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IA & désinformation : le ton monte à Bruxelles !

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La guerre déclenchée par le Hamas en Israël a entraîné une vague de désinformation et de contenus frauduleux – générés notamment par l'IA –, poussant l'Union européenne à accentuer la pression mise par le DSA sur les grandes plateformes sociales.
 
« Suite aux attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël, nous disposons d'indications selon lesquelles votre plate-forme est utilisée pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l'UE. » L'avertissement date du 10 octobre et il est signé Thierry Breton, commissaire européen au numérique, dans un courrier adressé directement à Elon Musk. Un courrier que celui qui se présente comme un « Digital enforcer » a d'abord publié sur son compte Bluesky récemment créé, puis sur X.
 
Le cancre X
 
« Nous avons reçu, de sources qualifiées, des rapports sur des contenus potentiellement illégaux circulant sur votre service malgré les signalements des autorités compétentes, poursuit la lettre. Lorsque vous recevez des notifications de contenu illégal dans l'UE, vous devez agir rapidement, avec diligence et objectivité et retirer le contenu en question lorsque cela est justifié. » Fin septembre, c'est la vice-présidente de la Commission, Vera Jourova, qui épinglait X en conférence de presse – pour ses mauvais résultats lors d'une série de tests menés sur plusieurs réseaux sociaux – et s'inquiétait du taux de désinformation sur la plateforme du milliardaire aux trois passeports (Afrique du Sud, Canada et USA).
D'autant que, depuis la semaine dernière, les articles de presse partagés sur X s'affichent sous la forme d'une simple image, sans titre ni description (pour des « raisons esthétiques » s'était justifié Musk), réduisant ainsi la visibilité des organes de presse sur le fil des utilisateurs.

Meta et TikTok dans la même sauce
 
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que l'homme d'affaires a un sérieux problème avec les concepts de fiabilité et de vérification des sources. « Elon Musk s'est attiré de nombreuses critiques pour avoir incité ses quelque 160 millions de followers sur X à s'informer sur le conflit entre Israël et le Hamas en suivant deux comptes pourtant connus pour répandre de fausses informations, souligne le journal Le Monde. Le milliardaire a ensuite effacé son post, mais il avait été vu des millions de fois. »
Et il n'est pas le seul à être pointé du doigt par la Commission européenne. 24 heures après le boss de X, c'est Mark Zuckerberg qui recevait des nouvelles du « Digital enforcer ». Le même ultimatum, le même champ lexical, à un mot près qui vient s'ajouter comme un cheveu sur la soupe de Meta, « deepfake » : « Nous avons eu connaissance de rapports faisant état d'un nombre important de deepfakes et de contenus manipulés qui ont circulé sur vos plateformes et dont quelques-uns apparaissent encore en ligne. »
Rebelote le lendemain dans la boîte mail de Shou Zi Chew, directeur général de TikTok avec, cette fois, une attention particulière portée par Thierry Breton aux enfants et adolescents exposés à « ces images fausses et manipulées que votre plateforme véhicule largement dans l'UE ». Et qui reprennent, pour certaines d'entre elles, la même technologie d'IA que ces deepfakes audio repérés, dans un tout autre contexte, par le New York Times.
 
L'avenir du DSA en question ?
 
Selon cet autre article du Monde, « en envoyant ces lettres, on met un coup de pression pour faire bouger les lignes, explique-t-on dans l'entourage de Thierry Breton. On fait aussi de la politique ».
Au-delà de l'autorité du commissaire européen au numérique, ce qui joue aussi, ce n'est ni plus ni moins que la viabilité du DSA. « On aurait tort de penser que la désinformation est un incurable fléau spécifique à X. La situation actuelle en Israël/Palestine montre qu'elle naît bien souvent sur Telegram, qui n'est pas soumis aux règles des "très grandes plateformes" du DSA », enfonce Olivier Tesquet, journaliste expert des questions numériques chez Télérama, en commentaire d'une capture d'écran de cet article du New York Times où l'on peut lire : « Les groupes israéliens qui surveillent la désinformation et les discours haineux sur les réseaux sociaux expliquent que les contenus choquants apparaissent souvent sur Telegram. Ils se déplacent ensuite sur X avant de contaminer d'autres réseaux sociaux. »
Toujours est-il qu'à ce stade, aucune mesure ne peut réellement être prise à expiration du délai fixé par Thierry Breton. « D'un point de vue strictement procédural, l'Union européenne ne peut rien engager tant que le comité composé des vingt-sept coordinateurs DSA de chaque État-membre (l'Arcom pour la France) n'aura pas été mis en place, conclut Le Monde. Or, celui-ci ne sera opérationnel que début 2024. » En attendant, les réponses – ou les non-réponses – apportées par X, Meta et TikTok iront garnir les étagères déjà bien pleines des contentieux européens à l'égard des plateformes...
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illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
« Il n'y a jamais eu autant de podcasts et d'auditeurs, et pourtant, les temps sont durs pour l'écosystème de création de podcasts français... » Même s'il officie aussi en tant que chroniqueur sur France Inter, c'est avec sa casquette de cofondateur du Paris Podcast Festival – qui se tient les 13 et 14 octobre à la Gaîté Lyrique – que Thibaut de Saint Maurice a répondu aux questions de Libération.
Outre des débats, des conférences, des enregistrements en public, ainsi qu'une remise de prix dans huit catégories, le Paris Podcast Festival, c'est aussi l'événement choisi par le CSA et l'agence Havas pour dévoiler leur étude annuelle sur les habitudes de consommation des auditeurs. Entre engouement et manque de budget...
 
Pourquoi c'est un pavé ?

Tout d'abord, l'étude montre un nombre croissant d'auditeurs réguliers de podcasts, avec une part d'auditeurs mensuels de podcasts natifs qui atteint 37%. « Cela n'avait jamais été aussi haut. Ça veut dire qu'il y a une connaissance du média qui progresse, mais que l'usage progresse aussi, avance Thibaut de Saint Maurice. Le deuxième chiffre intéressant, c'est que, pour 81% des auditeurs réguliers de podcasts, l'écoute est un moment singulier dans leur pratique médiatique, ceux-ci allant jusqu'à la qualifier de moment de déconnexion. Ce chiffre permet d'envisager la possibilité d'une écologie numérique, les podcasts comme des espaces de respiration dans ce monde hyperconnecté. »

Des espaces de confiance, aussi, et d'expression pour les marques. 88% des auditeurs considèrent le podcast comme un média de confiance, et 86 % estiment qu'il s'agit là d'un bon moyen de s'exprimer pour les marques. « Alors qu'il y a de plus en plus de podcasts portés par des marques, qu'ils soient très institutionnels voire parfois un peu promotionnels, on observe que l'adhésion des auditeurs et des auditrices à ces podcasts de marques reste très élevée. [...] Il y a donc, d'après les auditeurs, une forme de reconnaissance de la légitimité à aller sur ce terrain-là pour les annonceurs », décrypte celui qui est également prof de philo dans un lycée francilien.
 
Mais alors, quel est le problème au juste ? « Le podcast, c'est une pratique de création qui n'est, aujourd'hui, pas soutenue par les pouvoirs publics. [une aide à la création de podcasts existe depuis trois ans, mais elle vise uniquement les auteurs, et non les producteurs, ndlr] Ce qui est assez singulier puisque le livre, la musique, le spectacle vivant, le théâtre, le cinéma, les jeux vidéo, tout cela profite de politiques de soutien à la création, ou de soutien à la rencontre avec les publics... Et c'est tant mieux, c'est ce qu'on appelle l'exception culturelle française, reprend Thibaut de Saint Maurice. Mais il se trouve que le podcast natif, lui, n'est pas reconnu. Et ça devient vraiment problématique puisque cela rend l'écosystème assez peu solide, assez fragile. [...] Si rien n'est fait, tout le monde se plaindra dans cinq, dix ans, qu'il s'agit encore d'un domaine sur lequel les Anglo-Saxons ont organisé leur mainmise avec leurs grandes plateformes comme Apple Podcasts, Spotify ou Amazon Music. Il y a un combat à mener maintenant, avant qu'il ne soit trop tard... »
UN FORMAT À LA LOUPE
NL4 FOMAT 14/10/2023
L'IA générative va-t-elle disrupter la publicité sur les réseaux sociaux ? Pour Google et LinkedIn, la réponse est oui. Les deux plateformes viennent d'annoncer le lancement d'outils permettant d'automatiser la création de campagnes publicitaires.

Conçu par la firme de Mountain View pour ses utilisateurs Google Ads, Demand Gen vient insuffler de l'IA dans les campagnes Discovery. De nouvelles fonctionnalités, un inventaire, des insights et « un flux de création d'annonces amélioré », pour « rationaliser le processus de découverte et de conversion des consommateurs » en proposant un contenu adapté à l'audience ciblée, dixit ce blogpost signé par Vidhya Srinivasan, vice-présidente et directrice générale de Google Ads : « Pour suivre le rythme du paysage médiatique en évolution, les annonceurs sociaux doivent adapter leurs stratégies pour obtenir des résultats. En juin, nous avons lancé les campagnes Demand Gen pour vous aider à capter l'intérêt de milliards d'utilisateurs lorsqu'ils passent du temps sur YouTube et d'identifier les points de contact visuellement immersifs de Google. Les créations attrayantes peuvent inciter à l'action, tandis que nos solutions d'audience et d'enchères aident à susciter l'intérêt d'un plus grand nombre de clients potentiels. »

Quelques jours plus tôt, c'est LinkedIn qui faisait passer Campaign Manager sur le billard de l'IA générative. Le greffon s'appelle Accelerate, il permet d'automatiser la création de vos campagnes de A à Z, et on vous détaille son anatomie dans la dernière édition de notre newsletter Dans la Jungle de LinkedIn...
Les 2 plateformes emboitent ainsi le pas à Meta qui avait déjà lancé Meta Advantage en 2022, une technologie s'appuyant sur le deep learning, amélioré en mai dernier par le lancement d'AI sandbox, une fonctionnalité dopée à l'intelligence artificielle générative.
LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
NL5 CQAAF 14/10/2023
« En parallèle du lycée, Marcus s'occupe au quotidien d'Oumar, un père fantasque atteint d'une sclérose en plaques. Marcus rêve d'entrer dans une école de cinéma située loin de chez eux mais le quotidien ne lui laisse que peu de temps pour y songer. Un jour, très pris par sa vie à mille à l'heure de jeune aidant, il apprend qu'il n'a plus que quelques jours pour envoyer son film de candidature à l'école. Il décide alors de faire son film tout en cachant son potentiel départ à son père. Mais son quotidien de jeune aidant va le rattraper... » Avec L'invulnérable, un court métrage de 25 minutes signé Lucas Bacle, la Macif souhaite sensibiliser sur la situation des 700 000 à un million de jeunes aidants que compte la France, contraints parfois de renoncer à leurs rêves, puisqu'environ 30% d'entre eux ont modifié leur orientation professionnelle pour se lancer dans des études plus courtes selon les chiffres avancés par le groupe mutualiste niortais. Le scénario est inspiré d'une histoire travaillée en collaboration avec de jeunes aidants de l'association JADE (Jeunes Aidants Ensemble) et la vidéo est disponible depuis le 6 octobre – journée nationale des aidants – sur la chaîne YouTube de la Macif. Un film d'une grande qualité, drôle et touchant. Le genre d'initiative qu'on aimerait voir plus souvent sur le marché des contenus de marque.
UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
Diffusée sur Canal+Docs et disponible depuis le 6 octobre sur la plateforme MyCanal, Narco Circus est une série documentaire en quatre épisodes de 52 minutes qui raconte l'histoire secrète des alliances diaboliques entre les barons du narcotrafic, la police anti­drogue américaine – la fameuse Drug Enforcement Administration (DEA, ou « la déa » pour les puristes de Breaking Bad et Narcos) – et le sommet de l'État mexicain vérolé par la corruption. Des images inédites, des interviews exclusives d'anciens membres du cartel de Sinaloa (dirigé par Joaquín « El Chapo » Guzmán, le plus gros narcotrafiquant mexicain arrêté en janvier 2016 avant d'être extradé puis jugé trois ans plus tard aux USA), une collection délirante de masques de lucha libre qui fout sacrément les jetons, et des questions qui fâchent posées dès la bande-annonce : « Et si la guerre contre la drogue n'était qu'un mensonge ? Et si les États étaient complices des cartels ? Quand chacun avance masqué, qui contrôle qui ? Tout ça, c'est un grand cirque... »

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