« Photôs, lumière, graphein, écriture… Le photographe est celui qui écrit avec la lumière mais l’Inde nous enseigne que Dieu est aussi le musicien qui joue de nos corps comme d’un instrument de musique… », disait-il volontiers. L’une des premières images (1967) qui a fait sa notoriété et que nous avions alors croisée en Une d’un discret magazine de passionnés, Les amis des roses, était celle d’un modeste bourrelier de Tashkourgan savourant le parfum d’une rose aux accents mystiques. Cette image est devenue emblématique de ces mondes en voie de disparition que Roland aura su avec patience et amour saisir dans son objectif. Chaque jour, et hier encore, toujours à l’œuvre et en projet, il s’émerveillait en revisitant ses dizaines de milliers de diapos méticuleusement classées et remerciait le ciel d’avoir été le témoin privilégié d’un monde à l’évanescente beauté. On ne compte plus le nombre de photographes, souvent prestigieux, qui, happés par ce qu’il donnait à voir de ces mondes encore authentiques, se sont inscrits dans ses pas. A plus d’un titre il est ainsi devenu le père et le maître de toute une génération de photographes-voyageurs en sympathie avec leurs sujets. |
C’est cette même photo de « l’Afghan à la rose », le modeste Mahmad Niyaz aux allures de soufi, qui illustre la couverture de Voyage en quête de lumière (2015), l’autobiographie en images du légendaire couple de photographes que Roland formait depuis soixante ans avec Sabrina, sa lumineuse et riante compagne. Fidèles et irremplaçables compagnons de route d’Ultreïa !, présents depuis six ans dans tous les numéros de notre revue tant leur photothèque hébergée chez AKG Images est riche – nous avons notamment publié deux articles « Souvenirs de Fès, capitale spirituelle du Maroc » (n°8) et « Splendeur du paysage chinois » (n°14) ainsi que deux vastes portfolios « La magie de l’Inde » (n°2) et « Mémoires de l’Afghanistan » (n°15) – et auteurs avec nous d’une édition totalement renouvelée de L’Inde dans un miroir (Hozhoni, 2016), Roland et Sabrina Michaud continueront à nous éclairer au travers de leurs images atemporelles et à nous raconter La dernière caravane. Bernard et Nûriël CHEVILLIAT |