JO : la TV investit Twitch (ou le contraire) | | Avec des événements d'ampleur comme les Jeux olympiques de Paris ou l'Euro de football, l'été 2024 s'annonce riche en exploits comme en audiences sportives. Et pour embarquer la jeunesse avec lui, le sport fait désormais équipe avec des streamers. Sur tous les écrans...
Dans la lignée de son émission Aux Jeux, citoyens !, diffusée quotidiennement pour faire monter la sauce à l'approche des JO, France TV n'a pas cherché midi à quatorze heures au moment de dégainer le nom de son prochain programme axé autour du sport. Puisque, apparemment, toute la créativité disponible a été investie dans le concept – plutôt ambitieux, il faut bien l'avouer – au détriment du titre, ce sera Aux Jeux, streamers !. Les JO du web 32 participants, répartis en huit équipes de quatre, s'affrontent sur huit disciplines olympiques pendant huit heures : escalade, escrime, basket 3x3, saut en longueur, volley, tennis de table, 60 m haies et 60 m sprint (légère ristourne sur les deux dernières, donc). Avec un casting cinq étoiles pour le service public. Des visages bien connus des téléspectateurs comme Fabien Lévêque, Émilie Tran Nguyen, Jean-Baptiste Marteau, Mohamed Bouhafsi ou Marine Lorphelin, l'ex-Miss France devenue chroniqueuse santé dans Télématin. Des sportifs, évidemment : Marie-José Pérec et Stéphane Diagana, pour ne citer qu'eux. Et des streamers, beaucoup de streamers ! Laink, Brawks, Mélanie Buffetaud, la youtubeuse fitness Jujufitcats, et surtout Domingo, le MC de l'émission Popcorn qui cartonne sur Twitch, sont annoncés. Et finalement sans Tibo InShape, ni Ophenya, dont les noms initialement annoncés avaient hérissé quelques poils, ni Baghera Jones qui paye peut-être sa prise de parole sur le sujet. Le tout organisé dans l'Arena de Paris La Défense et retransmis en direct le 27 avril à partir de 14 h sur la plateforme france.tv et la chaîne Twitch de ZeratoR (1,5 million d'abonnés), qui co-anime ce joyeux bazar avec Cécile Grès et Samuel Étienne (également très influent sur Twitch avec ses 700k followers). « C'est un événement conçu pour être 100% numérique, confirme une source proche de l'organisation au Figaro. C'est la première fois qu'un diffuseur propose un projet unique qui réunit des streamers et des personnalités de télévision. » Les petits plats dans les grands, qu'on vous dit... « Le lien entre internet et la télévision » Un projet qui fait « le lien entre les générations, mais aussi entre internet et la télévision ». D'autant que cette dernière aimerait bien profiter du succès de son cousin digital, en pompant dans son audience pour élargir la sienne à quasi trois mois des vrais Jeux olympiques, placés au rang de cause nationale et pour lesquels le groupe va carrément « privatiser France 2 et France 3 », dixit son directeur des sports, Laurent-Éric Le Lay, lors d'une conférence au festival Média en Seine : « En gros, on s'est dit que les Jeux à Paris, ça ne s'était jamais vu. En tout cas, la télé n'existait pas il y a 100 ans, donc autant les exposer au maximum. » De là à enregistrer un ROI équivalent à celui du GP Explorer de Squeezie ou de l'Eleven All Stars, un match de foot entre streamers français et espagnols organisé par AmineMaTue qui avait séduit 1,2 million d'aficionados sur Twitch, le rêve est permis. Et France TV n'est pas le premier groupe à miser sur les créateurs de contenu pour booster ses audiences. Depuis le 15 mars, c'est Vilebrequin, le duo de youtubeurs bagnole, qui a pris le volant de Top Gear – le show mythique des accros aux gaz d'échappement diffusé sur RMC Découverte –, avec Monsieur Poulpe (l'un des premiers youtubeurs à être passé en télé et qui officie maintenant sur Twitch) à l'écriture et la réalisation. Et on ne compte plus les apparitions de Bruce Grannec (690k followers sur Twitch), l'ancien quadruple champion du monde de foot sur console (trois titres sur FIFA, un sur PES), dans les shows consacrés au ballon rond. Mike Tyson, Zlatan, Neymar et AmineMaTue Avec la boxe et un improbable combat organisé par Netflix entre Jake Paul, youtubeur de 27 ans aux 20 millions d'abonnés reconverti en boxeur (plus ou moins) pro, et Mike Tyson, la légende du noble art qui fêtera ses 58 printemps fin juin, le football, justement, pourrait bien lui aussi créer le buzz cet été avec la Kings World Cup. Une coupe de monde de foot à sept organisée au Mexique par Gerard Piqué, champion du monde avec l'Espagne en 2010 et, accessoirement, ex-mari de Shakira, reconverti, lui, dans l'organisation de compétitions avec, notamment, la réforme douteuse (euphémisme) de la Coupe Davis censée faire rentrer le tournoi dans l'ère du consumérisme sportif 2.0, mais c'est un autre débat... Présidée par Zlatan Ibrahimovic, avec un million de dollars pour l'équipe vainqueur et des capitaines d'équipe aussi célèbres que Neymar, Eden Hazard ou Rio Ferdinand, la première édition de cette Kings World Cup sera intégralement retransmise sur Twitch du 26 mai au 8 juin, soit six jours avant le coup d'envoi de l'Euro 2024. Gageons qu'en cas de succès – l'engouement suscité par les différentes annonces est déjà colossal –, elle pourrait bien voir sa prochaine édition signée par une grosse chaîne télé. En attendant, de ce côté-ci de l'Atlantique, la compétition sera visible sur la chaîne Twitch d'AmineMaTue (2,5 millions d'abonnés), fraîchement nommé sélectionneur de l'équipe de France. Quand on vous dit que la nouvelle génération médiatique prend le pouvoir sur Twitch... | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Depuis plusieurs mois, L'Est Républicain joue à un drôle de jeu. Un jeu qui a divisé la rédaction et dont le quotidien régional tire un premier bilan dans ce papier des Échos. Son nom ? ChatGPT, le robot d'OpenAI, qui a secondé les journalistes dans leur travail en tant que SR... stagiaire. « Concrètement, une dizaine de secrétaires de rédaction volontaires ont travaillé pendant trois mois avec ChatGPT 3.5 puis ChatGPT 4 (version payante). Il était demandé au départ au robot d'agir comme un secrétaire de rédaction, c'est-à-dire de titrer les papiers, les corriger, les adapter au format ou encore faire des propositions d'attaques en début d'article, etc. Et, ce, sur les papiers des correspondants locaux, des journalistes non professionnels couvrant les fêtes locales, les conseils municipaux, des matchs, etc. », précise l'article. Une expérimentation décrite comme « le premier test grandeur nature » dans l'Hexagone, dont « les résultats sont prometteurs », dixit Christophe Mahieu, directeur général de L'Est Républicain, du Républicain Lorrain, et de Vosges Matin : « On observe une fiabilité dans la correction, un gain de temps, qui peut être de quelques minutes par texte. [...] Le robot a appris au fil des prompts que nous avons fait de plus en plus précis. Il a pris en compte les consignes comme écrire avec la bonne orthographe, etc. ». Pourquoi c'est un pavé ? « L'IA uniformise les textes et propose des réponses très variables, inadaptées dans un certain nombre de cas. Le point positif est la rapidité d'exécution mais il nécessite plusieurs tâches fastidieuses comme des copiés/collés. Le métier peut perdre de son sens », rétorque Éric Barbier, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui face aux craintes évidentes que suscite l'expérience, a mandaté un cabinet expert dans l'accompagnement des représentants du personnel pour encadrer les différentes étapes. Un contrôle d'autant plus nécessaire que, sur les 700 articles passés entre ses algorithmes, le stagiaire ChatGPT a produit quelques « perles », selon un journaliste de la rédaction. Comme lorsqu'un de ses collègues lui a demandé des idées d'accroche pour un article en ligne sur une femme qui avait coupé la verge de son mari au Pérou, et que le chatbot a proposé : « Et joyeuse Saint-Valentin à tous ! » | UN FORMAT À LA LOUPE | | Avec ses 800 millions d'utilisateurs actifs, jeunes et ultra connectés, Snapchat est un canal incontournable pour des annonceurs qui ne parviennent pas toujours à en saisir les codes. Afin de les aider (et leur mâcher un peu le travail), l'application vient de lancer ses « sponsored AR filters ». Des filtres en réalité augmentée, taillés sur mesure pour accueillir un logo ou un slogan, que Snap permet de personnaliser en quelques clics avant de les mettre à disposition du public, sans aucun coût de production externe. « Avec plus de cinq milliards de Snaps créés chaque jour, les marques peuvent maintenant se joindre à tous ces instants partageables et réellement s'approprier l'expérience Snapchat Camera de bout en bout », détaille le réseau social sur son site web. Les utilisateurs n'ont plus qu'à sélectionner le filtre de leur choix, avant de prendre un selfie ou une vidéo via la fameuse Snapchat Camera pour que la magie opère. Une idée à fort potentiel viral... Et un immense terrain de jeu pour tous les créatifs des agences de com', soit dit en passant. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Selon Santé publique France, près d'un jeune sur cinq âgé de 18 à 24 ans serait concerné par la dépression et nombreux sont ceux qui n'osent pas aborder le sujet, par peur de dévoiler leurs faiblesses ou tout simplement parce qu'ils ne savent pas à qui s'adresser. Alors, partant du constat (nourri par les tweets de ses clients) que cette génération se confie parfois plus facilement à un chauffeur VTC plutôt qu'à la famille ou aux amis, Heetch a imaginé une grande campagne de sensibilisation sur la santé mentale baptisée Première conversation. Comme expliqué dans cette vidéo, à partir du 28 mars, l'enseigne remplace certains chauffeurs par des psychologues et ambassadeurs de la Fondation Falret, qui œuvre contre ce fléau depuis 1841, et offre ainsi aux jeunes un premier contact avec des thérapeutes professionnels. À l'issue de la course, tous reçoivent une notification pour les inviter à poursuivre l'échange sur la plateforme d'écoute de la fondation, qui va également former les vrais chauffeurs Heetch à l'écoute active. Histoire de prolonger cette belle initiative au-delà du cadre de la simple campagne marketing... | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Depuis août 2019, date de sa première mission, l'Ocean Viking patrouille en Méditerranée pour porter assistance à ces embarcations de fortune où s'entassent plusieurs dizaines de migrants. « Les exilés », comme les appelle l'équipage de ce navire humanitaire affrété par l'ONG SOS Méditerranée, dont la réalisatrice, Muriel Cravatte, a partagé le quotidien pendant onze semaines, de juillet à septembre 2022. Un quotidien hors-norme qui, passée l'euphorie d'un sauvetage réussi, lessive les corps et cabosse les âmes. Comme celle de Marina, sage-femme embarquée à bord pour gérer un espace d'écoute et de soins exclusivement réservé aux femmes et aux enfants. Le « women's shelter », un refuge dans le refuge, où la parole se libère de ses mots douloureux. Des atrocités subies en Libye, point de départ de ce périple qui a déjà emporté près de 30 000 vies depuis plus d'une décennie, à l'espoir d'un destin plus |
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