Avec Le jour et lâheure, son 7Ăšme roman, Carole Fives confirme son style percutant et sans fards quâelle met au service de portraits sans concession de notre monde contemporain. En suivant une famille confrontĂ©e Ă la maladie, lâĂ©crivaine traite ici avec justesse et tendresse de lâĂ©pineuse question de la fin de vie. Bouleversant et nĂ©cessaire. Lâurgence des mots   « CâĂ©taient des romans assez courts, Ă peine cent pages Ă chaque fois, des textes fulgurants et forts. » TirĂ©s de son prĂ©cĂ©dent roman, Quelque chose Ă te dire, ces mots dĂ©crivent parfaitement lâĆuvre de Carole Fives. Au fil de ses romans, lâĂ©crivaine, peintre devenue plasticienne des mots, a Ă©tayĂ© un style percutant, sans concession sur la rĂ©alitĂ© de notre monde et donc souvent cru et brutal. Un style synthĂ©tique qui ne sâembarrasse pas de fioritures, mais qui cherche toujours justesse et vĂ©ritĂ©, un style qui va droit au cĆur. A travers ses romans, et notamment son bouleversant Le jour et lâheure, Carole Fives nous bouscule, crĂ©ant une urgence de la lecture, comme un irrĂ©pressible besoin de ne surtout pas couper le fil. Le lecteur est tout entier tendu vers un dĂ©nouement quâil pressent tragique, mais au dernier moment lâĂ©crivaine nous rattrape, et par la simplicitĂ© de ses mots, nous rappelle que rien nâest jamais fini et que tout peut toujours recommencer.  Un roman contemporain  Le jour et lâheure est mille romans en un : un portrait de famille, une chronique humaniste, un roman philosophique, un manifeste fĂ©ministe, une critique sociale⊠A travers lâhistoire de cette famille confrontĂ©e Ă la maladie et Ă la mort, Carole Fives peint, dâun seul grand mouvement Ă la fois plein de finesse et de rage, un instantanĂ© de notre sociĂ©tĂ©. Le jour et lâheure nous raconte donc lâhistoire dâAudrey, ThĂ©o, Jeanne et Anna qui accompagnent leurs parents, Simon et Edith, en Suisse. Un voyage Ă six dont ils ne seront que cinq Ă revenir. Atteinte dâune maladie incurable, et craignant plus que tout la dĂ©ficience et la dĂ©gĂ©nĂ©rescence, Edith a fait le choix de se rendre en Suisse pour bĂ©nĂ©ficier de ce que lâon appelle « une Mort Volontaire AssistĂ©e ». Un choix qui nâest pas sans consĂ©quences sur ses proches, dâautant, quâĂ lâexception de Jeanne, ils sont tous mĂ©decins. Sâils la cĂŽtoient et la combattent au quotidien, la mort, ici dĂ©libĂ©rĂ©ment choisie, les oblige Ă sâinterroger sur leurs propres pratiques⊠et tous Ă leur maniĂšre en arrivent Ă cette conclusion : « Philosopher, câest apprendre Ă mourir, pensaient [les philosophes grecs]. Et si soigner câĂ©tait aussi apprendre Ă mourir ? » A travers les mots de ces femmes et hommes mĂ©decins, qui sont aussi et surtout des proches soucieux de bien faire, Le jour et lâheure se fait un vibrant plaidoyer pour lâĂ©coute, lâaccompagnement, la libertĂ© de choix et surtout la libĂ©ration de la parole pour exorciser et conjurer le poids que lâon donne inutilement Ă certains mots. « La mort entre dans la normalitĂ© du vivant au mĂȘme titre que la vie. »  |