Fidèles adeptes,

La sagesse populaire dit qu’au bout de trois fois, on peut considérer que les choses existent, donc voilà, c’est officiel, la newsletter est revenue. Elle est ressuscitée. Ce sera l’occasion de vous donner des nouvelles de mes névroses, de nos merveilleux podcasts et de notre joyeuse vie de bureau.

Alors voilà, c’est parti :

Quand je suis devenue mère, ça a été la totale : flot d’amour blablabla, force du lien blablabla, terreur, baby blues (en vrai le mot exact c’est dépression) et fin de l’insouciance. Mais dans le lot il y avait aussi le sentiment de toute puissance. Je ne parle pas de la puissance de la Femme avec un grand F qui communie avec Gaïa, et le grand ventre cosmique, parce que la vie est en elle, parce qu’elle est la vie, non, je parle du sentiment bien dégueulasse de la toute-puissance qu’on a du jour au lendemain sur un petit être effroyablement dépendant et vulnérable.

C’est d’autant plus flippant qu’au fur et à mesure l’enfant se met à vous adorer. Vous êtes la septième merveille du monde, quelque chose entre Dieu et HAL 9000. Vous êtes la beauté, vous avez la meilleure odeur, le savoir universel, le pouvoir de guérir les blessures, d’apaiser la peur, de consoler les chagrins…Vous êtes Madonna et Beyoncé, le pape et Dark Vador.

Et c’est justement le côté obscur du truc qui est intéressant. C’est la tentation qu’on peut avoir d’exercer cette toute puissance, de tester l’effet de la grosse voix, des gros yeux, du chantage et parfois de la violence. Le plaisir de faire s’abattre la colère divine.

Une fois, j’ai donné une claque à mon fils. Je m’en souviens parfaitement, presque physiquement. L’énervement, l’impatience, la colère, la décision, le geste, l’impact, la sensation de pouvoir, de satisfaction et de défaite (puis la culpa colossale et la honte éternelle).

Ce sont un peu ces questions que les autrices de ce mois-ci ont voulu se poser. Qu’est-ce qui se passe quand I’ve got the power, comme disait Snap en 1990 ?

Du coup, la voilà notre bonne résolution de janvier : ne pas exercer de domination et tenir le dry january avec Delphine Saltel.

La moitié du gourou
de Manon Prigent, réalisé par Arnaud Forest
à écouter dans notre podcast "A suivre"

Manon Prigent a tendu le micro à une femme qui a vécu 6 ans dans une secte sous l’emprise d’un gourou au point de devenir sa compagne et d’exercer à son tour violence et pouvoir sur les adeptes. Elles décortiquent ensemble les mécanismes qui l’ont mené à commettre des viols.

La maison du loup
de Julie Gavras, réalisé par Charlie Marcelet
à écouter dans notre podcast "Profils"

Julie Gavras, nous emmène en Belgique à la rencontre d’une équipe de psychologues, de psychanalystes et de travailleurs sociaux. Ils exercent en collectif et avec un sens de la dérision qui les porte pour soigner les pédocriminels et veiller à prévenir le passage à l’acte. Un acte qui est une volonté de domination sur les enfants.

Bon, après ça, Charlotte Bienaimé est là pour nous proposer d’autres horizons et nous fait rencontrer des gardiennes de musée de Dunkerque dont la bonne humeur ne nous fera pas de mal.

Quelques nouvelles du bureau

Juliette Cordemans et Mina Souchon sont les deux stagiaires qu’on a réussi à attirer à ARTE Radio et à convaincre de rester avec nous pendant 6 mois. Elles sont mal payées, elles sont supers, meilleures que nous, elles font que bosser, elles nous expliquent la vie et les expressions qu’on ne comprend pas, elles nous apprennent des nouveaux raccourcis claviers et le bon usage des emojis légumes, on se sent rajeunir. En plus, elles ont décidé de jeter à la poubelle les vieux trucs qui trainaient dans le bureau. Du coup, alléluia, on a des étagères vides, sur lesquelles on va s’empresser de stocker des machins inutiles, (mais on a sauvé la très vieille et poussiéreuse bouteille de gin entamée et le petit bidon d’huile d’olive au citron.) Pour les remercier, comme on est trop sympas, on les emmènera avec nous profiter du vent et du crachin breton à Brest, au seul et unique festival de la radio et de l’écoute, j’ai nommé Longueur d’ondes. Si ça vous dit on se voit là-bas.

Perrine Kervran

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