Depuis plusieurs jours, les Français se préparent au 5 décembre. Comme on barricaderait sa maison à l’approche d’une tempête, ils prennent leurs dispositions pour pouvoir continuer à travailler et se déplacer une fois la grève entamée. Il faut dire que le mouvement s’annonce particulièrement suivi dans les transports : 10 % du trafic SNCF assuré, 20 % des vols annulés, 11 lignes de métro fermées à Paris, des perturbations sévères dans les grandes métropoles régionales. L’enseignement aussi ne sera pas épargné avec 55% de grévistes prévu dans les écoles demain. Le quotidien de millions de Français va donc se compliquer grandement à partir de demain et pour une durée indéterminée dans une sorte de remake des grèves de 1995. Dans ces conditions, l’indulgence de l’opinion publique face à ce mouvement – 58% de nos concitoyens disent approuver la mobilisation selon un sondage Elabe pour BFMTV – a de quoi surprendre. Il faut sans doute y voir la volonté d’atteindre Emmanuel Macron et sa politique de réformes. D’autant que ce même sondage montre que l’approbation est particulièrement forte parmi les électeurs de Mélenchon, Hamon et Le Pen, candidats malheureux de 2017. Car, sur le fond, on se demande bien ce qui pourrait rendre acceptable par une majorité de Français un mouvement reposant pour l’essentiel sur la défense par une minorité de régimes spéciaux qui représenteront à eux seuls la moitié du déficit de notre système de retraite en 2025.