkedIn Events a connu une forte croissance, avec 21 millions de personnes participant à un événement sur LinkedIn en 2020 », a expliqué Nicole Leverich, porte-parole de LinkedIn. C'est dans ce cadre favorable que la plateforme tente de nouvelles façons « d'améliorer l'expérience » : le réseau explore des options de paiement sur la page Event. Cette nouveauté pourrait créer une source de revenus à la fois pour le réseau social et les créateurs. Pour l'heure, le test concerne un petit groupe d'utilisateurs, et la société n'a pas encore décidé si elle allait le déployer à grande échelle. D'après Techcrunch, cette option « fait partie d'une plus grande refonte que la société cherche à faire autour des services vidéo et audio ». | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Il s'agit du premier clip musical réalisé par Wes Anderson, sorte de préambule de son film très attendu « The French Dispatch ». Le réalisateur a fait appel à l'illustrateur Javi Aznarez au style très « Hergé-esque » (The New Yorker, Vogue) pour mettre en lumière la chanson thème du long-métrage, Aline – un de ses titres de prédilection. Le clip illustré met en scène la pop-star Tip Top, déambulant dans un Paris d'autrefois : le chanteur danse devant Tilda Swinton, en train d'observer de vieux joueurs de pétanque, ou utilise un cadavre flottant dans un canal en guise de tremplin. « Ce qui est vraiment frappant, c'est l'aspect français de la vidéo », insiste Octavia Peissel, la coproductrice de Wes Anderson. Ce petit bijou de 3 minutes 40 a nécessité huit mois de labeur, la coordination de neuf personnes et une anxiété à gérer de la part du timide illustrateur Javi Aznarez : « Même si Javi s'est retrouvé à dessiner en direct sur le plateau avec Wes, ou à dessiner des rats sur le décor du film jusque tard dans la nuit, il admet que la réalisation d'Aline a été l'aspect le plus difficile de son travail », rapporte un reportage bien documenté de We Present. On dit bravo ! Et sinon, on vous conseille ce long format 3D du Parisien : auraient-ils mis la main sur la techno du New York Times ? | LE CONTENU QU'ON A AIMÉ FAIRE | On vous conseille la deuxième vidéo Be investisseur Responsable par Neuflize OBC qui analyse les résultats des élections allemandes du 26 septembre dernier sous un prisme économique et financier. Stéphane Soumier, journaliste économique et président fondateur de B Smart, interroge Olivier Raingeard (Global Head of Equity de la banque Neuflize OBC) et Matthias Fekl (ex secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur). Produite par nos soins.
| UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Comment le bio est-il devenu la poule aux œufs d'or de la grande distribution ? Un reportage alarmant de Complément d'enquête explore les dérives d'un business très lucratif : productions hors saison, nature exploitée, prix exorbitants. En 2020, le bio a rapporté 13,2 milliards d'euros en France. On y apprend notamment comment la grande distribution se « gave » sur les légumes bio, avec une politique de marge assez ahurissante. Selon une étude menée par UFC-Que Choisir, la grande distribution applique des marges en moyenne 76 % plus élevées dans le bio que dans le conventionnel, sans réelle raison si ce n'est celle du profit. Instructif, mais déprimant. À voir en replay.
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