Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. |
Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. |
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. |
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. |
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. |
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » |
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » |
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. |
Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » |
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » |
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. |
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » |
Les disciples sont de nouveau le jouet des flots et une tempête pareille à la première (Mt 8,24) se déchaîne contre eux ; mais alors ils avaient Jésus avec eux, tandis que cette fois ils sont seuls et livrés à eux-mêmes... Je pense que le Sauveur voulait ainsi ranimer leur cœur endormi ; en les jetant dans l'angoisse, il leur inspirait un plus vif désir de sa présence et il rendait son souvenir constamment présent à leur pensée. C'est pourquoi il n'est pas venu tout de suite à leur secours, mais « Vers la fin de la nuit, il est venu vers eux en marchant sur la mer ». (...) |
Pierre, toujours bouillant, toujours devançant les autres disciples, lui dit : « Seigneur, si c'est bien toi, donne-moi l'ordre de venir à toi sur les eaux » (...) Il ne lui dit pas : « Donne-moi l'ordre de marcher sur les eaux » mais « de venir à toi », car personne n'aimait Jésus comme lui. Il a fait la même chose après la résurrection : ne pouvant pas supporter d'aller aussi lentement que les autres dans la barque, il s'est jeté à l'eau pour les devancer et satisfaire son amour du Christ. (...) Descendant donc de la barque, Pierre s'avançait vers Jésus, plus heureux d'aller vers lui que de marcher sur les eaux. Mais après être venu à bout du danger le plus grand, celui de la mer, il a failli succomber à un moins grave, celui du vent. Telle est la nature humaine : souvent, après avoir dominé des dangers sérieux, nous sommes abattus par de moins importants (...). Pierre n'était pas encore délivré de toute frayeur (...) malgré la présence du Christ près de lui. C'est qu'il ne sert de rien d'être à côté du Christ, si on n'en est pas proche par la foi. Voilà ce qui souligne la distance qui séparait le maître et le disciple. (...) |
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Si donc la foi de Pierre n'avait pas faibli, il aurait résisté au vent sans difficulté. Et la preuve, c'est que Jésus saisit Pierre, tout en laissant le vent souffler (...) De même que la mère soutient de ses ailes le petit oiseau sorti du nid avant le temps, quand il va tomber à terre, et le ramène dans le nid, ainsi fait le Christ à l'égard de Pierre. |