L'IA générative, partout
« Quiconque n'est pas choqué par la théorie des quanta ne l'a pas comprise » disait Niels Bohr de la physique quantique au début du 20e siècle, une science alors vivement débattue mais qui allait bientôt permettre la naissance (entre autre) des microprocesseurs, et donc, du monde moderne. Comme un lointain écho,
le journaliste Charlie Beckett s'exclamait cette semaine dans les colonnes du Guardian : «
si vous n'êtes pas impressionné par le potentiel de cette technologie, c'est que vous n'avez pas été attentif ».
Et pour Bill Gates, il s'agit, ni plus ni moins, de la plus grande révolution depuis les années 1980 (et la naissance des interfaces graphiques des micro-ordinateurs).
Face au succès mondial de ChatGPT, Google et Microsoft intègrent à vitesse grand V la technologie d'IA générative dans leurs produits. «
Chaque aspect de la vie sera amplifié par l'IA,
affirmait récemment Greg Brockman, cofondateur et président d'OpenAI, créateur de ChatGPT,
ce sera un outil, au même titre que le téléphone portable dans votre poche. » Il voit en l'IA générative «
un groupe d'assistants enthousiastes et qui ne dorment jamais ».
L'intelligence artificielle générative et ses variantes bousculent l'actualité. Story Jungle fait le tri dans les annonces (et les réflexions) de la semaine.
ChatGPT est désormais connecté à Internet...À son lancement, ChatGPT (version 3) s'appuyait sur des données datant au plus tard de septembre 2021. Ses réponses ne pouvaient tenir compte de l'actualité ou ressources récentes. Depuis jeudi, cette limite semble être de l'histoire ancienne.
...et s'ouvre aux plugins En effet OpenAI vient de publier des plugins (en version alpha), avec certains partenaires, non seulement connectés à Internet, mais permettant d'exécuter des actions à votre place. Comme, par exemple, réserver des billets d'avion et une chambre d'hôtel en quelques secondes. ChatGPT s'interface avec plusieurs sites de référence dont Expedia, Kaya, Klarna Shopping, OpenTable, Wolfram et... Zapier (ce qui devrait piquer l'intérêt de tous les marketeurs). L'outil devient progressivement «
un système d'exploitation à effet monopolistique. OpenAI cherchera de plus en plus à tout faire »,
estime Guillaume Champeau, juriste spécialisé en droit du numérique (et ex-rédacteur en chef de Numerama).
Google lance Bard Google se montre plus prudent que ses concurrents (ou plus lent ?) et
vient tout juste de lancer Bard, son chatbot d'intelligence artificielle. Il sera disponible pour un nombre limité d'utilisateurs aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il s'agit pour l'instant d'une page web à part et non d'un composant intégré dans son moteur de recherche. L'entreprise entame ainsi «
une danse délicate consistant à adopter une nouvelle IA tout en préservant l'une des activités les plus rentables de l'industrie technologique »,
analyse le New York Times. «
Il est important que Google commence à jouer dans cet espace parce que c'est là que le monde se dirige », analyse Adrien Aoun, ancien directeur des projets spéciaux de Google. Google a annoncé la semaine dernière que l'IA serait prochainement intégrée à ses applications telles que Docs et Sheets, dont l'utilisation est payante pour les entreprises.
Adobe lance FireflyIl faut croire que la semaine n'était pas assez chargée en annonces. Si vous vous êtes connecté à LinkedIn cette semaine, vous n'avez pas pu passer à côté du phénomène :
Adobe vient de lancer Firefly en version bêta, une IA générative intégrée à ses solutions Cloud créative (voir plus bas,
Un format à la loupe). Et de voir fleurir une flopée d'images détournées générées par l'AI et plus vraies que nature. Notre préférée ?
Macron jouant de la guitare entouré par la foule des manifestants contre la réforme des retraites.
En parlant de LinkedIn, la plateforme propriété de Microsoft, partenaire d'OpenAI,
vient, elle aussi, d'annoncer l'intégration de ChatGPT dans plusieurs de ses fonctionnalités (payantes).
Le temps de l'expérimentation Et maintenant ?
Expérimentons ! C'est, par exemple, le mot d'ordre du média Axios. «
Cela vaut la peine d'expérimenter l'IA dès maintenant avant qu'elle ne soit complètement au point, pour en comprendre ses capacités ». Microsoft, Google, OpenAI et Adobe ont mis la technologie, même imparfaite, à disposition du grand public, afin de se familiariser avec un outil souvent mal compris. C'est l'occasion pour les régulateurs de rattraper rapidement leur retard, ce qui, selon les critiques, «
est une nécessité urgente ». La législation actuelle autour de l'IA est pour l'heure peu aboutie.
Par ailleurs, quoiqu'elles en disent, l'expérimentation reste encore très partielle dans les entreprises : «
Si des millions de startups prétendent déjà utiliser cette sauce secrète pour créer de nouveaux produits qui révolutionneront tout, de l'administration juridique à la vente d'actions, des jeux aux diagnostics médicaux, il s'agit en grande partie d'un discours marketing »,
prévient Charlie Beckett dans sa tribune au Guardian.
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« IA générative : big bang dans l'univers des contenus ? », le 13 avril à 13h, avec Jérôme Hoibian, CEO de SpirOps (studio R&D en IA) et Benoît Raphael, CEO de Flint (newsletters dopées à l'IA).