L'IA générative débarque dans la pub
Si Meta a créé de manière assez discrète un laboratoire de recherche de l'IA dès 2013 en recrutant Yann Le Cun, un scientifique français et grand spécialiste de la technologie, la société fait désormais de cette technologie une réalité très concrète et une priorité absolue. Après le rêve contrarié du metavers, Meta a ainsi annoncé le lancement d'une IA générative créatrice de publicités. Celle-ci devrait être disponible au cours du second semestre de cette année.
Une IA générative qui permettra d'économiser « beaucoup de temps et d'argent »Dans une interview accordée au média
Nikkei Asia, Andrew Bosworth, directeur technique de Meta, a ainsi révélé l'arrivée d'outils destinés à la création de publicités par l'IA. La technologie sera capable de générer une vaste gamme d'images pour toucher des publics différents. Au lieu de miser seulement sur une photo dans une campagne de pub, l'annonceur aura à sa disposition une multitude de visuels, sans augmentation de coûts.
Pour Social Media Today, il suffira de saisir quelques images et notes de copie, d'appuyer sur un bouton et de demander au système de Meta de créer toute la campagne, y compris le ciblage de l'audience. Une technique qui permettra d'économiser «
beaucoup de temps et d'argent », d'après le directeur technique.
«
Nous avons créé une nouvelle équipe, l'équipe d'IA générative, il y a quelques mois. C'est probablement le domaine dans lequel je passe le plus de temps, tout comme Mark Zuckerberg et Chris Cox, directeur des produits », a-t-il estimé. La génération des revenus publicitaires est désormais une priorité pour Meta (
la publicité en ligne sur Facebook et Instagram représente encore 97,5 % de ses revenus totaux), dans un contexte où la mise en œuvre d'Apple de sa fonction de transparence du suivi des applications en 2021 a durement touché l'entreprise.
Cette annonce intervient après la présentation en avant-première, en février dernier, de sa suite de publicités automatisées Advantage+, un processus fondé sur l'IA qui applique automatiquement des améliorations aux publicités – l'ajustement de la luminosité, des proportions et de l'emplacement du texte – afin d'optimiser les performances des campagnes. Meta annonce des sur-performances mirobolantes de l'ordre de +32%... A vérifier.
Reste que Meta n'est pas en odeur de sainteté auprès des marques. Ces antécédents troubles en matière de gestion de données impliquent que l'entreprise devra surmonter un «
énorme obstacle de confiance pour que les marques se sentent à l'aise avec l'utilisation de ces nouveaux outils »,
anticipe e-Marketer. Et les autres acteurs ?Les agences créatives ne sont pas en reste et testent l'IA générative dans leur production de réponses aux appels d'offres, par la génération de visuels, «
en facilitant la production des story-boards qui matérialisent l'idée créative proposée, en fournissant des voix ou en codant des cartes de vœux »,
nous apprend le Journal du Net. On y apprend qu'Ogilvy Paris a ainsi produit dès l'automne dernier une campagne pour La Laitière de Nestlé en s'appuyant sur la fonctionnalité d'outpainting de Dall-E sur le tableau éponyme de Johannes Vermeer, «
une image tombée dans le domaine public », précise le média. «
Les marques n'osent pas encore explorer ces IA tant que le débat sur les droits d'auteur des bases de données d'entraînement des IA lui-même, très récent, n'est pas tranché. Cela devrait vite se préciser », explique David Raichman, directeur exécutif de création chez Ogilvy Paris.
On peut également mentionner l'entreprise Phrasee qui utilise l'IA pour permettre aux marques de rédiger des e-mails promotionnels, des posts sur Facebook ou Instagram. «
Grâce à l'IA, ces e-mails intègrent automatiquement "l'ADN" de l'annonceur et sont davantage lus »,
observe Les Echos. Domino's Pizza a ainsi connu une augmentation de taux de clics de 57 %.
Pour le groupe WPP, c
es pratiques publicitaires fondées sur l'IA « révolutionnent » leur industrie. L'entreprise a ainsi utilisé cette technologie pour créer une campagne publicitaire pour le 50e anniversaire de Nike, intitulée
Never Stop Evolving, mettant en scène Serena Williams affrontant des versions d'elle-même tout au long de sa carrière.