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L'Express La lettre des pouvoirs de L’Express, 16 janvier 2025 | |
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le Parti pris | La droite n'attend rien de Bayrou sauf si... | | par Paul Chaulet Journaliste politique @chaulet_paul Laurent Wauquiez a l’esprit léger. Le mardi 14 janvier, le patron de La Droite républicaine (DR) se rend au traditionnel petit-déjeuner du "socle commun" autour de François Bayrou. Le député de Haute-Loire sait déjà que le Premier ministre n’annoncera aucune "suspension" de la réforme des retraites dans sa déclaration de politique générale (DPG) quelques heures plus tard. Il a été mis au parfum la veille par le ministre chargé des Relations avec le Parlement Patrick Mignola. A Matignon, il laisse le Béarnais dévoiler son projet de réunion des partenaires sociaux afin d’améliorer la copie d’Élisabeth Borne. Puis, salue une "inflexion" du gouvernement. "Il n’y a pas d’inflexion", rétorque François Bayrou. Le chef du gouvernement n’avait-il pas théorisé son mantra "reprendre sans suspendre" dès le 19 décembre ? La guerre des récits est déclarée. La droite a un scénario à vendre aux Français. Par ses mises en garde dans la presse, elle aurait contraint François Bayrou à modérer ses concessions à la gauche. "Ni suspension, ni abrogation", avertissait dimanche le président du Sénat Gérard Larcher dans Le Parisien. Suivi par Laurent Wauquiez le lendemain dans le même journal. Voici la droite autoproclamée vigie des comptes publics. En réunion de groupe, l’ancien maire du Puy-en-Velay salue mardi le rôle de LR dans l’arbitrage de François Bayrou. "Je ne voulais pas de suspension, lance-t-il le 15 janvier sur CNews. On a beaucoup pesé au cours des derniers jours pour que cela n’ait pas lieu. J’étais inquiet car je voyais bien la tentation pour acheter les voix de quelques dizaines de député socialistes de prendre en otage le budget." Les finances publiques peuvent dire merci à la droite. Autour de François Bayrou, on épingle une réécriture de l’histoire. La droite inventerait une menace fantôme pour mieux apparaître en sauveuse. "Laurent est bon dans l’autofiction", sourit un député LR. Dès samedi, le ministre de l’Economie Eric Lombard et son homologue au Budget Amélie de Montchalin écartaient toute suspension sèche de la réforme des retraites lors d’une visio avec les députés EPR de la Commission des finances, sans accord des partenaires sociaux. Un député EPR s’amuse ainsi d’un rachat par LR d’une "virginité après ses atermoiements" lors de l’examen de la réforme en 2023. "La pression de la droite a joué", tempère un autre. L’épisode illustre la relation entre la droite et François Bayrou. La première victoire revendiquée par LR est une capitulation supposée, pas une mesure. Laurent Wauquiez demande certes des "actes" au nouveau gouvernement, mais ne retient que deux "acquis" de la DPG de François Bayrou : "On n’arrête pas la réforme des retraites […] Il n’y aura pas de nouvelles hausses d’impôts." La droite n’attend pas le grand soir. Que le Premier ministre s’abstienne de projets urticants, ce sera déjà ça. Septembre paraît loin. Lors des journées parlementaires LR à Annecy, Laurent Wauquiez formulait cette exigence devant ses troupes, après la nomination de Michel Barnier. "Son programme sera-t-il de droite ?" L’interrogation est caduque. La censure est passée par là. Un centriste, fidèle du chef de l’Etat et peu réputé pour son audace réformatrice, est entré à Matignon. Sa DPG floue a convaincu la droite qu’aucun agenda de réformes ne l’attendait. Tant pis pour son ADN réformateur. Tant mieux pour les casse-tête stratégiques, dont elle se prémunira. Les ambitions ont été revues à la baisse. "LR n’a que deux choses à espérer, note un ancien ministre LR. Que Bruno Retailleau puisse continuer à creuser son sillon. Et que la droite soit considérée comme responsable et parmi ceux qui ne bordélisent pas le pays." "Les Français nous serons reconnaissants de la stabilité institutionnelle. C’est la première attente des habitants de nos circonscriptions", abonde le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques. Voilà les deux mamelles de LR. Un ministre de l’Intérieur populaire, conforté dans son action par François Bayrou lors de son entrée en fonction. Le Vendéen note en privé sa capacité à se "déployer" après la DPG du Béarnais, plutôt ferme sur l’immigration. La bonne tenue de la droite lors des législatives partielles - elle a récolté près de 16,77 % en Isère dimanche 12 janvier - conforte ses cadres dans leur conviction qu’il est utile de rester aux manettes. La droite assied enfin son image de parti responsable. "La priorité est de donner un minimum de stabilité", revendique Laurent Wauquiez. Ce soutien "exigeant" à François Bayrou est aussi choisi que subi. Il permet à la droite de se singulariser du RN, dépeint en agent du chaos depuis la chute de Michel Barnier. Mais la courte aventure du négociateur du Brexit lui a lié les mains pour l’avenir. "Difficile après avoir plaidé la responsabilité d’avoir l’air de se débiner", glissait un cadre LR avant la nomination de François Bayrou. La droite ne s’est pas "débinée". Avec des espérances modestes sur les gains à tirer de l’expérience Bayrou. | |
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Censure : la petite phrase que les insoumis ont dû enlever Dans une première version de son texte de la motion de censure, les députés LFI stipulaient noir sur blanc que tous ceux qui ne voteraient pas la censure seraient de facto considérés comme “des soutiens du gouvernement Bayrou”. Des mots à destination des socialistes, que Mélenchon rêve de bouter hors du NFP, qui négociaient un “pacte de non-censure” et quelques petites victoires de fond sur le budget. Sous pression des députés communistes et écologistes, les insoumis ont dû retirer la phrase. | > Retrouvez les indiscrets de L'Express |
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