Interview avec Hoang Thuc Hao: 

lauréat du prix Vassilis Sgoutas 2017 pour l'architecture au service des populations des plus défavorisées

L'architecte vietnamien Hoang Thuc Hao est reconnu depuis longtemps au Vietnam pour son engagement en faveur de l'architecture vernaculaire dans les communautés rurales. Né à Hanoi le 2 mai 1971, Hoang Thuc Hao a poursuivi ses études en génie civil à l'Université nationale du Vietnam, où il continue de donner des conférences sur l'architecture durable, et à l'Université polytechnique de Turin, en Italie. Son travail novateur auprès des communautés marginalisées est salué dans le monde entier.

Qu'est-ce qui vous pousse à travailler dans des zones rurales isolées ?

Dans certaines parties du monde, et plus particulièrement dans les zones avec d’importantes minorités ethniques, culturellement fortes, l'architecture n’a pas été conçue par des architectes. Les gouvernements n'y ont pas vraiment prêté attention et manquent d'architectes intéressés par ces régions reculées. C'est une situation particulièrement courante au Vietnam, un pays qui a souffert de la guerre tout au long des XIXe et XXe siècles.

Mon enfance s’est déroulée à Hanoi, ma ville natale, mais mes parents viennent de la campagne. Les voyages de mon enfance, les contes transmis de génération en génération ont nourri mon attachement aux zones rurales et aux gens à qui l’on prête moins d'attention qu’aux populations urbaines.

C’est pourquoi je veux contribuer à la construction et à l'amélioration de la société par l'architecture, en en développant de façon équilibrée et harmonieuse, les zones urbaines et rurales. 

L'école Dao, province Lao Cai, Vietnam (2019), Hoang Thuc Hao

Pourquoi votre travail se concentre-t-il sur l'architecture vernaculaire ?

Si la mondialisation a rapproché le monde, elle a également éloigné des villes, les communautés défavorisées et les groupes minoritaires. Bangkok, Dubaï ou Shenzhen sont des villes sans identité conçues de façon stéréotypé et répétitive, sans identité. Les organisations étatiques et sociales responsables de la construction des zones urbaines et rurales accordent la priorité aux grands projets construits à grande vitesse et à faible coût, qui ne répondent qu'à des besoins de base favorisant à peine les établissements culturels avec leur propre identité.

Par ailleurs, dans la plupart des régions aux populations minoritaires, les gens ont hérité de milliers d'années d'expérience de leurs ancêtres, et continuent de produire leur propre architecture. Ils conservent d'énormes ressources culturelles, contribuant à la diversité de l'humanité. On retrouve cela très clairement au Vietnam, qui, malgré ses 54 ethnies, chacune avec son propre style traditionnel, n'a toujours pas une architecture moderne digne de ce nom.

Je crois que "l'architecture est la fleur de la terre" et que "chaque terre a une fleur spécifique". Je recherche et pratique l’architecture dans l'espoir de préserver le patrimoine culturel de mon pays, tout en développant une culture de la diversité architecturale dans le monde.

Village Jackfruit, ville Son Tay, Hanoi, Vietnam (2019), Hoang Thuc Hao 

Comment impliquez-vous les communautés avec lesquelles vous travaillez dans vos projets ?

Tout d'abord, les architectes doivent être sensibles aux besoins spécifiques et essentiels des populations locales et doivent comprendre les coutumes et les traditions de chacune d'entre elles.

Avant de commencer à travailler, nous échangeons nos idées avec la communauté afin qu’elle comprenne clairement les avantages des projets communaux qui en plus du bonheur, apporteront  développement économique et cohésion sociale à leur ville.

Ce qui exprime le mieux notre philosophie est le fait qu’il s’agit de "L’architecture du bonheur 1 + 1> 2".  En d'autres termes, l'association des architectes aux valeurs vernaculaires engendre une voix commune qui est supérieure à la somme de ses parties.

De cette façon, les valeurs propres de la communauté et les ressources sociales externes se trouvent spirituellement et physiquement mobilisées. Une fois que la communauté est pleinement consciente de l'objectif du travail, elle apportera volontiers sa main-d'œuvre et ses matériaux au projet conjoint.

En quoi le processus de conception d'un projet d’architecture auprès des communautés rurales diffère-t-il du travail dans les zones urbaines ?

La culture villageoise est unique, mais reste fragile en raison de l'attaque massive des styles architecturaux "à la mode", aussi bien au Vietnam que dans le reste du monde. L'architecture rurale requiert sophistication et persévérance, en particulier lorsqu'il s'agit d'espaces culturels et de coutumes vernaculaires. Le processus de conception se caractérise par un rapport étroit entre les valeurs culturelles, géographiques et politiques propres aux communautés.

 La maison des ancêtres, village Jackfruit, ville de Son Tay, Hanoi, Vietnam (2019), Hoang Thuc Hao 

Les Sections membres de l’UIA et les membres du Conseil sont invités à présenter des candidats pour la médaille d’or et les prix 2021 ici

Plus d'information

L'Union Internationale des Architectes (UIA) est une organisation non gouvernementale internationale basée à Paris. Créée en 1948, elle est la seule organisation représentant les architectes du monde entier pour unir tous les architectes, influencer les politiques publiques en matière de construction et de développement, et faire avancer l'architecture au service des besoins de la société.

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