La crise existentielle des scénaristes américains Le monde pailleté d'Hollywood ne se résume pas au Met Gala. « Les poings levés, les stylos baissés », se sont exclamés ce mardi 2 mai les membres de la Writers Guild of America (WGA), le puissant syndicat qui représente les scénaristes américains, à l'extérieur d'Amazon Studios, Netflix, Paramount et Warner Brothers. Un mouvement qui fait suite à une décision de grève, après l'échec des négociations menées entre l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), qui défend les intérêts de 300 producteurs et des grands studios, et la Writers Guild. Les 11 500 membres du syndicat exigent une hausse de leurs rémunérations, une plus grande part des bénéfices générés par le streaming et des règles pour l'IA, dans une ère dominée par les géants du streaming. Story Jungle fait le point sur la première grève à Hollywood depuis 2007. Le streaming, prétexte à la baisse des rémunérationsIl y a tout un monde entre la perception du succès hollywoodien et une réalité souvent difficile, pour la plupart des travailleurs, estime The Guardian. Si la production télévisuelle a connu une croissance rapide au cours des dix dernières années, avec un investissement massif de la part des sociétés de médias dans les services de diffusion en continu, la rémunération des scénaristes stagne, voire baisse. Pour la WGA, « les producteurs se sont servis de l'émergence du streaming pour réduire la rémunération des scénaristes des séries à tous les niveaux. Les budgets des séries ont explosé, mais le salaire médian des auteurs a chuté ». Si certains grands noms peuvent toucher de coquettes sommes – Ryan Murphy (American Horror Story) perçoit 300 millions de dollars pour son contrat avec Netflix –, la moitié des scénaristes reçoivent simplement le minimum syndical, soit 40 000 dollars par an, d'après la WGA. Une situation qui s'est sensiblement dégradée avec l'augmentation du coût de la vie liée à l'inflation. En perspective, les bénéfices annuels des membres de l'AMPTP sont passés eux de 5 milliards de dollars en 2000 à 28 milliards en 2021. ChatGPT, l'ombre d'un grand remplaçantLa WGA exige également des garde-fous en matière d'IA. Les logiciels tels que ChatGPT pourraient à l'avenir concevoir des scénarios. Le syndicat souhaite une disposition qui protégerait la rémunération et les crédits des scénaristes contre l'empiétement de l'IA. Leur crainte principale reste qu'un studio n'ait plus recours qu'à un profil d'« auteur-correcteur ». L'AMPTP a rejeté ces demandes et a simplement planifié des réunions annuelles sur les nouvelles technologies. De quoi ce mouvement est-il le nom ?Cette grève s'inscrit dans une lutte plus large contre la pression imposée par les pivots technologiques de l'industrie, qui pèsent sur les intérêts des auteurs. « Après avoir déboursé des milliards pour poursuivre le boom du streaming et engrangé des bénéfices massifs ces dernières années, les entreprises peuvent se permettre de payer les auteurs correctement », conclut le journaliste Paris Marx. | JUNGLE STORIES | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | En 10 mois, 16 ministres ou secrétaires d'État ont changé de communicants. C'est-à-dire 16 sur 41, soit 39 % de l'exécutif, observe le journaliste politique Maxence Lambrecq. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, et Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, ont récemment vu leurs chefs d'orchestre invisibles démissionner. On se souviendra également de Clément Léonarduzzi, ancien spin doctor de l'Élysée, qu'Emmanuel Macron avait essayé de retenir il y a un an, qui a préféré rejoindre Publicis France. ( Dans un portrait du Monde, on apprenait qu'à l'époque le communicant pouvait recevoir jusqu'à 800 messages par jour !) Pourquoi c'est un pavé ? Comme le citoyen lambda, le communicant se perd dans les caps fixés par le gouvernement : « Où veut-il nous emmener ? Pourquoi fait-il ce choix ? Est-ce une réforme des retraites "équilibrée et juste", ou "difficile mais indispensable" », s'interroge Maxence Lambrecq. Pour François d'Estais, responsable de la prospective et l'innovation éditoriale chez Havas Paris, ce turn-over incessant révèle « une faille majeure de ce second mandat : l'absence de narration pour relier les événements, pour offrir du sens et du rythme ». | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Dans un monde du travail qui souhaite une insomnie généralisée, le Reuters Graphics tire la sonnette d'alarme et rappelle l'importance du sommeil. Dans un « voyage dans le sommeil », le site propose une visite illustrée des raisons pour lesquelles les scientifiques tiennent en haute estime le sommeil. Rien qu'aux États-Unis, 50 à 70 millions de personnes souffrent d'un trouble chronique du sommeil, selon l'American Academy of Sleep Medicine (AASM). Il a été démontré que le manque de sommeil entraîne des troubles cognitifs similaires à ceux observés en état d'ébriété. Plus nous restons éveillés longtemps, plus nos temps de réaction, notre mémoire à court terme et notre raisonnement logique se dégradent, à l'instar de ce qui se produit lorsque l'alcoolémie augmente. Les personnes en manque de sommeil sont également plus susceptibles de commettre des erreurs, d'être moins efficaces et de voir leurs capacités cognitives diminuer, ce qui peut nuire à leurs performances et à leurs perspectives d'avenir. Un rappel essentiel accompagné par de belles illustrations. | UN FORMAT À LA LOUPE | | | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | « Bienvenue dans cette thérapie de nettoyage », « Avez-vous laissé votre cuisine propre avant de dormir ? », « Les cinq étapes à suivre pour une miracle morning » : avez-vous déjà passé plus d'une heure sur YouTube et voulu tout changer dans votre vie ? Dans cinq épisodes de dix minutes, la documentariste et monteuse Gabrielle Stemmer, accompagnée par Titiou Lecoq, journaliste spécialiste de la culture Web, scrute la force des diktats imposés aux femmes (ménage, écologie, beauté). Et le vortex dans lequel nous plongent les algorithmes. « J'ai essayé de recréer en accéléré le parcours d'une utilisatrice de YouTube qui se pose une question simple et quitte finalement son écran quatre heures plus tard après avoir été matraquée par des dizaines de vidéos », explique-t-elle. « Ces contenus nous arrivent, traversent notre quotidien, occupent une place dans notre vie. Ils forment forcément notre façon de penser, de voir le monde. Il faut donc les questionner. » Femmes sous algorithmes, un documentaire prenant à voir sur Arte. |
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