Suffit-il, pour réduire drastiquement les émissions de carbone générées par les voitures individuelles, de rendre les transports en commun quasiment gratuits ? De plus en plus de pays semblent tentés par l’expérience. Avec des résultats encore contrastés. Avec 180.000 abonnements vendus, le « KlimaTicket » qui permet depuis l’an dernier aux Autrichiens d’emprunter, pour 3 euros par jour soit 1.095 euros par an, l’ensemble du réseau de transports en commun du pays, a largement dépassé les prévisions initiales. Mais les émissions de carbone liées aux transports ont tout de même continué d’augmenter de 4% l’an dernier dans ce pays. En Allemagne, le ticket mensuel à 9 euros pour se rendre n’importe où sur le territoire national, testé entre juin et août dernier, a séduit 52 millions d’habitants. Mais seulement un sur dix en a profité pour renoncer à sa voiture pour ses trajets au quotidien. Le gouvernement fédéral a tout de même décidé de prolonger la mesure. Mais avec cette fois un tarif porté à 49 euros. L’Etat est prêt à y consacrer 1,5 milliard. En Espagne, l’opération en cours jusqu’à fin décembre va jusqu’à accorder la gratuité, mais en la limitant aux lignes de trains « media distancia » et aux réseaux de banlieue circulant autour des grandes villes. C’est déjà mieux qu’en France, où les initiatives ne viennent que des collectivités locales. Chez nous, 38 villes ont fait le choix de la gratuité totale, comme Dunkerque et Calais, ou partielle, comme Montpellier ou Nantes. A Dunkerque, une étude a montré que 48% des nouveaux passagers des bus avaient abandonné leur voiture. Une réussite qui doit aussi beaucoup à l’amélioration de l’offre de transports. Pour nombre d’observateurs, c’est surtout ce type de mesures qui favorisera le changement d’habitudes. Quitte à les financer par des péages urbains pour les voitures. Et à réserver la gratuité à des publics ciblés. Le débat n’est pas tranché. Sachant qu’avec l’explosion des prix de l’énergie, on s’attend plutôt à une augmentation des tarifs des abonnements.