Un vol d’hirondelles et c’est une bouffée de printemps qui nous saisit en ce début d’hiver avec Karim Moussaoui, lauréat 2016 avec EN ATTENDANT LES HIRONDELLES; il incarne le renouveau du cinéma algérien. Sélectionné à Cannes cette année, son film prend son envol le 8 novembre. Il faut remonter en 2000 pour compter une lauréate algérienne avec Yamina Bachir Chouikh et son film extrêmement poignant RACHIDA (Cannes, 2002). Si RACHIDA nous parlait du courage des femmes durant les années noires liées à la montée du terrorisme islamiste, Karim Moussaoui évoque avec une grande finesse, sous forme d’un cadavre exquis, l’Algérie contemporaine déracinée et divisée. La relève est assurée !
C’est un printemps des mots car, de culture française, Karim a dû adapter ses dialogues français en dialecte algérien peu avant le tournage, avec ses acteurs. Moment délicat pour trouver le ton et l’émotion juste.
Le printemps des mots, ce sont ceux aussi de Lila qu’incarne Sara Forestier dans le film M, qu’elle a réalisé et qui sort le 15 novembre. Des mots emprunts de poésie mais que Lila, bègue, peine à prononcer. Des mots que Mo, son amoureux analphabète, ne sait pas lire. Sara Forestier filme l’excitation de ce premier amour, les tiraillements, le désir, « la part animale » chez ces deux jeunes gens que rien ne prédestinait à se rencontrer. Un film viscéral que l’actrice portait en elle depuis des années et que la Fondation Gan a été heureuse de soutenir avant d'être couronné de deux prix prestigieux à la Mostra de Venise. Voilà qu’il éclôt enfin comme une fleur du printemps et nous révèle une réalisatrice.
Dominique Hoff Déléguée générale de la Fondation Gan pour le Cinéma |