| Paris, mardi 7 avril 2020 • Bruno Bertez : Crise financière mondiale, l’autre contagion chinoise Endettement et finance spéculative sont trop attirants pour y résister... Partis des Etats-Unis, c’est désormais de la Chine que viendront les futurs problèmes. • Bill Bonner : Un événement 30-sigma De toutes les molécules de tout l’univers connu, il a fallu que ce soit celle-là... (et non, il ne s’agit pas du coronavirus !) • Jim Rickards : Election présidentielle US : quelles surprises attendre ? (1/2) La crise du coronavirus ferait presque oublier qu’une élection présidentielle est prévue aux Etats-Unis cette année. Quelles sont les chances de Donald Trump, et ses opposants démocrates font-ils le poids ?
| | LES NOTES DE BRUNO BERTEZ
| Crise financière mondiale, l’autre contagion chinoise
| Le monde est submergé par la finance spéculative, comme nous l’avons vu hier. C’est cette finance qui constitue l’essentiel des actifs des institutions financières et le collatéral nécessaire à la liquidité mondiale. Le monde a émis de la monnaie et des créances sur une pyramide de gages dont la valeur a été soufflée, gonflée par... la création monétaire ! On a monté la valeur des gages qui servaient à garantir... la monnaie par... la création monétaire. On a utilisé la pompe à phynances du père Ubu John Law et adossé les valeurs mondiales sur des actifs dont le prix est devenu « frivole ». Bullaire.
La finance spéculative est trop séduisante pour que l’on puisse y résister. Tout le monde, tous les pays ont succombé à ses délices. Nous sommes dans l’épilogue des crises financières passées. C’est la raison pour laquelle j’insiste. Réserves = dettes ! Après la terrible expérience des années 90, les économies émergentes ont considéré que la détention d’importants stocks de réserves en dollars était essentielle à la stabilité de leur monnaie et de leur système. Elles ont donc accumulé des réserves. Hélas, les réserves des uns sont symétriquement les dettes des autres ! Après avoir commencé en 2003 à 2 300 Mds$, le total des actifs de réserve internationaux détenus dans le monde a dépassé les 12 000 Mds$ en 2014. Je n’ai pas sous la main le chiffre actuel mais il est colossal. Au cours de cette période, les réserves chinoises sont passées de 300 millions de dollars à 4 000 milliards de dollars. La demande continue de réserves en dollars a permis voire encouragé la progression persistante du déficit du commerce extérieur américain – et des déficits des comptes courants avec les déséquilibres nationaux et internationaux qui en découlent. On a construit une gigantesque bulle de dettes et de promesses de payer américaines. On a déséquilibré tous les systèmes de production. Toute discipline a disparu Il n’existait plus aucun mécanisme de marché pour discipliner le surendettement et les dépenses des Etats-Unis... et le monde entier en a été contaminé. La liquidité en dollars s’est déversée vers les marchés émergents : les entreprises naissantes y ont échangé leurs dollars contre de la monnaie locale, auprès de la banque centrale locale. Suite à quoi ces dollars étaient immédiatement recyclés en bons du Trésor, titres des agences et autres titres de créance américains. Un formidable marché financier s’est développé. Une pyramide colossale de crédit et d’actifs financiers s’est construite à partir de cette base que constituaient les déficits américains accumulés et recyclés. C’est tout un système économique et financier nouveau qui s’est construit à la suite de cette financiarisation des économies. Ainsi, le manque de discipline du crédit et l’effondrement de l’épargne ont été fondamentaux pour la désindustrialisation des Etats-Unis et de tous les grands pays ex industrialisés : délocalisations, transition vers la consommation et les « services ». Pourquoi produire, entre autres, des ventilateurs, des masques faciaux, des médicaments... alors qu’ils peuvent être achetés à bon marché en Chine ? La Chine est au centre des problèmes futurs Aucun pays n’a accumulé plus de dettes libellées en dollars que la Chine. Avec le trésor de ses réserves internationales, d’importants excédents commerciaux avec les Etats-Unis et une monnaie quasi-arrimée au dollar US, les entreprises et les institutions financières chinoises ont bénéficié d’un accès illimité à des financements en dollars bon marché. Notamment les banques et les constructeurs immobiliers : ils sont désormais les maillons fragiles de la chaîne chinoise car ils ont accumulé d’énormes passifs libellés en dollars. Cette explosion de la dette accroît la vulnérabilité systémique à tout ce qui se passe en Chine. Une dévaluation désordonnée du renminbi serait catastrophique pour le monde entier. Mais la Chine a été contagieuse. Au cours de cet incroyable cycle d’expansion, fondé sur la progression des déficits américains et les délocalisations, la Chine est devenue la banquière du monde. Elle a financé les économies « frontalières ». Le système bancaire chinois est devenu le roi des subprime souverains. La Chine a, pour des raisons politiques et économiques, mis en place une opération massive de « financement captif » au profit des pays auparavant privés de financement et d’investissement. Elle est désormais confrontée à la perspective d’une baisse spectaculaire des commandes d’exportation de biens d’équipement et à des clients dépourvus de moyens pour payer leurs factures et honorer leurs dettes. La Chine est au cœur de la crise de la finance et de la monnaie mondiale. La crise a englouti la « périphérie » autour de la Chine, les principales économies émergentes succombant désormais à une contagion d’illiquidité et de dislocation du marché. A suivre... [NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.] | | LES NOTES DE BILL BONNER
| Un événement 30-sigma
| Les derniers chiffres de l’emploi US sont les pires jamais enregistrés aux Etats-Unis. Bloomberg : "Les demandes d’emploi US atteignent l’impensable record de 6,6 millions. Le chiffre a dépassé toutes les prévisions des analystes, par rapport à une projection médiane de 3,76 millions." Pour remettre ces 6,6 millions en perspective... c’est 10 fois plus que le précédent record, atteint en 1982. Et pour remettre ceci en perspective à son tour, voilà ce qu’en dit Alex Danco : "On se rapproche là plus d’un vrai cygne noir. Les chiffres du chômage [de la semaine dernière], par rapport au dernier demi-siècle, sont considérés par les statisticiens comme un ‘événement 30-sigma’ : il a moins de chances de se produire que si vous deviez sélectionner une particule atomique au hasard parmi toutes les particules de l’univers, et ensuite resélectionner aléatoirement la même particule – cinq fois de suite. Un événement 30-sigma devrait être incroyablement improbable, à l’échelle de l’univers. Ils peuvent toutefois se produire – et lorsque c’est le cas, il s’agit d’un avertissement : le problème n’est pas que l’univers ne s’est pas comporté correctement. Le problème, c’est que nous avions tort." L’économie US est en chute libre. Les investisseurs qui achètent durant les creux du marché devraient mourir de peur. Attendez... pas du tout ! Les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles... le haut est le bas... l’idiotie est intelligente. Ils ont fait grimper le Dow de plus de 400 points suite à la nouvelle. TRES GRANDE & AUDACIEUSE ! Allez comprendre. Les pires nouvelles économiques jamais enregistrées... et le marché grimpe ? Les investisseurs ont-ils complètement perdu la tête ? Eh bien... oui et non. L’autre nouvelle principale, en effet, c’est que les fédéraux sont à la manœuvre. Loin de laisser cette crise mal tourner, ils la rendent bien, bien pire. La molécule mortelle du Covid-19 n’a pas grand’chose à y voir. A peine Donald Trump avait-il reposé son stylo – souvenir de l’une des législations les plus imprudentes, casse-cou et purement idiotes de tous les temps... ... Une gabegie de 2 200 Mds$ conçue pour faire réélire les démocrates et les républicains... ... Que les crétins sont revenus avec un deuxième plan à 2 000 Mds$. Nancy Pelosi était sur le coup. Le site RealClearPolitics.com nous en dit plus : "Les démocrates de la Chambre des Représentants veulent mettre en place un gigantesque plan d’infrastructure afin de rénover les systèmes de bande passante, les routes et la distribution d’eau, a déclaré Nancy Pelosi mercredi – il s’agit d’un nouveau volet dans les efforts du Congrès US pour aider le pays à encaisser les coups destructeurs infligés par l’épidémie de coronavirus." Donald Trump était exactement sur la même longueur d’ondes : "Maintenant que les taux d’intérêts pour les Etats-Unis sont à ZERO, c’est le moment de faire notre Loi d’Infrastructure, attendue depuis des décennies. Elle devrait être TRES GRANDE & AUDACIEUSE, 2 000 Milliards de Dollars, et se concentrer sur l’emploi et la reconstruction des infrastructures autrefois glorieuses de notre Pays ! Phase 4." Oui, les démocrates et les républicains se sont alliés... Trump et Pelosi... les idiots et les canailles... et ils sont tombés d’accord pour mettre fin à la manière dont les Etats-Unis font leurs affaires. Terminés les échanges... terminé le gagnant-gagnant... terminé de gagner et dépenser de l’argent. Fin des prix honnêtes, fin du libre-échange. Les autorités sont désormais aux commandes. Le gouvernement dépensera bientôt plus de la moitié du PIB... et détruira le reste en temps et en heure. Comment ? Par la bonne vieille méthode : une orgie d’impression monétaire digne d’une république bananière. Tous socialistes Oui, cher lecteur... Les partisans de la TMM... les dépensiers... les rêveurs et les comploteurs... les Hillary, les Sanders, les partisans d’un gouvernement omniprésent... les gougnafiers de Washington – lobbyistes, compères, ronds-de-cuir... Tous ont le cœur qui bat à 100 à l’heure, la bave aux lèvres... leurs illusions sont plus crétines que jamais... parce que... ... Nous sommes tous socialistes, désormais ! « Nan mais y’a la guerre et tout... genre... le virus machin, là... » Un chauffeur d’Uber a manqué une mensualité de son crédit auto ? Les autorités compenseront. Boeing a besoin d’un peu de cash pour surmonter ce passage à vide ? Venez par là. Une ville est en difficulté parce qu’elle n’a pas mis assez d’argent de côté pour payer ses retraites ? Pas de problème : les autorités vont ouvrir une cagnotte. Tous les cœurs battront plus vite – à force d’espoir et d’hallucinations. Toutes les âmes s’élèveront sur les ailes de fantasmes d’argent gratuit. Même les cyniques les plus endurcis sont bluffés et anéantis par la panique ambiante. Tout ça n’est que de la fausse monnaie, bien entendu. Qu’est-ce que les autorités ont d’autre ? Mais la fausse monnaie suffit aux investisseurs. Ils calculent – peut-être avec raison – qu’une bonne partie de ces sommes finira sur les marchés actions. Le Dow à 50 000 ! Un café à 25 $ ! [NDLR : Et si la fausse monnaie vient envahir l’économie réelle, causant inflation et hyperinflation, comment vous protéger ? L’or est refuge de choix... à condition de bien investir : quelques conseils de base par ici.] |
LES NOTES DE JIM RICKARDS
| Election présidentielle US : quelles surprises attendre ? (1/2)
| A 2h30 du matin, la nuit de l’élection présidentielle de 2016, le légendaire investisseur Carl Icahn a quitté la soirée organisée à la Trump Tower et placé un ordre d’achat d’actions s’élevant à 1 M$. Et vous, qu’avez-vous fait, cette nuit-là, à 2h30 ? Si vous aviez suivi nos prévisions, vous auriez pu acheter vos actions avant Carl Icahn. Car nous avions régulièrement prédit la victoire de Trump dès la fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre 2016 sur une chaîne de télévision nationale américaine. Les chroniqueurs qui m’ont interviewé sont restés bouche bée un instant, lorsque j’ai déclaré que Trump allait gagner : à l’époque, Hillary Clinton était favorite à 92%. Après avoir repris leurs esprits, ils m’ont demandé des précisions, que j’ai volontiers communiquées, notamment des détails expliquant pourquoi les sondages étaient faussés, et pourquoi la participation allait surpasser les prévisions dans les « swing states » [NDLR : Etats demeurant indécis jusqu’au dernier moment]. Aujourd’hui, les gros titres de la presse conventionnelle et les chroniqueurs vous offrent tous une évaluation de la situation politique du processus électoral de 2020. C’est très bien pour l’observateur lambda, mais pas pour nos lecteurs... | Pour lire la suite...
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