L'alliance de la carpe et du lapin C'est ce que l'on appelle un mariage de raison. Le géant français du Web, Webedia (Allociné, jeuxvidéo.com, Purepeople, Mixicom) vient d'acquérir 51 % du capital d'Elephant, la société de production de fictions de magazines et de documentaires (Fais pas ci, fais pas ça, le magazine Sept à huit). Si le groupe de médias numériques s'était déjà lié à la firme d'Emmanuel Chain et Thierry Bizot en 2017, il a décidé de passer aux choses sérieuses en célébrant en bonne et due forme une union entre le Web et la télé. Une annonce qui arrive à point nommé pour éclipser le scandale de l'infox antisémite. Leur but affiché ? « Faire de l'Hexagone un territoire d'excellence dans de nouvelles créations audiovisuelles et digitales à vocation internationale », a annoncé dans un communiqué Marc Ladreit de Lacharrière, président fondateur de Fimalac, la maison mère de Webedia. Il s'agit de créer des contenus premium diffusés ensuite à la télévision, sur les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. Un pari possible, notamment grâce à la forte dot de l'heureuse élue : « Webedia acquiert des savoir-faire, mais aussi sans aucun doute des catalogues de contenus, des carnets d'adresses, des réseaux qui peuvent lui permettre d'accroître son accès à des contenus non nativement numériques plébiscités sur le Web », commente à Story Jungle Séverine Barthes, maîtresse de conférences à l'université Sorbonne-Nouvelle. Qui plus est, Webedia étoffe son offre de pôle d'expertise, qu'elle met à disposition des marques. Rien de surprenant, finalement, dans cette alliance qui entend casser le mur entre l'audiovisuel traditionnel et le numérique : « Ce mariage est un aboutissement logique d'un phénomène plus ancien de captation par les entreprises numériques des "talents" de la création de contenus traditionnels, parce qu'ils ont une expérience solide du public », résume Séverine Barthes, « pensons à Molotov TV (racheté par Altice), créé par des anciens de Canal+ et TF1 ; de l'entrée de Rodolphe Belmer au CA de Netflix ; à Brut, créé par une alliance entre des gens de télévision (Renaud Le Van Kim, par exemple) et du Web (Guillaume Lacroix). On a souvent dit que la télévision essayait de siphonner les talents du Web en faisant venir sur ses antennes des youtubeurs par exemple, mais en réalité, le phénomène marche dans les deux directions. » | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Comprenez ceci, messieurs les grands publicitaires, il n'y aura pas d'absolution cette fois », avait annoncé Christelle Delarue, fondatrice d'une agence de publicité féministe, dans une tribune publiée dans Le Monde le 15 février. Après les révélations de harcèlement moral et sexuel au sein de l'agence Herezie par le fameux quotidien "du soir", l'heure du #MeTooPub aurait-elle sonné ? Pourquoi c'est un pavé ? Les révélations ont amené les langues à se délier : les témoignages de harcèlement dans le monde de la pub fleurissent sur la Toile, l'AACC (Association des Agences-Conseils en Communication) a pris position dans un communiqué , l'hebdomadaire Stratégies vient de lancer une enquête sur le sujet #MeTooPub – et l'agence concernée a finalement réagi en se séparant de son directeur de création. Le progrès est en marche ! | UN FORMAT À LA LOUPE | | Instagram élargit son horizon publicitaire. Si les annonceurs ont toujours flairé le potentiel – commercial – des influenceurs, ils ne disposaient jusqu'alors que d'une audience limitée pour la diffusion de leurs contenus. En effet, seuls les followers de l'instagrameur avaient accès aux posts dédiés. Avec son nouveau format d'annonce « Branded content ads », ce temps est révolu. Les marques peuvent désormais lancer leur propre campagne publicitaire, à partir de contenus. Ce format permet donc de cibler une audience choisie et offre non seulement une plus grande transparence, mais aussi des mesures plus précises. Les annonceurs n'ont plus qu'à se réjouir ! | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Qui a dit que l'opéra était démodé ? Arte rafraîchit le genre à travers une adaptation loufoque de La Traviata. C'est sur Instagram et sous forme de bande dessinée sonore que le plus célèbre opéra de Verdi reprend vie. L'héroïne Violetta déclame son amour à Alfredo, en combi rose pétant, tandis que celui-ci se mire dans de super selfies. Dans une version manga acidulé, l'histoire se déploie en trente épisodes de deux minutes sur le réseau social, et sera distillée pendant tout le mois de mars. L'Instraviata, en mode story Instagram, on dit oui, au risque de choquer les plus puristes ! Car comme le dit si justement son créateur, Léon Maret, « La Traviata, c'est aussi la pub pour du jambon ! » | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Au lieu de binger une série entière (et extrêmement longue) sur Netflix, Story Jungle vous propose un programme légèrement différent pour ce week-end. Avec Thanksgiving, une mini-série de trois épisodes diffusée sur Arte, plongez dans le quotidien d'un couple dans la tourmente, sur fond d'affaire d'espionnage et d'histoire d'infidélité. Entre film noir et drame intimiste, le réalisateur Nicolas Saada signe une série haletante. On notera l'apparition improbable de Panayotis Pascot, révélé par Le Petit journal, de Yann Barthès, dans le rôle d'un stagiaire... |
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