Fraude publicitaire : Ennemi public n°1 ? Peut-on se fier aux chiffres ? Une tribune du
New York Magazine, publiée fin décembre, intitulée « Quelle part d'Internet est "fake"? », a remis sur le devant de la scène la question de la fraude publicitaire. En quelques années, cette menace est devenue la préoccupation majeure des annonceurs et des éditeurs, dans un marché où le digital tient le haut du pavé. À raison.
« Si nous ne nous mobilisons pas, la fraude sur la publicité digitale sera en 2025 la seconde source de revenus des organisations criminelles, juste derrière les profits tirés du trafic de drogue », a estimé Stephan Loerke, le directeur général de la World Federation of Advertisers (WFA). En effet, celle-ci toucherait de 10 à 30% des investissements publicitaires dans le monde, et pourrait dans les sept ans à venir atteindre les 50 milliards de dollars.
Bots, empilement de publicités, « pixel stuffing », fraude à la géolocalisation, détournement de cookies, usurpation de domaines, ferme à clics : chez les fraudeurs, les moyens sont multiples pour toucher le jackpot. «
C'est un business colossal pour trois raisons. D'abord parce que c'est plutôt facile à réaliser techniquement, pas besoin d'être un surdoué de l'informatique. Ensuite, parce que c'est peu risqué : la plupart des pays n'ont pas de législation pour lutter contre la fraude publicitaire. Enfin, car c'est très rentable. Cela rapporte davantage que le crime organisé, le vol d'adresses IP et l'extorsion de fonds, qui sont les trois autres secteurs les plus lucratifs dans la cybercriminalité », résume Yann Le Roux, le directeur général d'IAS France.
Si les hackers forment une armée très organisée, les autorités et les annonceurs commencent à répliquer. Fin novembre, huit pirates russes et kazakhs ont été mis en accusation par le ministère de la Justice américain. Ils auraient amassé 36 millions de dollars entre 2014 et 2018, en ayant recours à de faux clics sur des publicités. Une initiative judiciaire isolée, qui on l'espère pour les annonceurs, sera suivie de beaucoup d'autres...