La deuxième guerre du rouble sera-t-elle la dernière ? - Edouard Fréval -Des sanctions visant à empêcher des transactions monétaires entre des institutions financières occidentales et russes, des gels de comptes détenus à l’étranger, des velléités d’exclure les banques moscovites du plus grand système mondial de transferts d’argent (SWIFT)… Ce que nous voyons aujourd’hui avait déjà été entraperçu en 2014, après le putsch du Maïdan et l’annexion de la Crimée. A l’époque, la réaction de Washington et de Bruxelles avait déjà consisté en une série de changements de règles financières destinés à étouffer l’économie russe. Le rouble en avait fortement pâti, chutant de près de 50 % entre octobre et décembre 2014, ce qui eut pour effet immédiat de renchérir les prix des produits importés et de diminuer la richesse des entreprises et hommes d’affaires russes faisant commerce à l’international. Néanmoins, la violence des sanctions financières occidentales décidées cette année a dépassé de loin celle de 2014. La réaction du bloc euro-atlantique à l’opération militaire en Ukraine a été massive et inédite : gel des avoirs en euro et en dollar détenus par la Banque centrale russe dans les pays de la Trilatérale (la Banque centrale avait jusqu’ici été tenue à l’écart des sanctions), exclusion de plusieurs banques de détail russes non seulement du système de transfert d’argent SWIFT mais surtout des marchés d’emprunt en euro et en dollar, saisies de biens appartenant à des hommes d’affaires réputés proches du Kremlin (logements, bateaux, etc.), le tout couplé à des mesures jamais vues comme l’interdiction des voyages aériens avec la Russie. Les principaux dirigeants européens ne le cachent pas, ces mesures sont destinées à provoquer "la destruction économique" de la Russie (Von der Leyen le 27 février), il s’agit d’une "guerre économique totale" (Le Maire, le 1er mars). A même cause, même conséquence. La première réaction des multinationales et des spéculateurs a été de sortir du rouble, provoquant un effondrement de la devise russe. En moins de trois semaines, celui-ci a perdu près de 50 % contre le dollar et l’euro ! Devant le risque juridique et la pression médiatique, de nombreuses entreprises occidentales ont annoncé quitter le pays. En dépit des exportations records obtenues grâce au cours élevé du pétrole et du gaz, le PIB russe devrait lourdement chuter cette année. Dès le 10 mars pourtant, le rouble atteignait un point bas face à l’euro. Le 23 mars, avant l’annonce surprise de Vladimir Poutine réclamant un paiement du gaz dans la devise russe, elle avait déjà repris 30 %. Aujourd’hui, elle s’établit à des niveaux supérieurs de ceux d’avant les sanctions de fin février et vient même d’atteindre un plus-haut de deux ans. Une première depuis 1945 C’est un véritable coup de force, car la devise russe, peu répandue dans le monde, est soumise à une très forte volatilité : dans une même journée, une grosse transaction peut la faire décaler de 10% face aux deux grandes devises mondiales ! Qui voudrait utiliser le rouble dans ces conditions ? Conscient de cette faiblesse structurelle, Moscou a changé de braquet. D’une part… Pour lire la suite de cet article, cliquez ici...
|